Comme il y a des lives d'Annie Ernaux en vue dans les librairies, Cecci en a pris un, Mémoire de fille. Comme souvent (toujours ?) chez Ernaux, le sujet en est l'exploration systématique d'un souvenir/d'une série de souvenirs, accompagné d'une réflexion sur l'écriture de la mémoire.
Donc: été 58, la jeune Annie Duchesne, 17 ans, élevée en école catho et très bonne élève, devient animatrice de colonie de vacances. Dès le premier soir et la première fête des moniteurs, elle se fait serrer par le chef moniteur qui l'emmène dans sa chambre et a une relation sexuelle avec elle (la première de la jeune fille).
Mémoire de fille est le livre par lequel, 40 ans après, une femme tente de retrouver la jeune fille de dix-sept ans qu'elle fut, explorant cette première rencontre sexuelle et ses conséquences durant les années qui suivent. Ca pourrait être voyeur et narcissique, très littérature française, et ça ne l'est pas du tout. Ce n'est pas tire-larmes, ça ne cherche pas à attirer la sympathie de la lectrice, ce n'est pas le récit d'un trauma exceptionnel.
Le livre est court, lu en deux heures. Il m'a coupé le souffle. Littérairement, ce qu'y fait Annie Ernaux est exceptionnel. A partir d'un évènement, de corps qui se rencontrent et des conséquences sociales, personnelles, de cette rencontre, elle extrait un peu de l'essence de l'expérience féminine, de l'expérience humaine.