Ce n'est pas évident de donner envie de lire ce livre et c'est dommage. Essayons pourtant : Erwan travaillait dans un abattoir industriel dans la banlieue d'Angers. On sait très vite qu'il a fait quelque chose de grave puisque nous le rencontrons en prison, à ressasser sa vie d'avant pour tenter de comprendre. Et c'est dans ce ressassement, cette rumination ponctuée sans cesse des clac ! de l'usine que le livre nous fait plonger. L'usine, les carcasses suspendues, le sang, les mouvements répétés, les pauses, le parking de l'usine, clac, clac, clac, les mêmes collègues, les mêmes blagues, la vaches qui roulent des yeux fous, l'imam et le rabbin venus pour les abattages rituels, les clopes, les joints, le boulot à l'usine, en attendant la retraite.
Si la question de la violence faite aux bêtes et, en lien, la violence faite aux hommes, aux ouvriers et ouvrières, vous intéresse, si ce genre d'articles de Mediapart vous parle, lisez ce livre, une plongée douloureuse dans le monde de ce pauvre type, l'usine et tout ce qui tourne autour de l'usine, le HLM de l'enfance, la semaine de vacances annuelles en Vendée, la copine de l'été 2006, le super U, les soirées au bord de l'eau, la maladie, la vie en attendant la retraite, avoir juste deux ans, trois ans tranquilles, on ne demande rien de plus.
J'ai lu jusqu'à la bête cul sec, le livre est une plainte longue et forte, à l'écriture puissante. Ce que vous faites de cette lecture, de cet éclairage cru du monde, de ce texte qui dit avec la précision de la littérature des choses rarement dites, c'est à vous de voir.
Je me demande si l'impression qu'il provoque dure aussi longtemps que l'odeur de l'usine sur le corps d'Erwan.
Une réflexion en passant. Il me paraît évident à la lecture de ce livre que ce qu'il dit est vrai. Par la précision des termes utilisés, par la qualité de la langue, sa capacité à décrire ce que je connais (un HML, un supermarché, une relation humaine...) prouvant qu'elle décrit aussi bien ce que je ne connais pas (la prison et surtout l'usine). Je n'ai pas cherché à sa voir qui était Timothée Demeillers ni comment il avait fait ce livre. J'ai peut-être eu tort, mais je ne crois pas. Pourquoi ?
(merci à l'ami Léo pour le conseil)
Une réflexion en passant. Il me paraît évident à la lecture de ce livre que ce qu'il dit est vrai. Par la précision des termes utilisés, par la qualité de la langue, sa capacité à décrire ce que je connais (un HML, un supermarché, une relation humaine...) prouvant qu'elle décrit aussi bien ce que je ne connais pas (la prison et surtout l'usine). Je n'ai pas cherché à sa voir qui était Timothée Demeillers ni comment il avait fait ce livre. J'ai peut-être eu tort, mais je ne crois pas. Pourquoi ?
(merci à l'ami Léo pour le conseil)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire