Chien du heaume est un récit vendu comme une quête un peu gore dans un Haut Moyen Age historique. Chien du heaume est le nom (moitié hommage, moitié insulte) donné à une femme mercenaire armée d'une hache. Elle est petite, laide et n'aime pas qu'on la provoque. Elle tue ceux qu'on lui dit de tuer, pour pouvoir manger, le monde n'est pas très aimable ma bonne dame. Dans Chien du heaume, l'hiver est froid, les nuits sont dures, la forêt est un monde de ténèbres humides où l'on ne pose les pieds qu'avec hésitation. L'évocation du moyen-âge est loin des clichés aimables, on est plutôt ici dans une version glacée et désespérée de l'époque.
Tout cela je le savais avant de lire le livre et de fait, le livre tient ses promesses de froid de désespoir et de violence. Mais au fond, le sujet n'est pas là. Car dès le troisième chapitre, Chien se trouve un ami/protecteur, un maître qui la nourrit dans son château des brumes. Et là le roman, tout en gardant les teintes évoquées précédemment, bascule dans une curieuse douceur. Certes, on y voit des guerriers couverts de fer, un tueur au masque de Salamandre, des représentants d'anciens peuples battant le tambour dans des forêts humides. Mais le maison où se réfugient les mercenaires sans visage, où le Seigneur Sanglier enferme son épousée/enfant de neuf ans, où le forgeron Regehir conte et se lamente et bat le fer dans les ténèbres, cette maison devient pour Chien et le lecteur un refuge, un cocon dont on ferme les portes face à l'hiver, dont l'on cherche l'ombre en été. L'espace d'une enfance, d'une gestation, d'une transformation, et c'est là l'aspect le plus intéressant du livre.
Chien du heaume n'est pas un roman parfait. C'est un livre sincère, prenant, avec sa propre musique, qui ouvre plus de portes qu'il ne suit de chemins. Certaines scènes sont des ébauches, certaines situations ne sont pas développées autant qu'elles pourraient. Sa sincérité fait sa force. Une chanson née de l'angoisse, du malaise, d'envies de violence, d'amour et de douceur.