Il y avait sans doute mieux à faire ce jour-là. Mais à la place nous avons passé la journée à lire. Ca a commencé dans les fauteuils du salon de notre petite foire aux livres locale, dans la grande salle du village.
Voici Hélendrude. On peut préférer l’appeler Elyndruda, ce qui sonne mieux, peut-être, à nos oreilles, et choisir en toute impunité de maquiller ses traits, de la décrire comme ceci ou comme cela, et reconstituer autour d’elle un monde bâti de matériaux imaginaires, ombres de pierres, ombres d’eaux et de carpes énormes, ombre de l’ombre des arbres centenaires... (Hildegarde, de Léo Henry)
et cela pendant une heure de merveilleux rhénan, à haute voix, comme tout ce qui a suivi. Puis l'heure suivante, nous avons lu des pièces autobiographiques, bien plus locales. Puis l'heure d'après, dans une vieille grange de ferme, un extrait de manuel de jeu de rôle, des textes de slam et une nouvelle extraite de Tadjélé. Et comme ça, à chaque heure son lieu et sa lecture. Toujours dans la grange, les aventures du faux Juif Iohann Moritz, puis à a galerie d'art du village le jour du chien, puis le labyrinthe, et la science du concret selon Levi-Strauss. Après le repas, nous sommes allés dans la chapelle au-dessus de l'abbatiale écouter les naturalistes à l’affût, puis préparer une mise en scène de théâtre dans la salle du conseil de la municipalité. Il était minuit. La grande traversée des heures noires commençait, avec Proust, Boulgakov puis Michel Butor et Sato Haruo, entendu à l'intérieur de la vieille tour de l'horloge. Dans la boulangerie, on a lu Rimbaud et les aphorismes de Vinceannet Girod. Dans la salle des chevaliers du prieuré, un essai sur l'histoire de la douleur et un conte théâtral sur la folie du pouvoir. Le soleil se levait, et on n'en avait pas fini. Accompagnés de la musique du Setar, nous avons lu le sommaire de la règle de Saint-Benoît, des quatrains mystiques de Djalâl ad-Dîn Rûmî, et des extraits de l'apocalypse de Saint-Jean, installés autour d'une grande table de la maison de la dîme. Il n'y avait plus que deux auditeurs encore debout à neuf heures pour écouter Murakami, gloire leur soit rendue ! Heureusement, des renforts sont arrivés pour entendre Jules Vernes, Annie Ernaux puis Zoé Valdès sous les toits du miroir aux fées.
"Merci, ai-je répété". J'ai remarqué que ce mot avait été le dernier prononcé en quittant mon pays, et le premier que je disais en arrivant dans un pays qui ne m'était pas totalement inconnu car je l'avais déjà parcouru de façon littéraire. (...)
David a pris place à côté du chauffeur. Hannah Irene s'est assise derrière, entre ses deux mamans.
L'auto a traversé la nuit vers un autre rêve plus palpable. Un voyage enfin dans la bonne direction. (La nuit à rebours, Zoé Valdès)
"Merci, ai-je répété". J'ai remarqué que ce mot avait été le dernier prononcé en quittant mon pays, et le premier que je disais en arrivant dans un pays qui ne m'était pas totalement inconnu car je l'avais déjà parcouru de façon littéraire. (...)
David a pris place à côté du chauffeur. Hannah Irene s'est assise derrière, entre ses deux mamans.
L'auto a traversé la nuit vers un autre rêve plus palpable. Un voyage enfin dans la bonne direction. (La nuit à rebours, Zoé Valdès)
Il pleuvait et il faisait froid ce dimanche du jeûne fédéral à deux heures de l'après-midi, mais nous avions terminé notre tour d'horloge.
Merci à tous ceux qui sont venus participer à notre course de relais immobile : hôtes et hôtesses, lectrices et lecteurs, auditrices et auditeurs, pour la journée, pour la nuit, ou simplement pour une heure. C'était bien.
L'année prochaine, on recommencera.
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