Toujours en suivant la liste de la sélection de films 2023 de l'épatante @philopoulpe, nous avons regardé je verrai toujours vos visages. Ce film de fiction aux faux airs de documentaire raconte l'exercice de la justice restaurative, sur deux axes parallèles : la confrontation de Chloé avec son frère abuseur et la rencontre, en prison, dans un cercle de paroles, entre des victimes de vols avec violence et des auteurs de faits similaires.
Les personnages sont bien campés par de bons acteurs du cinéma français (difficile de les nommer tous, mais il y a trois acteurs de la comédie française, Briane Ba, Suliane Brahim et Denis Podalydès), et Leila Bekthi, Elodie Bouchez, Adèle Exarchopoulos, Jean-Pierre Darroussin, Miou-Miou... et le film est captivant à regarder tant son sujet est intéressant à suivre. La situation mise en scène crée des tensions dramatiques très fortes, les relations humaines sont à fleur de peau, l'apex du film étant la confrontation entre Chloé et son frère. C'est plutôt bien filmé, bien raconté et j'ai marché tout du long.
Toutefois, après la visualisation, j'ai ressenti un arrière-goût pas très agréable. C'est tout d'abord un de ces films avec lesquels il n'est pas possible de n'être pas d'accord : cette initiative de justice restaurative est clairement une bonne idée et si ça se passe à moitié comme on voit que les choses se passent dans le film, c'est certainement très utile.
Mais justement : le film a un côté "pub" pour ce dispositif et, même si je suis sûr qu'il a été écrit en se basant que des rencontres bien documentées, il ne m'a pas paru très vrai. Les professionnels présentés sont presque des saints, on aimerait en savoir un peu plus sur la réalité de ce que le film présente justement comme "un travail". L'intensité des acteurs fait passer pas mal d'éléments des personnages, mais on sent les effets d'une forme de condensation narrative.
J'ai surtout l'impression que l'équipe qui a créé ce film n'a pas su résister au formidable potentiel dramatique que représentaient ces confrontations - et c'est difficile d'y résister, j'ai ressenti une tension puissante au moment où Chloé attend son frère dans la salle vide, avec la médiatrice. Cette utilisation d'histoires réelles, hackées pour nourrir une fiction, m'a gêné à posteriori, me mettant dans une position de voyeur.
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