Ce billet fait suite à celui-ci.
Voici comme promis quelques idées pour faire tourner la
campagne d’une façon plus conforme à mes goûts.
Car si l’approche pulp ne me convient pas (c’est un
« genre » qui ne me plaît tout simplement pas), je continue à rêver
en lisant les livrets, avec l’envie d’en faire quelque chose. Mais quoi ?
A la base il y la nouvelle Nyarlathotep. Je n’ai pas toujours été un grand fan de Lovecraft,
un auteur que j’ai découvert, comme beaucoup, via le JdR. Je l’ai lu à peu près
en même temps que ma première édition de l’Appel de Cthulhu et ces textes
verbeux et chargés d’adjectifs ne m’avaient pas convaincu du tout (mon
appréciation a changé, on pourra le voir ici). Mais j’ai
tout de suite aimé Nyarlathotep, son
style prophétique et ses visions de fin du monde (je m’en suis d’ailleurs
inspiré pour un texte personnel).
Le texte de la nouvelle est fourni avec la campagne et la
nouvelle elle-même est en quelque sorte l’horizon du récit : ce qui arrivera si les investigateurs
échouent. Mais je rêve d’exploiter un peu mieux le personnage de
Nyarlathotep : après tout c’est le seul des monstres lovecraftiens à
marcher parmi les hommes…
Attention, suite à cette ligne, il y aura de nouveau des
spoilers.
Pourquoi ne pas alors exploiter l’excellente idée utilisée
par Tristan Lhomme dans sa série de scénarios Etoiles Propices des Casus Belli nouvelle (nouvelle nouvelle)
édition, numéros 1 à 3 : Nyarlathotep est là, l’homme étrange fascinant
les foules marche dans le monde.
Imaginons qu’en 1925, un gourou venu d’Egypte, surfant sur
la vague de l’égyptomanie, fasse la tournée des grandes villes du monde
(occidental) en promouvant un discours étonnant, mêlant science, tradition
millénaire et formation d’un homme nouveau. Une voix promettant la libération
des anciennes contraintes (le temps, les vieilles sociétés…), des corps musclés
et bronzés, une forme d’amour libre, la puissance du savoir… Un mouvement qui
aurait pu être illustré par les folies futuristes et l’art fasciste. Ce
mouvement transnational et transreligieux s’appellerait la Société de l’Ankh. Et son gourou se nomme bien sûr Nyarlathotep.
Participer aux réunions de l’Ankh, écouter les discours du maître rend les gens
meilleurs, plus libres, plus forts. Le livre du maître, les fontaines du
savoir, a été traduit en quarante langues. Des antennes de la Société de l’Ankh
se sont installées partout dans le monde. Je vois cette secte un peu comme
celle d’Ami, dans 20th century boys.
Si le plan de N réussit, elles seront une structure de
renversement du monde. S’il échoue, tout cela sera vite oublié parmi les
nombreux mouvements spirituels étranges que les années 20 ont porté.
Dans l’entourage des PJs, beaucoup sont acquis à l’Ankh. Une
partie de l’aventure pourrait alors consister à tenter de trouver des liens
(pas évidents) entre la société de l’Ankh et les cultes bizarres. D’autant que la
propagation de cette société, née en Egypte, fondée au Kenya, semble suivre à l’envers
les traces de l’expédition Carlyle…
Cédric Ferrand disait sur un réseau social qu’il avait
associé étroitement ses PJs aux membres de l’expédition, pour faire de
l’aventure la quête de proches disparus. J’avais un peu la même idée. Et
d’ailleurs, pourquoi ne pas faire d’Erica Carlyle un personnage joué ? Bien
sûr, cela pose quelques soucis : par exemple, peut-on faire commencer le
récit en 1920 avec la première enquête sur la mort de Carlyle ? A moins
qu’Erica n’ait alors été trop jeune pour y assister et que l’enquête ait été
menée par un tuteur, justement mort en 1925, alors qu’Erica atteint sa majorité
et prend la tête de ses affaires… Mais en voilà une au moins qui dispose d'un puissant motif, et de moyens pour payer les billets de paquebot.
Une dernière chose : l’histoire repose beaucoup sur l’enquête
de Jackson Elias, ce qui est une bonne idée. Mais Elias a-t-il été le premier à
se faire tuer par un culte lié à N ? Lui-même n’aurait-il pas suivi les
traces d’un ou de plusieurs autres ? Ces mentions et ces traces pourraient
servir à en rajouter dans la peur et l’inquiétude. Qu’on sente bien que tous
ceux qui s’intéressent à ces drôles de religions minoritaires finissent mal…
(à suivre si viennent de nouvelles idées)
Nyarlathotep, Rotomago et Julien Noirel, 2007 |
Comme toujours j'aime bien suivre tes cogitations rolistiques.
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