Je note la quasi absence des femmes, sauf dans la toute dernière partie avec le témoignage de la coiffeuse. Là, le film souffre d'un vrai manque.
Le film est centré autour de la ville de Clermont Ferrand ; la plupart des témoins y sont reliés d'une façon ou d'une autre. Le montage est remarquable (les témoignages se mettent en lumière les uns les autres). Les gens sont regardés, écoutés sans accusation, et laissent passer quelque chose de l'époque, même si plus de vingt ans ont passé.
Parmi les témoins, pour faire envie à mes lecteurs.
Un capitaine de l'armée allemande, stationné à Clermont pendant la guerre.
Sir Anthony Eden, Earl of Avon, ministère des affaires étrangères de Churchill
Pierre Mendès-France, embarqué sur le Massilia et jugé à Clermont (et évadé !)
Un groupe de paysans résistants
Un colonel de résistants gaulliste devenu vendeur de télévisions
Un pharmacien bourgeois de Clermont
L'interprète français de Hitler (!)
Le gendre de Pierre Laval, qui prend la défense de son parent
L'avocat de Mendès et de certaines victimes de l'épuration
Un vendeur de chaussures clermontois
Un général anglais qui n'aimait pas tant que ça les Français
Un ancien Waffen SS de la division Charlemagne (son témoignage, très honnête et fin, m'a beaucoup touché et aide beaucoup à comprendre l'époque)
Un allemand fait prisonnier à Clermont
Une femme victime de l'épuration...
et beaucoup plus (le film dure 4h30, vous le sentirez pas passer)
J'ai trouvé la fin particulièrement atroce. Durant la dernière heure sont évoquées la situation des juifs et, sans creuser assez, les spécificités bien dégueulasses de l'antisémitisme à la française, et surtout l'épuration et les tortures de la fin de la guerre, en particulier sur les femmes.
Pour reboucler avec l'extrait vidéo plus haut, je conclurai avec l'introduction de l'article du NY Times paru à la sortie du film, qui en parle très bien et dit bien ce qu'est ce film.
TOWARD the middle of the second half of “The Sorrow and The Pity” (Le Chagrin et La Pitié), Marcel Ophuls' 4½‐hour documentary now at the Beekman Theater, the director interviews Madame Solange, a beautician in Clermont‐Ferrand, a woman who may or may not be younger than she looks, which is the drab but neat 60 of someone who pays no attention whatsoever to chic. During the Nazi occupation, she had minded her own business and had been a Pétainist, but not because she was Catholic or especially political. She was simply fond of the old marshal, the hero of Verdun who, at France's fall in 1940, had made his country the gift of his person as the Nazi puppet premier.
Shortly after the liberation, Mme. Solange was arrested and tortured, charged with having attempted to betray a Resistance officer by means of an anonymous letter, which had been intercepted before it reached the Nazi authorities. As Mme. Solange talks, the camera studies her in close‐up, but neither her eyes nor her hands, which fold, unfold, then fold again a handkerchief, tell us what we want to know. There are moments when she sounds like Lee Harvey Oswald's mother talking to Jean Staf ford, hinting of evidence ignored and of conspiracies too complicated ever to ex plain coherently. At other moments, she is the accident al victim of history. It was, Mme. Solange recalls without emotion, a time of letters of denunciation, as if letters of denunciation were a fad or a style, like Empress Eugénie hats, that would (and did) pass away.
Mme. Solange was tried, convicted and sentenced to 15 years at hard labor.
At this point, 31 years after France's collapse, it is impossible to believe in either Mme. Solange's innocence or guilt—and this is, for me, the most agonizing effect of Mr. Ophuls' extraordinary film, which is less concerned with provable guilt or innocence than with the awesome possibilities of human behavior, with the mysterious processes that can as easily produce a hero as a traitor, or some one who would prefer not to become involved at all.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire