01 mai 2023

Donjons & Dragons - l'honneur des voleurs - Jonathan Goldstein



Voilà un film d'aventures de fantasy, avec une imagerie kitsch, des grosses bastons, des acteurs honnêtes mais pas fous, un scénario reposant sur des ressorts habituels, de l'humour, de la bagarre, de l'humour encore et encore de la bagarre, de la magie qui fait boum, des créatures insolites, etc... Et des personnages aux noms franchement bof (si, si, pensez-y. Xenk le paladin, vraiment ?). Ca devrait être nul. Regardez la bande annonce pour vous en convaincre, vous avez déjà vu ça un paquet de fois, oui, oui.




On est allés le voir avec Marguerite, on a beaucoup rigolé et on en a beaucoup reparlé. Alors oui, partager un film au cinéma avec notre héritière, c'est déjà très précieux. Et ensuite, c'est assez difficile à expliquer, mais ce film est super.

Les lectrices et lecteurs de ce blog/carnet de notes culturel le savent depuis longtemps, le jeu de rôle est une des grandes affaires de ma vie. Et nous autres, les rôlistes, aimons en particulier certains films, qu'on qualifierait volontiers de "films de rôlistes" : qui mettent en scène une bande de personnages héroïques, un peu décalés parfois, qui échangent entre eux des blagues méta sur ce qui se passe et construisent des plans improbables qui parfois échouent - mettons Chevalier, ou les Goonies, ou Princess Bride, ou la série The Expanse... Je suis sûr que vous en trouverez plein d'autres dans vos mémoires.

D & D, l'HdV, a clairement la volonté de faire un film de rôlistes, c'est même un peu l'idée du truc. Les héros donnent l'impression d'avoir été créés par vos copains/copines du samedi soir dans un esprit de bon délire ensemble. L'histoire semble à la fois scriptée par le MJ et avoir des détours bricolés au fur et à mesure lors de ces moments d'impros où on rigole tous ensemble et/où une bonne idée a émergé. Disons que cette tablée de joueuses et joueurs a envie de faire de l'aventure, avec plein de bagarre et de décors insolites et grandioses, d'objets magiques spectaculaires, de monstres, de la romance (la scène entre Holga et son ex...) et que le MJ adore cabotiner en faisant le méchant. Durant la bagarre finale on croit entendre les joueurs crier autour de la table les actions de leurs persos pendant que le MJ lâche sur eux sort de niveau 7 sur sort de niveau 7.

Et tout ça crée un récit avec une grâce particulière. Au-delà des rebondissements réussis, du rythme énergique et des personnages bien campés par des acteurs qui font leur boulot (je n'aime pas Chris Pine, par exemple, mais son personnage marche très bien), D&D l'HdV est un film qui a su toucher le rôliste en moi et dire quelque chose de ce que j'aime quand nous nous racontons des histoires ensemble.

Après tout, le jeu de rôle est une des grandes affaires de ma vie.


Les trois mousquetaires - Martin Bourboulon

 Est-ce que j'aime les Trois mousquetaires ? Le roman, je veux dire. Oui, non, je ne sais pas. La première partie, l'histoire des ferrets, est assez rigolote. La deuxième partie, avec Constance, enlevée et Milady, méchante méchante, je suis moins preneur. Certaines scènes sont mythiques, d'autres tiennent moins la route, Dumas enchaîne traits de plume foudroyants et blasblas ennuyeux.

- Comment vous appelle-t-on, mon brave ? dit Athos.
- D’Artagnan, monsieur.
- Eh bien, Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, en avant ! cria Athos.
- Eh bien, voyons, messieurs, vous décidez-vous à vous décider ? cria pour la troisième fois Jussac.
- C’est fait, messieurs, dit Athos.
- Et quel parti prenez-vous ? demanda Jussac.
- Nous allons avoir l’honneur de vous charger, répondit Aramis en levant son chapeau d’une main et tirant son épée de l’autre.

(là, on est plutôt dans la première catégorie)







Cette millième adaptation en film à grand spectacle offre quelques trucs intéressants : le sourire et l'énergie de François Civil en d'Artagnan. Des chevaux magnifiques, des épées, de la bagarre, des châteaux et des extérieurs magnifiques, des intérieurs qui envoient, un Vincent Cassel qui plante un bel Athos (trop vieux, mais bon). Et j'ai adoré Louis XIII, à la fois beau, fragile et indécis, de loin le meilleur personnage du film, et le plus nuancé. Anne d'Autriche est très bien aussi.

Il y a aussi quelques spectaculaires ratages. Trop de coups de flingue. Le filtre marron-dégueu-crado sur l'image. Porthos, insignifiant. Aramas, répugnant. Richelieu (le grand méchant evil guy, quand même) complètement raté et pâlot - Eric Ruf et moi devons être incompatibles. Buckingham est raté aussi, mais je n'ai jamais aimé le personnage, ni ici, ni chez Dumas. Milady bof bof, sauf quand elle se déguise en duchesse blonde pour bluffer d'Artagnan.

Le scénario, à la fois fidèle et prenant des détours (les Protestants, ha ha ha) ne m'a pas gêné. 

Tout ça se laissait regarder sans déplaisir.