29 novembre 2007
Comment produire une crise mondiale....
...avec douze petits dessins, par Jeanne Favret-Saada.
Personnellement, j'avais mal compris cette affaire des "dessins de Mahomet". Bien sûr, il y a eu les fureurs de la foule des pays musulmans, les drapeaux brûlés, les gens assassinés, la fièvre des débats, les opinions tranchées d'un côté ou de l'autre, mais je retiens surtout de tout ça l'impression d'une grande confusion, de quelque chose que j'avais mal compris. Comment avait-on pu en arriver là? Pourquoi cette affaire est-elle partie du Danemark, petit pays paisible dont au fond on ne sait pas grand chose?
Le livre de Jeanne Favret-Saada est une reprise de toute cette affaire. L'auteur est une ethnographe connue, qui a très rarement publié, mais des livres très marquants dans leur domaine (notamment les mots, la mort, les sorts). Pour ce dernier, elle a mené un travail d'investigation sérieux, engagé, et rendu compte de ses recherches dans ce livre court, au style limpide, donnant à comprendre les tenants et les aboutissants de cette étrange affaire. On y découvrira l'étonnante politique d'immigration danoise, une des plus libérales du monde. On apprendra dans quel cadre les fameux "12 dessins" (dont seulement quatre sont des caricatures...) ont été publié dans le premier quotidien du pays. On verra le jeu trouble exercé par un petit groupe d'imams fondamentalistes, les manipulations grossières de certains états musulmans, la diplomatie lénifiante de l'ONU et de l'Union Européenne... Un éclairage fascinant sur l'ordre du monde actuel, sur les enjeux des relations entre état et religion, sur la difficile défense de la liberté d'expression et des valeurs démocratiques...
On y apprendra surtout comment parler de cette affaire passionnelle, mêlant religion, civilisations et libertés, sans dire trop de bêtises. Ce n'est pas rien, par les temps qui courent.
26 novembre 2007
A very scary solstice
Pour rester dans le ton des notes liées à H.P. Lovecraft, je vous invite à découvrir ces chants de Noël adaptés par des cultistes fous et édités par la HPL historical society. Une preuve décisive que notre monde ne tourne pas rond et que R'lyeh va sortir des flots sous peu. Grand Cthulhu, tu peux venir, ils sont tous déjà devenus fous !
Pour écouter quelques extraits de ces chants merveilleux... et découvrir ce travail, heu, indispensable... Cliquez ici et perdez 1D6 points de SAN.
Pour écouter quelques extraits de ces chants merveilleux... et découvrir ce travail, heu, indispensable... Cliquez ici et perdez 1D6 points de SAN.
- Great Old Ones Are Coming to Town
- Freddy the Red Brained Mi-Go
- I'm Dreaming of a Dead City
- Tentacles
- It's the Most Horrible Time of the Year
- Demon Sultan Azathoth
- I Saw Mommy Kissing Yog Sothoth
- Silent Night, Blasphemous Night...
20 novembre 2007
Nid de coucou - David Calvo
Gondwanaworld, Gondwanaworld, je chante ton souvenir, ô terre de palmiers, terre d'imaginaire, l'alpha et l'oméga...
La voix murmure dans mes oreilles et moi je glisse dans la nuit, dans mon petit train bien chauffé, sur les plaines blanches qui s'éveillent, au coeur du pays jouet, le bunker du monde. Et je ne suis pas là.
Dans les terres d'avant le temps/d'après le temps, la glace se craquelle, une fissure s'élargit sous mes pieds, plus rien n'est sûr, tout bouge, vit, meurt. David Norville Calvo est parti à la recherche, vaine, du grand coucou dont le cri va manifester l'invisible, faire revivre... quoi, au fait? Le retour vers l'enfance ne peut être qu'un échec, l'explorateur le sait. Les rêves nostalgiques au rythme de cartoons ont changé de ton, brassés qu'ils sont dans la soupe mythique des glaces fondantes du pôle sud. La quête de la Jabule est un témoignage et une prophétie, la révélation douloureuse de qui il est, de qui nous sommes (un peu).
Dans les glaces mouvantes, tout au fond de ce puits qui se nomme parfois David Calvo, il y a...
Peter Pan, Stevenson, des pirates, des îles, Los Angeles, Sinatra, des royaumes de nuages, des bonshommes de neige, les montagnes hallucinées, les murs de Troie, Marseille (et derrière Marseille, les colonnes ioniques des temples engloutis...), et l'île aux enfants, et derrière encore, des formes sans nom, des noms sans formes, douces, molles, fourreuses, chaudes...
