Suite des mes chroniques de bandes dessinées, celle-ci ayant été conseillée par l'ami Léo H. qui a guidé mes lectures dans ce domaine.
Mauvais genre part d'une anecdote tragique issue de la Grande Guerre : Paul et Louise sont amoureux, ils viennent de se marier et Paul part au front. Là-bas, il assiste à des horreurs, perd un doigt, est envoyé à l’hôpital et décide de déserter, planqué par Louise.
Mais à vivre dans une chambre d'hôtel glauque, on devient fou, malgré l'amour de Louise et la mandoline. Alors une idée folle vient aux tourtereaux : et si Paul s'habillait en femme ? Bien sûr, il ne s'agira pas seulement de porter une robe, mais aussi d'apprendre s'épiler; apprendre de nouvelles attitudes, voire travailler en tant que femme. Tant que durera la guerre et durant les années qui suivront, tant que les déserteurs ne seront pas amnistiés...
Servi par un dessin léger et dansant, Mauvais genre n'est pas seulement le récit d'une anecdote étrange ou d'un fait-divers. C'est surtout le récit d'une découverte, d'une prise de liberté. L'image qui m'a le plus ému est celle du sourire de Paul qui, ayant enfilé la robe rouge une première fois, redécouvre la rue et le monde. A s'engager dans une vie de femme, Paul,et Louise avec lui, se retrouveront sur des chemins de traverse qui les emmèneront loin de la vie à laquelle leur classe sociale et leur naissance les destinait.
Par son récit, son dessin, l'auteure évoque très finement le corps, ses pesanteurs, ses odeurs, ses fluides, ses contraintes, ses jouissances. Et même si l'histoire se termine mal (on le sait dès les premières pages), je retiens surtout les sourires, la joie de cette liberté conquise contre la société et contre le monde.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire