Les lecteurs de ce blog le savent peut-être, je suis un grand amateur de cirque. Depuis les gros barnums, façon Knie, jusqu'aux compagnies intimistes et auteurisantes comme les Colporteurs d'Antoine Rigot. Nous sommes hier allés voir le dernier spectacle du cirque Starlight.
Cette compagnie a un positionnement curieux et intéressant : à la fois ancienne famille circassienne (façon Knie, Gruss, etc.) et positionnement "nouveau cirque" : pas d' animaux, spectacle très mis en scène tentant de se détacher du défilé de numéros sur grosse musique de foire.
Le metteur en scène actuel (Stefan Hort) travaille avec eux depuis trois saisons. On se souviendra peut-être que j'avais beaucoup aimé leur Balchimère, il y a deux ans. Le spectacle de l'année dernière (Aparté) n'avait pas été chroniqué ici : bien que très intéressant, j'en étais ressorti avec une furieuse envie d'aller me noyer dans le lac, tant il était mélancolique.
Avec Entresort, Starlight renoue avec quelque chose de plus gai. Thématique de baraques de foire de la belle époque, costumes de bric et de broc, figures mal fagotées, monstres amoureux, petites danseuses cruelles. Le spectacle ne se départ pas d'une certaine mélancolie, la musique rappelle parfois les valses tristes de Yann Tiersen, la mort elle-même traverse trois fois le plateau, sans s'arrêter heureusement. Certains des numéros présentés sont magnifiques (Anna Abrams à la corde lisse, ou le jongleur Brian Dresdner, plein d'énergie et de lumière), effrayants tant ils sont impressionnants (la contorsionniste Annaëlle Molinario, en femme-serpent-araignée, on était presque dans Freaks). Le spectacle dégageait une atmosphère bizarre et assez transgressive, avec son maître de cérémonie travesti (le très beau mime Ferkel Johnson), son couple féminin au cadre fixe et Christopher Gasser transformé en chien par une déception amoureuse. Le tout se concluant par une magnifique numéro de trampoline, avec ses moments de grâce suspendue, donnant l'impression d'inverser le cours du temps.
Le spectacle a ses lenteurs, ses images étranges, des déviances sur des chemins de traverse, qui m'amènent à sa principale limite : malgré le côté troupe itinérante et gros show, et bien qu'il ne comprenne aucune image "choquante", Entresort risque de dérouter les enfants. Les deux jeunes spectatrices qui nous accompagnaient (6 & 5) ont trouvé ça un peu long et ont eu du mal à maintenir leur attention, notamment durant la deuxième partie.
Ca n'en reste pas moins un superbe spectacle, un grand shoot de rêves.
photos (c) Felix Imhof & John Pertwee
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