02 avril 2015

Rosa, T1 - François Dermaut

Une lecture de BD, inspirée par l'ami Gromovar.

La France de la IIIème république, à la campagne. Rosa, une belle brune sérieuse, est mariée à Mathieu, bien plus vieux qu'elle et bien malade. Un soir d'ivresse dans la taverne que tient la jeune femme, les hommes du pays en viennent à parler de virilité, et à chercher à savoir qui parmi eux à le coup de rein le plus vigoureux. Querelle d'ivrognes, querelle d'honneur, cette bande imbécile fait de cette question l'enjeu d'un pari idiot. Les enjeux montent, des participants se joignent, mais qui pourra juger ? 
Rosa est ruinée, elle a besoin d'argent pour venir en aide à son mari, elle se propose dans le rôle de juge, acceptant les coucheries induites, mais à condition que les choses se fassent à ses conditions. Le livre raconte l'aventure bizarre de cette femme engagée sur un chemin hors des clous du conservatisme social ambiant. On devine qu'elle en paiera le prix, cher (ce n'est qu'un premier tome sur deux) et qu'elle y trouvera une certaine dignité et peut-être une forme de liberté ?

Je trouve très amusante la fraternité de sujet et de noms avec le Rosa de Maurice Pons, puisque dans les deux récits on a une tavernière fort jolie qui se retrouve à faire le bonheur des hommes, dans une société bien corsetée. Mais là où le récit de Maurice Pons est une fantaisie érotico-militaire (si, si) (et un chef d'oeuvre), le Rosa de Dermaut est un récit social et réaliste, pas dépourvu toutefois de caricatures ni d'humour.

Le récit est long, bien mené, avec des personnages bien plantés. Comme le dit Gromovar, on y retrouve l'atmosphère lourde et campagnarde de certains textes de Maupassant, cruauté comprise. Les personnages sont intéressants et se dévoilent plus ou moins, certains portant d'intéressants secrets.

Je suis toutefois plus réservé que lui sur certains points. Si le récit traite du sort d'une femme il me semble qu'il reste un récit d'homme, dimension érotique comprise - l'érotisme y étant entièrement dans le sujet, les scènes de lit ayant lieu, époque oblige, en chemise. Les passages en voix off de la narratrice, souvent lourds et explicatifs, sonnent un peu faux et réduisent l’ambiguïté. Qu'en penseront les lectrices ?

1 commentaire:

  1. Merci pour le lien et content que tu ais aimé.

    Nous avons en effet un désaccord. Je trouve que l'érotisme est neutralisé par la procédure stricte du concours et le sérieux que met Rosa à ce que ce soit une épreuve objective. Il n'y a pas de lâcher prise dans lequel l'érotisme pourrait se glisser.

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