13 mars 2011

Noyau d'olive – Erri De Luca

A l'occasion de la quarantaine du désert je relis un très beau et très court livre de méditations biblique.





De Luca dit de lui qu'il n'est pas croyant (incapable de prier comme de pardonner) mais chaque matin il lit la bible dans le texte original, avec un regard extérieur, de passeur, de chercheur d'empreintes. Chaque matin, quelques vers, médités et gardés en bouche comme un noyau d'olive. De Luca est un homme de gauche (voire même de la gauche de la gauche), un écrivain engagé, sec et bref, austère, et ses lectures lui ressemblent. Elles me bouleversent car elles parviennent à faire toucher la force et le choc des textes bibliques. Il est écrivain, il connaît le sens des mots. Or l'hébreu est une langue pauvre et concrète, une langue de bergers et de nomades, et c'est par elle qu'est racontée la création du monde et la révélation de Dieu, ce qui rend, quand on retourne aux racines, la relation à Dieu extrêmement concrète, réelle, au ras du sol et du corps. De Luca nous laisse voir, dans le vocabulaire biblique, pourquoi la femme est devant et contre l'homme (et non pas derrière), en quoi le meurtre d'Abel est un crime passionnel, et le rapport entre ce nom d'Abel et le "vanité des vanités" de Qohelet/l'Ecclésiaste. Il fait goûter la saveur du Bereshit, le mot qui ouvre le bible, avant lequel rien n'existe, il rappelle comment l'histoire de Tamar la Cananéenne nous rappelle que le messie est un métis, un sang mêlé, et que la loi est faite pour servir l'homme, en quoi Babel est un don de Dieu aux hommes qui leur rappelle qu'il n'y a pas de centre.
Ses pages sur le Christ (qu'il appelle l'intrus) sont magnifiques, lues en écho des misères de notre temps. 

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