Sandro Suskind est compositeur. Il a grandi dans une ville bombardée par l'ennemi et grandi dans un pays pressuré par une dictature militaire. Sur l'horizon, visible de ses fenêtres, des îles qui, selon la dictature, n'existent pas: les îles de l'Archipel du Rêve, sur lesquelles il finira par faire une étrange tournée, au détriment de...
L'inclinaison (The gradual, en V.O.) est le troisième livre d'affilée que Christopher Priest consacre à l'Archipel. Il forme un élément d'une collection interne à l’œuvre de l'auteur, après le recueil de nouvelles éponyme et de l'excellente Fontaine Pétrifiante. Loin de l'expérimentation formelle des Insulaires (le récit en est simple et direct, à sa façon toute priestienne) et de l'angoisse étouffante de l'Adjacent, l'inclinaison développe cette émotion particulière de l'errance sur les navires et des découvertes de l'Archipel, qui faisait le charme tout étrange de la Fontaine pétrifiante. A travers les allers et retours du temps, la dérive douce du personnage principal a quelque chose de langoureux, comme une drogue un peu amère mais dont on ne saurait se passer. Les angoisses physiques et sexuelles des autres livres de Priest sont moins présentes, l'auteur nous fait partager une dérive agréable, placée sous le signe du temps et de la création.
L'inclinaison est un livre d'évasion, évasion de l'auteur, évasion du lecteur. Je n'ai pas encore trouvé le chemin pour accéder aux îles sans nombre de l'Archipel du Rêve, espace réaliste où se mêlent le subjectif et l'objectif, le temps personnel et le temps perdu. Je ne sais pas où on achète des billets pour la traversée, mais je ne désespère pas de trouver.
"Loin de l'expérimentation formelle des Insulaires (le récit en est simple et direct, à sa façon toute priestienne) et de l'angoisse étouffante de l'Adjacent"
RépondreSupprimerC'est ce que je regrette, l'abandon de cette nouvelle manière : des chapitres indépendants où circule cependant une même histoire (surtout l'Adjacent)
Le procédé des insulaires ou de l'adjacent ne peut pas être reproduit à toute une série de livres, ce serait lassant. Ce qui fait la force de ces deux livre est que la forme en dit plus sur leur contenu réel que l'histoire qui y est racontée.
SupprimerOn peut même dire ça de l'inclinaison.
- Les insulaires est pour moi un livre sur les relations humaines et la subjectivité (chaque homme est une île)
- l'Adjacent le récit d'un amour
- l'Inclinaison un livre sur l'âge et la création.
C'est en tous cas comme ça que je les lis.
Ok.
RépondreSupprimerJuste pour info, dans sa présentation du Testament d’un excentrique de Jules Verne, Gallimard évoque le procédé du Jeu de l'Oie déjà employé par Queneau, Cortázar, sans oublier Perec. Ça me paraissait un peu la manière des deux précédents ouvrages de Priest.
Pour les insulaires, ce n'est pas tellement le jeu de l'oie que l'ordre alphabétique, non ?
SupprimerPour le second, le procédé est encore plus remarquable : raconter une seule histoire avec plusieurs histoires. Mêler six récits (je crois) et tenir une seule histoire d'amour. Très fort, je trouve...