25 juin 2007

The coming of Conan the Cimmerian

On pourrait croire que ça tourne pour moi à l'obsession pour les gros barbares musclés. Il y a un peu de ça, peut-être?
Je commente ici rapidement un livre que je n'ai pas fini de lire : le T1 (sur trois) de l'intégrale des aventures de Conan, dans l'édition Del Rey, elle-même une reprise de l'édition Wandering Star.
Tout d'abord, c'est pour moi la première occasion de lire Howard en VO. Jusqu'ici, je n'avais approché l'auteur que par les traductions, notamment celles de François Truchaud. Je dois beaucoup à ce dernier qui a su, par ses préfaces enflammées, faire partager sa passion et sa fascination pour Robert Howard. Mais, relecture faite récemment de quelques textes, j'avais tendance à trouver le style des histoires howardiennes un peu pâteux, du moins en français. Impression confirmée: en VO, Howard a un style tout a fait fluide, riche et incisif. Son sens du récit est exceptionnel et il est difficile, une fois une histoire commencée, de l'abandonner pour aller faire autre chose. La narration est efficace (on apprend uniquement ce qu'on a besoin de savoir), poétique et baroque quand il le faut (les scènes de bataille, notamment), prenant parfois les accents de la légende. Un vrai bonheur.
Cette édition présente les textes originaux (avant retouches par De Camp & Co), présentés dans l'ordre de rédaction, accompagnés de quelques brouillons, synopsis et articles critiques. Ce qui permet de voir mise en oeuvre la création, au fur des nouvelles, du monde hyborien et du personnage de Conan. Et cet aspect-là des choses est fascinant !
Pour le monde, on voit l'enrichissement progressif d'un décor, où Howard injecte de plus en plus de ses fantasmes historiques. Le monde hyborien a bien été créé pour cela : permettre à Howard de mettre en scène librement les rêves que lui inspiraient ses lectures historiques. En cela, le monde hyborien est un étonnant reflet (volontaire) de la perception du monde de l'auteur...
Quand au personnage : le Conan rêvé par Howard est un personnage profondément mélancolique. Les premières nouvelles nous présentent un personnage profondément conscient de l'absurdité du monde, toujours à deux doigts de noyer sa tristesse existentielle dans le vin et la bataille. Les textes ultérieurs tiennent cet aspect pour acquis, même si le lecteur attentif le ressent toujours. Je crois que c'est cette profondeur qui m'a toujours séduit, dans Conan. Au fond, dans toute sa puissance, Conan porte toujours le malaise de Robert Howard.
Parlons (un peu) des histoires, maintenant. Comme toujours chez Howard, on y retrouve un mélange d'images brillantes et d'idées conventionnelles, liés au genre de récit. Pour aimer Conan, il faut accepter ce cadre pulp de ses aventures.

The Phénix on the sword
pitch : Conan, roi d'Aquilonie, fait face à un complot visant à l'assassiner, impliquant dagues et monstrueuses invocations surnaturelles. La nuit sera longue.
Tout est centré autour d'un terrible combat nocturne. Le lion se défend, écrasé par ses assaillants. Un texte très puissant, malgré quelques longueurs pour la mise en place. Pour moi, la nouvelle Janua Vera (de JP Jaworsky) rend hommage à cette histoire.

The god in the bowl
pitch : Conan est encore un jeune homme, un voleur, dans une cité d'orient. Alors qu'il cambriole un palais, il se retrouve mêlé à une sombre affaire de meurtre politique.
Peu d'action, nombreux dialogues, l'occasion de mettre en avant la nature du personnage de Conan, face à différents portraits d'hommes "civilisés". La scène finale est exceptionnelle, de violence et de fantastique (Ah, ce masque qui se balance au-dessus du paravent...)

The Frost Giant's daughter
pitch : le jeune barbare, blessé, est l'unique survivant d'une embuscade, dans un décor enneigé. Une femme apparait, surnaturelle...
Un texte superbe, mythologique. La neige, le sang, la course... Feu du désir, froideur du givre... Sans doute ma nouvelle préférée de toutes les aventures du Cimmérien. Une splendeur.

The Scarlet Citadel
pitch : Le roi Conan est vaincu par ses ennemis et emmené en captivité, jeté dans des geôles profondes...
Une excellente histoire d'aventures. Là où d'autres auraient pondu un roman, REH écrit une novella hyper-rythmée, pleine de scènes géniales. Souterrains terrifiants peuplés de monstres lovecraftiens, rivalités de sorciers, batailles, intrigues politiques. Et Conan, jetant l'usurpateur du haut d'une tour, riant de ses ennemis, du peuple versatile, de lui-même...

Queen of the black Coast
pitch : Conan, mercenaire devenu marin par hasard (par erreur?) est séduit par Bélit, la reine de la côte noire, femme pirate ardente...
Encore une histoire riche, pleine d'aventures, laissant entrevoir nombre d'histoires jamais contées (combien de temps, en vérité, Conan reste-t-il auprès de Bélit?). L'histoire d'amour marche très bien, le texte comprend nombre de scènes puissantes (le rêve du lotus noir, Conan attendant les ennemis sur la pyramide...)

J'ai l'impression, avec ces premières histoires, d'avoir lu les meilleurs textes de la série (d'après mes souvenirs des textes français). La suite des mes lectures infirmera ou confirmera.
Avec ces lectures et mes relectures récentes, je commence à être persuadé que, au fond, Conan est ce que Howard a écrit de mieux. J'essaierai d'argumenter ça.

Suite des chroniques quand j'aurai lu un peu plus loin, si ça intéresse des gens...

1 commentaire:

  1. En espérant qu'il y a encore quelqu'un derrière ce Blog, c'est super, de n'être pas seul à avoir été marqué par l'univers de cet écrivain. L'idée de lire RE Howard en anglais devient, grâce à vous, interressante.
    Y aura-t-il une suite à vos remarques ?
    Super aussi le symbole du tarot
    A une prochaine

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