Bouglione partage avec Knie le fait d’offrir du cirque traditionnel, à grand spectacle, avec des artistes internationaux, des animaux et des jolies danseuses (qui proviennent d’ailleurs de la même troupe, les Ukrainiens et Ukrainiennes de Bingo). Le spectacle de cette année, Défi, fonctionne très bien et nous a beaucoup plu, malgré des numéros qui n’étaient pas tous d’un immense interêt. Si le spectacle tient, dans ce cas, c’est grâce à la troupe de clowns des Without socks, un trio de clowns muets russes, ambiance cinéma burlesque 1900. Ces trois là ont rythmé l’ensemble du spectacle avec deux numéros principaux (la photo du chasseur et la scène magique qui fait danser) et une poignée de gags qui ont donné une teinte gaie et mélancolique à la représentation. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu de clowns aussi bons (Knie peine à en trouver et ceux de Bouglione de l’an passé, s’ils étaient amusants, ne fonctionnaient pas aussi bien que ces Without socks).
Le cirque d’hiver profite aussi de sa salle exceptionnelle, à l’atmosphère unique, de son orchestre énergique et son monsieur loyal on ne peut plus classique, qui nous convainc à chaque fois que nous nous trouvons dans un lieu et à un moment exceptionnel.
Faisons un petit retour, numéro par numéro.
Après une intro énergique et dansée des artistes de Bingo (que j’admire beaucoup, et dont semblent faire partie les trois femmes du trip cappuccino et Artur Dudov), on commence par un numéro de chameaux de Régina Bouglione, à l’intérêt très limité (je me souviens en avoir eu un bien plus beau chez Knie voici quelques années). Les bêtes tournent paresseusement et amusent par leur balancement.
Victoria Bouglione présente ensuite un numéro de cerceaux, avec quelques très beaux passages: cerceau « immobile » en l’air, ou bien Hula-hop avec des dizaines de cerceaux) et quelques beaux effets de clignotements numériques sur des cerceaux illuminés par des leds. Je suis moins convaincu par le côté sexy du numéro.
Nuit blanche offrait un très beau spectacle ambiance pierrots de la butte Montmartre avec un couple au monocycle jonglant avec les sphères blanches des réverbères. De beaux gestes et une grande poésie.
Je pense que nous avions déjà vu le numéro d’avion radiocommandé de Daniel Golla (mes archives disent que oui, en 2014). Je ne suis pas trop amateur de ces numéros « de drones » mais celui-ci ne manque pas de charme.
Le trio féminin cappuccino (une blonde, une rousse, une noire) présentait un numéro de portés et de main à main techniquement très réussi, mêlant souplesses et mouvements en force, au côté sexy très assumé, avec déhanchements suggestifs, fesses et seins mis en avant dans un vrai défi au bon goût. C’était à la fois intéressant (je crois que je voyais pour la première fois ces numéros « de force » exécutés par des femmes) et embarrassant.
Lancé par les Without socks, le clown allemand Konstantin nous raconte l’histoire d’un petit gros buveur de bière, salaryman années cinquante, qui veut perdre du ventre et termine enfermé dans une variante de la roue cyr. Superbe.
Puis, avant l’entracte, le numéro le plus WTF de la soirée, en concurrence serrée avec son petit frère du deuxième acte, Evgeny Komisarenko avec ses chiens blancs. On dépasse là le n’importe quoi usuel des numéros de petits animaux mignons pour atteindre une forme de monde parallèle absurde où sept chiens de taille décroissante se dandinent à la queue-leu-leu sur deux pattes.
Au deuxième acte, Artur Dudov fait une jolie démonstration de mât chinois, une de mes disciplines préférées.
Puis Asel Saralaeva (une belle Kirghize) tente de nous convaincre qu’on peut faire des numéros de cirque avec des chats. Echec, selon moi. Les chiens ridicules semblent au moins capable de se concentrer plus de quinze secondes. Le chats, eux, entrent en scène, font un petit tour et ressortent, ping, pour être remplacés par le suivant qui voudra bien montrer des trucs qu’à peu près n’importe quel chat domestique démontrera un jour où il ne se sentira pas trop feignant. Deuxième moment WTF de la soirée.
Natalia et Sampion montent ensuite un numéro original de ruban aériens avec piano. C’est de l’amour romantique de cirque, à la fin les amants s’envolent et s’enlacent dans les airs, avec quelques très belles images magiques.
En avant-dernier, le duo AA, portés et main à main de deux super costauds épais comme je suis large. Impressionnant et très bien fait, mais sans réussir à dégager la poésie du numéro du même style que nous avions vu chez Knie.
Enfin, en conclusion, un superbe numéro de roue de la mort du Duo Shock, qui fait très très peur.
Je suis frappé en relisant cet article de voir que ce spectacle m’a paru bon alors que le niveau et l’intérêt des numéros était très inégal. Construire un spectacle de cirque qui forme un tout, capture le spectateur pour ne plus le lâcher est un art difficile, et un défi réussi cette année au cirque d’hiver. On essaiera d’aller voir le spectacle l’an prochain !
à main de deux super
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