L'époque est tellement sombre et angoissante que j'ai envie de me distraire en regardant des matches de l'Euro. Des types trop payés jouant à courir après une balle, ça me paraît somme toute inoffensif, comparé à l'urgence éco(logique et nomique) et à la montée du RN.
Un peu dans le même esprit de "allons penser à autre chose", nous nous sommes rendus en famille voir le Comte de MC, d'après Alex Dumas. Trois heures de film français en costume. Et, je dois l'avouer, j'ai eu beaucoup de plaisir.
D'abord, je pensais que je n'aimais pas tellement cette histoire. Je crois l'avoir demi-lue ado et m'être ennuyé. Je ne comprenais pas l'intérêt du récit (il s'évade, il se venge) et les pages feuilletonnantes et les sentiments exagérés m'avaient cassé les pieds.
Là, déjà, on a le best-of de ce que le cinéma français peut faire en matière de capédépée : des décors naturels splendides, des costumes qui tuent leur race (notamment des bijoux incroyables - mais les girls, en sortant, on demandé pourquoi les hommes ne s'habillaient plus comme ça), des décors inventés mêlés au décors naturels, des acteurs à fond dans leurs rôles et quelques scènes de combat très lisibles.
Ensuite, grâce au film, j'ai compris pourquoi cette histoire plaît autant et pourquoi elle est en fait super cool. Un innocent est vaincu et humilié, il s'évade, devient immensément fort et riche et peut punir les méchants à loisir. Monte Cristo, Batman, même combat : fortune, identité secrète et, dans ce film, long manteau noir classe. Et à la fin, il oublie de faire le bien alors que lui, il avait promis (pourquoi est-ce que Bruce Wayne, au lieu d'acheter des batmobiles, ne s'occupe pas de financer le secteur sinistré de l'éducation à Gotham - poke @uneheuredepeine).
Il y a plein de bonnes scènes dans le film et plein de bons acteurs. Pierre Niney est excellent en CdMC, les trois méchants sont vraiment super, bémol pour les rôles de femmes - très bien jouées, mais personnages en retrait, ça reste une affaire de mecs. Certaines scènes sont vraiment très très bien, avec des noeuds narratifs puissants, notamment la scène de chasse, ou la mort de Villefort, ou bien celle du dîner de fantômes, avec le grand sourire du capitaine Danglars qui adore voir un mec puissant jouer à faire peur...
Bref, malgré l'épouvantable "entracte" qui coupe certaines séances de ciné suisse en deux, je me suis laissé emporter par cette super histoire à la réalisation somptueuse. Pendant trois heures, je n'aurai pas pensé au RN - et, même à l'entracte, je n'ai pas regardé mon téléphone pour avoir les résultats, afin de pouvoir replonger dans l'intrigue aussitôt le noir revenu.
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Best of trio de méchants |
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Joli yacht, pas trop historique. Le choix des bateaux est bizarre... mais on s'en moque. |
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Pierre et ses grands yeux doux |
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Haydée, femme fatale (et valaque) |
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Un des décors les plus improbables du film |
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Kaspar David Friedrich, on t'a vu ! |
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Le comte, brooding... |