20 mars 2006

Filumena Marturano

Rappelle-toi, on est allés au théâtre, pour voir cette pièce italienne.
C'était à l'Athénée, le petit théâtre art nouveau tout mignon, derrière l'opéra.
J'avais un peu peur, suite à La Locandiera, avec Cristina Reali :
peut-on bien jouer en français du théâtre italien?
Mais là, la metteuse en scène était italienne. Et ça changeait tout.





D'abord, la pièce est géniale. Un sujet de mélo, ou de drame social.
Et un traitement très humain, donc une comédie. Une mère qui se bat pour ses enfants, des hommes lâches et bêtes, des gens qui crient, la société qui oppresse. Et c'est noir, et c'est drôle...
Les acteurs sont exceptionnels, particulièrement les deux personnages principaux, Filumena (Christine Gagnieux) et Don Domenico (Alain Liebolt). Les personnages secondaires sont parfaitement campés, avec
chacun sa scène savoureuse, Alfredo, la petite Lucia, Rosaria... La mise en scène évoque une grande maison du sud de l'Italie avec ses couloirs frais, et le vin et le café...


La traduction et l'adaptation et le jeu des comédiens arrivent à nous faire croire, en français, qu'on se trouve à Naples, en Italie. Ca nous a fait penser aux histoires du grand-père de Carlo...
C'était vif, enlevé, brillant. On a dit qu'on conseillerait à tout le monde d'y aller, d'autant qu'ils jouent jusqu'au 1er avril.



Photos (c) théâtre de l'Athénée


http://www.athenee-theatre.com/

15 mars 2006

Ingres au Louvre

Pour mémoire, Cecci, puisque tu oublies tout, je te rappelle que nous
sommes allés voir Ingres au Louvre.

Sur le coup, Ingres me paraissait être un peintre très bourgeois du
19ème siècle, le type à travailler pour Louis-Philippe, roi à
pantalon, gros ventre et gilet. Et les images que je connaissais de
lui (les baigneuses, le bain turc) me paraissaient molles et sans
caractère.
Avec toi, avec lui, j'ai changé d'avis.
Ingres était un élève de David (voir billet précédent), féru
d'histoire antique, de Rome, de peinture italienne. L'expo le présente
comme un travailleur très professionnel, à la technique
impressionnante, encore plus que celle de son maître. Sont exposés
dans un coin ses imitations, dessins à la façon de Raphaël (son
peintre préféré), Leonardo, Giorgione...
Ses tableaux de jeunesse (le monumental portrait de Bonaparte)
montrent une maîtrise de la mise en scène, des rendus des matières,
des tissus... Un goût pour les textures et les ors qui le rapproche
presque de Gustave Moreau. Tu as dit que l'empereur (que tu détestes)
te paraîssait devenir un dieu de l'Olympe. On en oublie le tyran
corse.

Ingres a peint dans de nombreux styles : des portaits, souvent
excellents, faisant rejaillir ce qu'il y a de meilleur dans ses
modèles (le portait du fils de Louis-Philippe, récemment acquis par le
Louvre, est une splendeur).
Des grandes compositions antiquisantes (fournies pour la visite de
l'empereur à Rome), des images mythologiques (son Oedipe et son
Jupiter me font à nouveau penser à Moreau), des peintures sensuelles
(baigneuses, odalisques, Roget Angélique), d'un érotisme simple
d'homme aux goûts simples. Des petites scènes "troubadour" reprenant
des images de l'histoire de France...
Par contre, ni toi, ni moi n'avons été convaincus par sa peinture
religieuses, nettement moins inspriée que le reste. Dieu que tous ces
martyrs sont ennuyeux...

Chez Ingres, derrière l'image lisse on trouve les bizarreries qui font
sont charme, le bleu un peu trop éclatant, les corps déformés, l'angle
de vue original... et la très grande humanité de la relation.

Aucun "grand tableau", aucun chef d'oeuvre immortel qui nous a fait
pleurer, mais une exposition très bien faite, plein de belles images,
plein de talent !


L'empereur


Portrait du duc d'Orléans

La princesse de Broglie


Roger & Angélique

L'odalisque et l'esclave


Le bain turc

Scène troubadour

La vierge à l'hostie

Oedipe et le sphinx


Le songe d'Ossian

PS : et toi et moi avons été très touchés par les portraits de madame
Ingres, que son mari paraissait aimer beaucoup. Toutes ses femmes
imaginaires, d'ailleurs, lui ressemblent un peu...