Fantasio est une pièce de Musset qu’il n’aura jamais vue sur scène, la création d’un jeune homme de 22 ans, qui rêvait de théâtre et voulait secouer cette forme d’art. L’histoire se passe dans une Bavière de fantaisie. Fantasio est un jeune bourgeois criblé de dettes, désabusé par les temps, aspirant à l’absolu, bref : un romantique. Sur un coup de tête, il s’engage comme bouffon du palais.
Au palais, le roi marie sa fille au prince de Mantoue pour éviter la guerre. Et la jeune princesse est triste, because le mariage, bien sûr, et parce que Saint-Jean est mort. Saint-Jean, c'était le bouffon précédent, elle l'aimait, et son poste (vacant) qui a permis à Fantasio de s'engager.
L’ensemble donne un conte de fées un peu dark et grinçant, plein de passages méta, de répliques marrantes et de situations un peu absurdes, mais où le cœur souffre quand même. Ça donne aussi un excellent spectacle, qui émerveille et rend heureux.
La mise en scène de Laurent Natrella avec huit jeunes comédiens est formidable. Le début m’a fait un peu penser au Roméo+Juliette de Baz Luhrmann : silhouettes stylées, maquillées, aux genres fluides, avec une sorte de Mercutio androgyne super stylé.e en narrateurice (qui ponctue le récit de chansons et de passages musicaux).
Il y a tout ce que j’aime dans le théâtre : un monde imaginaire fort, de la suggestion, des images dingues (le roi, perché sur son trône trop grand… Fantasio assis au bord de la scène et comptant le temps qui passe…), du jeu très (très) physique, des émotions puissantes… les acteurs sont tous incroyables. Fantasio, bien sûr, à la fois brûlant, moqueur et fragile, et la princesse enfantine et volontaire, et le prince de Mantoue, sorte de Freddie Mercury surexcité… je ne les cite pas tous mais tous portent la pièce, haut et loin.
Je suis encore habité par les images créées sur scène : Fantasio couchant la princesse dans son lit, la prisons, les déguisements du prince et de Marinoni, son aide de camp… C’était magnifique. Et ça joue encore jusqu’au 15 octobre, foncez si vous êtes dans le coin !
(photos de scène (c) Lauren Pasche pour le TKM)
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