30 novembre 2009

Bifrost 56 - Ted Chiang, J.M Ligny, Don Lorenjy


Trois nouvelles de science fiction dans le numéro 56 de l'estimable revue Bifrost.
Le porteur d'eau, de Jean-Marc Ligny : une SF post apocalyptique, sur fond de véritable réchauffement climatique, de campagnes françaises asséchées, d'enclaves protégées en Suisse. L'histoire, simple, est un prétexte à visiter le monde de la nouvelle. Si l'univers m'a parlé, le traitement, très littérature populaire, m'a paru un peu léger.
Viande qui pense, de Don Lorenjy : une histoire basée sur une excellente idée, glaçante. Comment faire pour trouver des soldats compétents à envoyer dans ces points chauds du globe ? Partant de l'histoire d'un ancien guide de montagne frappé de plein fouet par la déchéance sociale, le texte vise juste et son écriture, très directe, le rend tout à fait crédible. Seule la fin de m'a pas convaincu, mais je ne ferai pas la fine bouche.
Exhalaison, de Ted Chiang : l'occasion pour moi de découvrir cet auteur. Une nouvelle tout à fait remarquable, qui vaut à elle seule d'acheter le Bifrost. On y parle de questionnement scientifique, de raisonnements logiques, d'auto-dissection... avec humour, légèreté et sensibilité. Le texte m'a fait penser aux questionnements des scientifiques des Lumières et à certaines théories étranges nées dans les premiers âges de la science. Et la fin m'a profondément ému. Waow.

21 novembre 2009

La vieille et la bête – Ilka Schönbein

Une heure quinze de spectacle. Une femme étrange sur une petite scène comme un présentoir. Une autre, musicienne en frac et haut de forme (et petite moustache) qu'on dirait toute droit sortie du cirque bizarre. Sur scène, la femme étrange se contorsionne, anime une ballerine avec ses pieds, a des sourires un peu trop grands, un peu séniles. Elle file des contes, des histoires de princesse et des vieilles dames qui ne veulent pas quitter leur maison. On distribue des pommes, on casse des verres, on jette de la paille par terre (pour l'âne) et tout ça est parfaitement, totalement cohérent.
J'ai eu peur, parfois.

Vive la vie, vive l'amour...
vive la mort.


P.S : le théâtre recommandait "à partir de 9 ans". Pour des enfants pas trop impressionnables, ou alors prévoyez la cellule d'aide psychologique à la sortie... C'est un spectacle pour le moins... rugueux.
P.P.S : les représentations à Vidy sont passées, mais je pense que le spectacle va tourner. Si vous le voyez passer près de chez vous, allez y manger une pomme à notre santé.

Retour sur l'horizon : quinze textes de science-fiction rassemblés par Serge Lehman

Voilà, j'ai enfin fini par lire ce recueil. J'ai profité d'un moment non euclidien (les autres moments étaient déjà occupés), dans mon canapé, pour découvrir le dernier texte, l'Hilbert Hotel de Xavier Mauméjean.
Je ne serais pas très légitime pour faire un commentaire détaillé du recueil, d'autres l'ont déjà fait avant moi. Les textes sont globalement bons, sans fausse note, je les ai tous lus avec plaisir. Certains m'ont toutefois touché plus que d'autres. Je partagerai mes découvertes heureuses.
Ce qui reste du réel, d'Emmanuel Werner/Fabrice Colin, avec son refuge de montagne, la tête de PKD et la guerre en contrebas. Je l'ai lu dans un état de fatigue prononcé, par un voyage en train nocturne et je suis descendu à ma gare en n'étant plus très sûr de l'existence du reste de l'univers.
j'ai ri (jaune, comme toujours) avec le texte de Catherine Dufour, mais ce n'est pas de la SF, c'est la réalité, hein ?
Dans le genre fin du monde qui tache les doigts, j'ai aimé la Lumière Noire de Thomas Day et la Terre de fraye de Jérôme Noirez. Les deux textes ne sont pas sans défauts, mais ils ont une énergie qui m'a séduit.
Et j'ai été particulièrement séduit par le texte borgesien de Léo Henry et par la très poétique errance des personnages de Daylon. Son penché sur le berceau des géants m'a montré que ce jeune homme pouvait exprimer par écrit ce qu'il faisait si bien par la photo (que l'on peut regarder ici, il n'est pas inutile de le rappeler).
J'ai aimé aussi la nouvelle de David Calvo, mais je ne suis pas du tout objectif.