16 décembre 2005

L'amour des trois oranges


...à l'opéra Bastille, une des salles de spectacle les plus laides du monde.
C'est un opéra bizarre, très enlevé, joyeux, avec des danseurs, jongleurs, cracheurs de feu... Des parades, des géants, plein de gens sur scène, de belles images féériques (beaucoup plus féériques que la pesante "flûte enchantée" que nous avions vue l'an dernier). Mais à Bastille, le public est bien élevé, il n'applaudit pas trop.
L'histoire est drôle, invraisemblable, avec des personnages de commédia dell'Arte (le livret est inspiré d'une pièce de Carlo Gozzi). Ca bouge bien, on saute, on virevolte, et on oublie pas de chanter (en français, langue de création du spectacle !).
Les personnages s'appellent : le roi de Trèfle, Celio le mage, la Cuisinière Creonte, le princesse Ninette, Smeraldine, Truffaldino, Farfallo, Pantalon, et la Fata Morgana !


La Fata Morgana

La musique de Prokofiev est pleine d'énergie, faisant corps avec l'intrigue. Pas d'airs, pas de mélodie, pas de morceaux de bravoure, juste un rythme, une matière mouvante, puissante, qui est l'essence même de cette histoire onirique enfantine, pleine d'une jolie cohérence interne.

Le prince hypocondriaque

Parmi les très beaux instants, au début du 3ème acte, le mage Celio (une sorte de Mandrake un peu ridicule, avec smoking, gilet rouge, haut-de-forme, grand manteau noir) est seul dans une brume bleue magique, dans un cercle de lumière. La brume se déplace en vagues autour de lui, tombe dans la fosse de l'orchestre. Il appelle "Farfallo! Farfallo!", une sorte de démon... et crac! apparaît auprès de lui un double parodique de lui-même, gilet rouge qui tombe sur les cuisses et haut-de-forme de ramoneur... Un beau morceau de rêve.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire