Je me suis fait offrir ce livre, lu avec une grande curiosité. Il y est question de Furcy, esclave d'origine Indienne à l'Ile Bourbon (la Réunion) au début du XIXème siècle. L'homme (qui n'a pas de nom de famille, comme tout bon esclave) découvre que son esclavage est indu : sa mère était libre, il est donc né libre. Il intente donc un procès à son propriétaire pour se voir reconnaître officiellement libre.
Mohammed Aïssaoui raconte ce procès, de 1817 à 1843, les pressions des esclavagistes, la volonté opiniâtre d'un homme qui ne veut pas renverser l'esclavage mais juste voir reconnaître ses droits.
Deux choses fascinantes dans ce récit : les extraits de textes d'époque, notamment les petites annonces de ventes d'esclaves ou les documents d'héritage. Liste de meubles, argenterie, esclaves. J'aurais dû le savoir, ça fait mal de le lire... L'autre chose, l'idée la plus importante : il n'y a pas presque d'archives sur Furcy. S'il n'avait pas intenté ce procès, si personne ne s'était penché sur son cas, personne n'aurait jamais rien su de son existence. Il n'y a pas de documents, juste le silence... Le livre contient un très beau passage sur l'importance des papiers pour les personnes illettrées. C'est grâce aux papiers conservés par sa mère que Furcy mènera son combat.
Pour le reste, l'auteur n'est pas historien mais romancier. Comme il l'explique par de fastidieuses digressions, il a voulu combler par la fiction les trous des archives... Mais autant les textes d'époques sont frappants, autant les passages de fiction sont faiblards, écrits sans grande inspiration et surtout sans audace. Comme si le romancier, pour dire la vérité des êtres et des choses, devait coller à ce que nous savons des faits...
En bref, un bon sujet, de bonnes intentions, mais pas un bon livre.