31 mars 2010

Vous ne savez pas qui je suis, j’en ai peur

Mademoiselle Belle
donne son salut à Monsieur de K.
Le 6ème jour du 2ème mois mois de Samma

Monsieur,
Vous ne savez pas qui je suis, j’en ai peur et je le regrette sincèrement croyez-le. Toutefois j’ai moi-même l’honneur de vous connaître quelque peu... j’ai lu vos livres.
Aussi, je me sens l’obligation de porter à votre connaissance un fait qui ne manquera pas d’éveiller votre intérêt.
J’ai appris, il y a peu, une affaire vous concernant ainsi que Mademoiselle C* qui pourrait vous causer quelques ennuis au cas où Monsieur ou Madame C* viendraient à en prendre connaissance.
Cela serait pour tous une chose regrettable, je vais donc tenter d’endiguer tout début de rumeur à ce sujet et j'aurai ainsi la grande joie de vous avoir rendu un service. Peut-être aurez-vous la gentillesse de bien vouloir m'aider à votre tour ?
Trouvez-vous je vous en supplie demain aux environs de trois heures à la fontaine aux trois lions du parc de Madame de Cythère. La porte à l'opposée de l'entrée principale sera ouverte, la fontaine en est toute proche.
Et puisque vous ne sauriez faillir, permettez-moi déjà de vous remercier.


Mademoiselle Belle








Mademoiselle Belle est un récit publié en 1999 dans l'anthologie Légendaire, chez Mnémos, et c'est également ma première nouvelle publiée. Ce récit de fêtes galantes, de sexe et de rêves a une histoire particulière. Avant de devenir un récit écrit, ce fut d'abord une histoire de jeu de rôle. J'ai tendance personnellement à me méfier des histoires de jeu devenues des récits littéraires : le jeu de rôle offre un grand plaisir, l'occasion de partager avec des proches des moments uniques. Mais ce qui fait le charme des histoires de jeu ne passe généralement pas une fois fixé sur le papier, pas sans une forte dose de travail en tous cas. Mademoiselle Belle a connu de nombreuses versions et les lecteurs de la version Mnémos, s'ils reconnaîtront l'intrigue, entendront dans le récit ici offert de nombreux changements de détails. Par exemple, quasiment tous les personnages ont été renommés (la fantasy est un art des noms, que la plupart des auteurs ne maîtrisent pas, j'en fais partie).
L'enregistrement du texte m'a fait d'ailleurs percevoir encore de nombreuses scories, aussi bien stylistiques que narratives, certaines étant les traces de l'aspect "joué" de l'histoire. J'en ai enlevé tout un sac, il en reste encore, que l'on veuille bien par avance me les pardonner.
Les lecteurs curieux apprendront aussi que je ne renonce pas à écrire d'autres aventures de Jaël de Kherdan. On verra bien où il se retrouvera, la prochaine fois...


Ici, la page du recueil aux éditions Mnémos.
Une page consacrée à Jaël, sur le site de l'auteur.


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Télécharger l'enregistrement en mp3.



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30 mars 2010

Podcast et grandes questions


Ce billet s'adresse à vous directement, lecteurs et auditeurs de ce blog. Voici deux mois environ, j'ai commencé une activité à laquelle je songeais depuis longtemps : diffuser des enregistrements de textes lus sous forme de podcast. Disons que je me pose, comme beaucoup, des questions sur la diffusion des livres, des fictions, du travail des auteurs qu'ils soient dans l'imaginaire ou ailleurs et que je voulais expérimenter quelque chose de nouveau.

D'un point de vue personnel, l'expérience est enrichissante : je lis à haute voix depuis longtemps, toutes sortes de textes, pour des publics plus ou moins intimes, et je croyais savoir m'y prendre. Se retrouver seul face à son petit micro est une autre affaire et j'ai été surpris de la quantité de travail à fournir pour obtenir un résultat acceptable. J'espérais pouvoir assurer une publication d'un quart d'heure par semaine, ce qui me semblait peu ambitieux, et j'ai revu un peu mes plans : je n'arriverai pas à tenir se rythme. Deux publications de ce type par mois (la régularité me semble importante) forment déjà un objectif qui n'est pas évident à atteindre.

Je pensais aussi alterner, d'une fois sur l'autre, des textes personnels et des textes d'auteurs que j'apprécie et dont je pourrais obtenir les droits. J'ai du mal à juger de la pertinence de cette idée.

Parmi les projets en cours, j'aimerais publier une version audio d'une novella, publiée il y a longtemps, et appellée Mademoiselle Belle, une aventure onirico-érotique, excursion dans une fête galante XVIIIème pleine de cauchemars. La nouvelle faisant plus de 100 000 signes, l'enregistrement me prend un certain temps.