Et tout derrière, un adulte parfois lucide, cet enfant avec un canon de M60 dans la bouche.
Welcome !
PS : Nid de coucou, de David Calvo, est édité aux moutons électriques. A vos risques et périls.
La voix murmure dans mes oreilles et moi je glisse dans la nuit, dans mon petit train bien chauffé, sur les plaines blanches qui s'éveillent, au coeur du pays jouet, le bunker du monde. Et je ne suis pas là.
Dans les terres d'avant le temps/d'après le temps, la glace se craquelle, une fissure s'élargit sous mes pieds, plus rien n'est sûr, tout bouge, vit, meurt. David Norville Calvo est parti à la recherche, vaine, du grand coucou dont le cri va manifester l'invisible, faire revivre... quoi, au fait? Le retour vers l'enfance ne peut être qu'un échec, l'explorateur le sait. Les rêves nostalgiques au rythme de cartoons ont changé de ton, brassés qu'ils sont dans la soupe mythique des glaces fondantes du pôle sud. La quête de la Jabule est un témoignage et une prophétie, la révélation douloureuse de qui il est, de qui nous sommes (un peu).
Dans les glaces mouvantes, tout au fond de ce puits qui se nomme parfois David Calvo, il y a...
Peter Pan, Stevenson, des pirates, des îles, Los Angeles, Sinatra, des royaumes de nuages, des bonshommes de neige, les montagnes hallucinées, les murs de Troie, Marseille (et derrière Marseille, les colonnes ioniques des temples engloutis...), et l'île aux enfants, et derrière encore, des formes sans nom, des noms sans formes, douces, molles, fourreuses, chaudes...
Et tout derrière, un adulte parfois lucide, cet enfant avec un canon de M60 dans la bouche.
Welcome !
PS : Nid de coucou, de David Calvo, est édité aux moutons électriques. A vos risques et périls.
13 novembre 2007
Expo Lovecraft à la maison d'ailleurs
Amusante idée d'exposition à la maison d'ailleurs d'Yverdon-les-gouffres, pour célébrer les 70 ans de la mort de Howard Philips Lovecraft : faire illustrer par des gens venus de nombreux horizons les extraits du "livre de raison" de HPL, ce carnet de notes dans lequel il couchait des idées d'histoires (on peut trouver ces textes dans le tome 1 de l'édition Bouquins dont j'ai déjà parlé).
Prenons par exemple l'entrée 110 : Ruines cyclopéennes antédiluviennes sur une île solitaire du Pacifique. Centre d’un culte de sorcellerie clandestin, répandu dans le monde entier.
Ca peut paraître être le pitch d'un mauvais roman d'aventures. Et HPL en fera une incroyable et célèbre nouvelle (le premier à en coller le titre dans les commentaires gagne le grand prix de notre concours...)
La présentation de toutes ces idées de textes cache la richesse de l'univers personnel de l'auteur, qui est naturellement implicite dans ce genre de carnet de notes.
Les illustrateurs étant nombreux, on en aimera certains, on sera indifférent à d'autres. J'ai été tout à fait séduit par les expérimentations très sobres de Mix & Remix et par les images glacées de Marc Da Cunha Lopez, dont le réalisme correspondait bien avec la précision froide des textes de HPL.
Je ne peux bien sûr pas citer tout le monde, mais j'encourage les amateurs à acquérir le catalogue, un très beau livre, formet semi-poche, très bien fait et pas trop cher, vu la qualité des images reproduites.
Prenons par exemple l'entrée 110 : Ruines cyclopéennes antédiluviennes sur une île solitaire du Pacifique. Centre d’un culte de sorcellerie clandestin, répandu dans le monde entier.
Ca peut paraître être le pitch d'un mauvais roman d'aventures. Et HPL en fera une incroyable et célèbre nouvelle (le premier à en coller le titre dans les commentaires gagne le grand prix de notre concours...)
La présentation de toutes ces idées de textes cache la richesse de l'univers personnel de l'auteur, qui est naturellement implicite dans ce genre de carnet de notes.
Les illustrateurs étant nombreux, on en aimera certains, on sera indifférent à d'autres. J'ai été tout à fait séduit par les expérimentations très sobres de Mix & Remix et par les images glacées de Marc Da Cunha Lopez, dont le réalisme correspondait bien avec la précision froide des textes de HPL.
Je ne peux bien sûr pas citer tout le monde, mais j'encourage les amateurs à acquérir le catalogue, un très beau livre, formet semi-poche, très bien fait et pas trop cher, vu la qualité des images reproduites.