27 octobre 2023

Le règne animal - Thomas Cailley




Vu au cinéma avec Cecci et Marguerite, et tout le monde a beaucoup aimé.

Ca commence comme un film français naturaliste presque caricatural avec une dispute père-ado dans une voiture coincée sur le périphérique où on parle de bouffe (de chips, en l'occurrence). Et soudain, il se passe quelque chose dans l'embouteillage, une étrange créature apparaît et le gars dans la voiture voisine, vitre baissée, soupire "quelle époque".

Ce que j'ai préféré dans ce film : son ton, entre film fantastique-onirique, film de SF (une hypothèse saugrenue est généralisée à la France, au monde), chronique familiale... Le récit marche sur une ligne très fine et ne se casse jamais la figure, il est mené très sérieusement, les personnages sont traités avec amour et nous touchent tous.
La narration est exceptionnellement bien tenue. Pour un allergique comme moi au récit feuilletonnant (oui, moquez vous si vous voulez), voir un film de deux heures monté serré, où il se passe tout le temps des trucs, où les scènes sont coupées juste comme il faut, ça me fait plaisir.

Et le récit est atmosphérique, visuel, certaines images et scènes magnifiques me restent encore en tête (je ne spoile pas, ou à peine, celles&ceux qui ont vu comprendront) : le camion que la grue sort de l'eau, le père cherchant sa femme dans le supermarché en train d'être évacué, la fête de la Saint Jean, l'incroyable poursuite dans les champs de maïs... et l'acmé du film, scène de forêt sans parole qui m'a fait penser à un tableau de Jérôme Bosch.

Les créatures sont aussi très réussies, collages à la fois surréalistes et très incarnées, qui m'ont semblé rendre hommage à une certaine tradition de cinéma fantastique (j'ai notamment pensé à la belle et la bête, aussi bien Cocteau que Disney).

Les personnages sont aussi très beaux, avec des acteurs au top. Aussi bien le papa, que l'adjudante de gendarmerie (dont j'adore l'ironie à froid et le regard fatigué). Les personnages secondaires sont aussi très bien dessinés ; je pense à Naïma, la cuisinière ("j'aurais peut être dû chanter", à Fix, à Nina ("j'ai un TDA") et au groupe de lycéens, big up à celui qui fait des AMHE ("venez voir mon combat"), grâce à eux et à la manière dont ils sont écrits et joués, le film parvient à la fois à être réaliste avec une petite touche sociale, souvent drôle et émouvant.

Le plus épatant est Paul Kircher qui joue l'ado, qui parvient à la fois être complètement abruti, touchant, bestial... Il m'a beaucoup touché.

Je repense encore à la scène où ils cherchent la maman, fenêtre ouverte en voiture, dans la nuit... 
Bref, c'était super.





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