Je me pose d'autres questions et je vous invite à m'aider à y répondre, chers lecteurs, en allant remplir le petit questionnaire en bas de ce post (ou au bout de ce lien si vous lisez ce blog de manière indirecte), qui m'aidera à améliorer les productions sonores de ce blog ou qui me convaincra de les arrêter, suivant ce qui vous paraîtra mieux pour l'avenir de la planète.


Merci pour votre attention. Nous reprendrons bientôt le cours habituel de nos émissions.


26 mars 2010

Muselaar et Spinetta

J'aimerais écrire un texte où je puisse placer ces deux mots, muselaar et spinetta, pour le simple bonheur de leur sonorité. Le muselaar, comme la spinetta, sont des instruments de musique de la famille du virginal, ancêtres du clavecin, utilisés notamment au XVIème siècle. Ils sont le témoignage de cette époque encore nomade : bien qu'assez volumineux, ils sont dépourvus de pied et se jouent donc posés sur une table. Leur caisse est toute décorée, peinte, la rosace est sculptée avec délicatesse, l'intérieur du rabat offre une scène mythologique : les regarder est un enchantement, les entendre en est un autre.

un muselaar


une spinetta


C'est la chance que nous avons eue, avec Cecci, en assistant il y a une semaine au récital Danse Macabre de Patrick Montan, à Romainmôtier. Malgré son titre, ce récital n'avait rien de triste : il s'agissait d'une suite de morceaux de danse, pavanes, gaillardes et courantes, composées à l'occasion du décès de personnages importants de l'Angleterre élizabethaine. La Danse Macabre a son protocole : venait en premier le Roi, puis la Reine, puis l'archevêque de Canterbury, puis les nobles messieurs et dames, en ordre d'importance décroissante, le tout se concluant par un memento mori.
Ce répertoire, peu connu je crois, est un régal à entendre. Les morceaux exécutés, de John Bull, William Byrd, Giles Farnaby, Orlando Gibbons, Jan Pieterszoon Sweelinck et Thomas Tomkins, étaient des petits bijoux de complexité, d'inventivité rythmique et mélodique. Le muselaar et la spinetta, utilisés alternativement, leurs gammes étant un peu différentes, ont un son étonnamment puissant, dont on imagine qu'il pouvait accompagner les danses de ces messieurs et dames de la cour anglaise de la Renaissance. Les morceaux eux-même ne cessent de surprendre, partant là où on ne les attend pas, stimulant avec joie l'attention de l'auditeur. Même un auditeur ignare et épuisé par une dure semaine comme je l'étais peut profiter de cette musique qui, tout en étant savante, reste tout à a fait accessible.
Je serais injuste en oubliant le talent de l'interprète, dont le toucher énergique et précis donnait à cette musique toute la vigueur qu'elle méritait.
Ce concert a été l'occasion de beaux rêves éveillés sur une de nos périodes historiques préférées, la seconde moitié du 16ème siècle, avec quelques souvenirs de notre longue campagne de Te Deum...

Ce récital sera exécuté de nouveau en Suisse, selon mes informations, peut-être à Bâle à la Totentanz Kirche. A bon entendeur !

04 mars 2010

La veille encore, ils avaient pendu un prisonnier

La veille encore, ils avaient pendu un prisonnier.
Pas fusillé : pendu. Ainsi, dans cet îlot cerné par la mer, où le soleil faisait éclore la pierre, et la pierre des arbres aux grappes de fleurs, et les fleurs des abeilles, dans cet îlot de miel et de liège, où chaque village respirait la pêche et la barque et les filets et les algues primitives, où les villages portaient des noms frustes d'arbres ou de poissons, ainsi croyaient-ils apporter, au bout de leurs cordes, les raffinements séculaires de leur cérémonial.






Les habitués de ce blog connaîtront déjà l'affection que je porte à l'oeuvre de Maurice Pons. A l'ombre d'un bouleau, la nouvelle lue ici avec l'aimable autorisation de l'auteur et de l'éditeur, est assez représentative du ton des textes de monsieur Pons. On la retrouvera à côté d'autres textes ironiques, fantastiques et doux dans le recueil Délicieuses Frayeurs.

Ici, la page du recueil aux éditions du Dilettante.
Ici, quelques mots sur Rosa, la belle tavernière de Wasquel'ham.
Et là, sur le passager de la nuit (le seul livre qui me donne envie de conduire, moi qui déteste ça)
Et là enfin, on parle de Rosa encore et surtout des Saisons.

Lisez Pons !


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