Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai une relation particulière avec Florence Magnin. J’ai découvert son travail à travers les couvertures de la série Ambre de Roger Zelazny. Et pour moi, l’imaginaire d’Ambre a toujours été associé à son univers graphique, au point que les illustrations américaines autour de la série m’ont toujours beaucoup choqué. Puis j’ai aimé des illustrations pour Rêve de Dragon chez Multisim, lu ses BDs avec Rodolphe, que j’aime beaucoup, tout particulièrement Mary la noire. Son tarot d’ambre est, des quelques tarots que je possède, mon préféré. Et, ce n’est pas la moindre des choses, quand mon premier roman est paru, Stéphane Marsan m’a proposé spontanément de Florence Magnin en fasse la couverture. Sachant que plusieurs éléments de ce roman puisaient leur inspiration dans son travail, j’avais été enchanté.
Venons-en à Mascarade. Première chose, je l’ai trouvé dans les rayons jeunesse de la bibliothèque publique et selon moi il n’avait rien à faire là. Malgré la douceur du dessin, les tons doux typiques de l’oeuvre de la dessinatrice, le fait que l’histoire mette en scène des enfants et des contes. Le récit fait peur et s’adresse je pense plus aux adultes qui ont été des enfants qu’à ces derniers directement.
Il y est question d’une jeune fille de onze ans, en vacances avec sa mère dans une maison de location. De sa découverte d’une légende locale sur le pouvoir des masques qu’on portrait traditionnellement lors des fêtes. De ses plongées dans le monde des rêves et des contes, déployant toute leur cruauté. L’histoire brasse large : contes de fée, fin de l’enfance, présence des monstres dans nos rêves, dans nos vies. On lorgne parfois vers Lovecraft, tendance contrées du rêve, parfois vers le Tournier du roi des aulnes. On est surtout, tout le temps, dans l’univers de Florence Magnin. Mascarade réussit le tour de force de rassembler dans un même récit et d’une manière cohérente et personnelle tout ce qui fait l’univers de l’artiste. Dieux étranges dans les bois, châteaux enchantés, pantins et poupées, reflets de lune, paysages enneigés, fantômes doux, pirates stylés, robes étranges, labyrinthes… Tout y est, en toute cohérence, comme si l’oeuvre de plusieurs décennies se révélait. J’ai été ébloui.
Merci à Benoît Felten de m’avoir donné envie de découvrir ce livre.
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