
Je ne sais pas quel est le phénomène d'histoire culturelle qui s'opère ici, mais je ne peux que le constater.
La quête onirique de Vellitt Boe est un livre situé dans cette continuation. C'est une construction littéraire qui s'appuie, en la reprenant et la modifiant, sur la fameuse novella La quête onirique de Kadath l'inconnue, la plus connue des fantasy dunsaniennes de HPL. On n'est donc pas sur le versant Cthulhu mais côté contrées du rêve. Je me demande d'ailleurs s'il est possible d'apprécier Vellitt Boe si on n'a pas lu Kadath...
Au fait, de quoi s'agit-il ?
Vellitt Boe est une ancienne voyageuse devenue professeure d'université dans une école très oxfordienne, à ceci près qu'elle est située à Ulthar (les chats de..., tout ça). Petit souci, une de ses étudiantes a disparu, plus ou moins enlevée par un voyageur venu du monde de l'éveil. Or la jeune femme est apparentée à un dieu, les dieux des contrées sont capricieux. Il pourrait lui venir l'idée, par contrariété, d'atomiser Ulthar, ses universités et toute la région.
Vellitt se lance donc à la poursuite de l'étudiante, ce qui l'amènera à visiter nombre ce coins curieux.
Le roman est à sa façon très tolkiennien : beaucoup de marche, de décors insolites, de discussions. Des dangers plus souvent suggérés qu'avérés (au début du moins). Les souvenirs personnels de Vellitt, une femme d'une cinquantaine d'années plutôt sympathique et dégourdie. Le récit a du charme, du style et nous emmène dans des directions intéressantes, dont un passage dans le monde de l'éveil, bien sûr. Il explore la nature des contrées du rêve, objet à la fois fantastique et littéraire, dans une relation à la fois respectueuse et critique vis à vis de la vision qu'en avant HPL. Les personnages de Vellitt Boe sont pour beaucoup des femmes de caractère, ayant une vie plutôt réaliste, et la manière dont ces caractères "réels" se mêlent à cette fantasy est très séduisante.
J'ai beaucoup aimé ce petit livre très doux. Il donne à voir la beauté du monde onirique, il est chargé de parfums et de visions et il se situe dans la continuité d'une oeuvre littéraire pour moi fondamentale. Merci au Bélial de l'avoir publié, d'autant que le livre est très beau.
PS: suis-je le seul à avoir eu l'impression qu'une bonne partie des noms propres sont des anagrammes ? Si oui, de quoi ? (Gnesa -> Agnès, mais après ? Vellitt Boe, par exemple ?)
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