Tout d'abord, un grand étonnement : comment se fait-il que cet auteur, un des plus talentueux que je connaisse, ne soit pas riche et reconnu? Il est publié dans l'excellente collection Lunes d'encres, mais il mériterait d'être connu bien au-delà du cercle des amateurs de genres, quels qu'ils soient. Utilisant parfois des ressorts du fantastique (le Prestige, le Glamour), de la fantasy (la fontaine pétrifiante) ou de la science-fiction (les extrêmes, la séparation, une femme sans histoire), l'oeuvre récente de Priest ouvre surtout des perspectives vertigineuses sur la perception, la réalité, l'écriture, l'humain.
Priest écrit avec un style un peu froid, amusé et parfois amusant. Ses personnages sont faciles d'accès, ses histoires commencent souvent dans l'Angleterre contemporaine, avec un sens très juste de la situations sociale, sentimentale, de ses personnages. On y croit. Pour un peu, on serait presque dans un roman français contemporain qui se prend la tête sur la vie sexuelle et artistique de l'auteur-narrateur... Mais attention, les choses ne vont pas rester aussi rassurantes longtemps. Chez Priest, deux récits du même évènement par deux personnes peuvent être radicalement différents et laisser entrevoir l'étrangeté même de la réalité. Le monde se déplie dans sa complexité, ce qui a été, ce dont nous nous souvenons, ce qui aurait pu être... La perception tremble, devient floue, nos assurances vacillent, on se laisse prendre par l'angoisse et la fascination.
Christopher Priest n'est pas un auteur de romans de genre (même si ses romans se rattachent vaguement à certains genres), ni un auteur de romans de distraction (même si ses romans sont distrayants). Il ouvre des portes sur le monde, il laisse entrevoir la nature réelle des choses. C'est un écrivain.
Et le Glamour, dans tout ça?
C'est un roman Priestien, qui correspond à tout ce que viens de dire. Je sens en permanence le sable se dérober sous mes pieds. C'est un vertige. J'ouvre les yeux, et je vois tout ce que je ne vois pas. L'invisible se dévoile. Ou est-ce moi qui suis fou?
Je n'en dirai pas plus. Pas envie de vous gâcher le plaisir. Ne lisez même pas le quatrième de couverture. Lisez Priest.
Moi qui viens récemment de découvrir Priest avec Le prestige (merveilleux !!) ça me donne plus qu'envie là !
RépondreSupprimerJ'y pense... J'ai oublié de dire dans ce billet que j'ai chroniqué d'autres oeuvres de Priest (ou liées à Priest):
RépondreSupprimerLa fontaine pétrifiante
Le Prestige (le film)
La séparation
Toutes sont éminemment recommandables.
J'ai adoré lire Le Glamour... l'écriture fluide (merci au traducteur?) de Priest fait que l'on se concentre sur l'essentiel : l'intrigue et la perception qu'on a (doit en avoir..)
RépondreSupprimerPar contre, très déçue par (le "deus ex-machina" de) la fin.