11 octobre 2014

La fille du capitaine – Alexandre Sergueivitch Pouchkine

1773, sous le règne de Catherine la Grande, dans l’Empire de Russie. Piotr Andréitch Griniov est fils de bonne famille, destiné à devenir officier de la Garde. Son père, pour l’endurcir, l’envoie faire ses armes et former sa jeunesse au fort de Belogorsk, loin, là-bas, vers le pays des Kirghiz… un endroit reculé mais paisible, paraît-il. Et le fort, au final, recèle un trésor : Maria Ivanovna Mironova, la fille du commandant de la place. Mais d’ici à ce que Griniov conquière le cœur de sa bien-aimée, il y aura un duel, une invasion de brigands menée par l’usurpateur Pougatchov, un siège, un enlèvement, des meurtres.
La fille du capitaine des un roman historique d’aventures. De l’action, des sentiments, de la romance, de la guerre, un héros falot au cœur plein d’honneur, une vierge pure et déterminée, un serviteur au cœur d’or, un traître, des bandits, des cosaques, des officiers, la neige, les traîneaux, les chevauchées, le suspense, les retournements de situation… Le tout en 160 pages, livre de poche. Là où d’autres auraient étalé 3 tomes, Pouchkine mène son récit d’une main de maître, sans un mot de trop, et sans sécheresse jamais. On y est : à Belogorsk, au siège d’Orenbourg, avec les Cosaques rebelles, dans les troïkas filant sur la neige. On rit, on tremble (parce que des personnages meurent, parfois de façon atroce), on galope, on s’amuse, on voudrait que ça dure toujours.
Pouchkine a la grâce du poète. Tout, chez lui, est élégant, drôle et vrai. Il touche juste, on s’attache à tous les personnages, même aux méchants, surtout aux méchants : Pougatchov est magnifiquement campé (Pouchkine lui a consacré un essai historique), bandit illettré généreux et fou, lancé dans une cavalcade insensée vers la mort.
Une chose qui pourrait vous faire ne pas aimer ce livre : c’est un livre russe. Avec des isbas, des icônes, des ivrognes, des pères sévères-mais-justes, une tsarine toute puissante, des personnages avec des noms patronymiques en –itch, des samovars, et la plaine immense. Si tout ça vous rend allergique, laissez tomber. Sinon, vous pouvez foncer, c'est génial.

« Votre Noblesse, accorde-moi une faveur ! Fais-moi servir un verre d'eau-de-vie; le thé n'est pas notre boisson à nous, Cosaques  ! »

PS : je l’ai lu dans la traduction française de Vladimir Volkoff. Je ne sais pas si elle est fidèle, mais le texte français est excellent.

Et un jour, peut-être, je parlerai ici d’Eugène Onéguine, un des meilleurs livres du monde.

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