Mon premier roman de China Miéville, recommandé par le lecteur-de-chez-les-bouquins-d'histoire-militaire-d'en-face. Pas un chef d'oeuvre, mais un roman très bien fait, très intelligent, très malin, et bien écrit et bien traduit, ce qui ne gâche rien, bref une excellente lecture.
A Beszel, une ville des Balkans, une inconnue est retrouvée morte sur un terrain vague. Un policier entre deux âges, brave type assez roué, Tyador Borlù, est mis sur l'enquête, interroge les jeunes camés des cités avoisinantes, remonte la piste du fourgon qui a transporté l'inconnue. Est-elle d'ici ? Est-elle une étrangère ? Vient-elle de l'autre ville ?
The City & The City est un roman d'enquête policière. Flics, interrogatoires, systèmes informatiques hors d'âge, bureaucratie inepte… Il en suit tous les codes, il respecte toutes les règles du genre, jusqu'à la fin. Son intrigue est habile, amusante, et tient en haleine jusqu'au bout. D'autant que le cadre en est incroyablement malin. Beszel a une petite particularité… Elle partage son territoire avec une autre ville, Ul Qoma, aux modes, au langage, à l'architecture différentes. Le découpage territorial y est incroyablement enchevêtré, et les habitants d'une ville sont entraînés depuis l'enfance à ne pas voir, ni entendre, ni sentir quoi que ce soit venant de l'autre ville. Le bonheur de ce roman est là, dans la découverte d'une cité d'Europe tout à fait crédible où cette incroyable étrangeté serait possible. Règles, contre-règles, modes de vie, l'enquête est le prétexte à une visite sociologique et politique des deux villes tout à fait fascinantes. Le roman se base sur cette prémisse étonnante et la tire jusque dans ses retranchements (notamment en matière de vocabulaire, point auquel je suis sensible), sans jamais perdre le lecteur en route. C'est à la fois, drôle, absurde et réaliste. Au point de me faire me poser la question : qui évisons-nous ? Au milieu de quoi vivons-nous de manière consciente, que nous nous rendons volontairement invisible ? Il n'y a là dans ce livre interrogation paranoïaque, juste une revigorante manière d'interroger la réalité.
J'ai adoré The City & The City; sans doute mon bouquin préféré en 2010.
RépondreSupprimerCe qui m'a surtout frappé, c'est à quel point on baigne dans une ambiance fantastique alors que tout peut très bien avoir une explication rationnelle. L'ambiance marche sur la corde raide et c'est assez magistral.
Pas une once de surnaturel, dans ce roman. Même les "artefacts" bizarres ne restent que cela. Des machins de bronze tordus.
RépondreSupprimerContent que ça vous ait plu !
RépondreSupprimerOui, on peut dire qu'il n'y a rien de surnaturel; mais exactement comme dans Yirminadingrad.
Si tu as aimé China Miéville, essaie "Perdido Street Station". Un très bon moment de lecture pour moi ! Celui-là, je viens de le trouver et j'espère pouvoir m'y plonger rapidement.
RépondreSupprimerA.C.