01 mars 2019

La ballade de Black Tom – Victor LaVallee

Cette novella publiée dans la collection une heure-lumière du Bélial appartient au genre maintenant peuplé des ré-interprétations lovecraftiennes. Après le beau travail d’Anders Fager, le point de vue féminin de Kij Johnson, les constructions étranges d’Alan Moore, voici une reprise, par un écrivain noir, du très infâme et fameux texte de l’horreur à Red Hook.
On peut lire je pense la ballade… sans connaître l’original de Lovecraft, l’histoire est entièrement cohérente et se tient très bien, mais elle dialogue en permanence avec l’affreux texte original de HPL. Pourquoi affreux ? De tous les textes fantastiques de Lovecraft que j’ai lu, celui-ci est le plus explicitement et directement raciste, d’un racisme puant et gênant, malgré une véritable qualité d’écriture et de narration.
Dans Red Hook, Lovecraft parle d’immigrés lointains (colorés) se livrant à des rites impies dans les caves de ce quartier de New York. La police intervient brutalement et tue un paquet de gens.
En suivant l’itinéraire d’un jeune Noir pas très friqué et plutôt malin, Tommy Tester, l’auteur nous invite à nous demander pourquoi tous ces basanés se sont retrouvés engagé dans une histoire aussi sordide.
La ballade est un texte très joliment mené et écrit, dense, avec de l’action, des scènes fortes, une peinture très parlante des conditions de vie de ce que c’était que d’être un Noir de Harlem à New York en 1924 (spolier : ce n’était pas terrible). Livres maudits, distorsions de la réalité, visions cauchemardesques et merveilleuses, j’ai eu ma dose, administrée par un auteur qui prend son sujet au sérieux et ne se contente pas de poser des références.

La dédicace du roman est très juste : à H.P. Lovecraft, avec tous mes sentiments contradictoires.

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