09 avril 2014

Infinita -- au Montfort théâtre

Pour la première fois depuis des mois, nous revoici au théâtre, le Montfort, que nous découvrons avec plaisir !


Au fond de la scène, un écran, une projection (encore !) nous montre un enterrement. Puis les personnages entrent en scène, un vieil homme en fauteuil roulant poussé par une grande femme, venu déposer une rose dans une tombe figurée par un carré de lumière... Ca ne va pas être gai.
La famille Flöz est un groupe de quatre clowns allemands travaillant avec des masques. D'étranges figures, des visages à la fois caricaturaux et vrais. Les masques provoquent un sentiment de décalage troublant, d'uncanny valley, qui m'a presque effrayé pendant la première partie du spectacle. Les Flöz nous rappellent que les masques sont étranges et choquent et font peur.
D'autant que les premiers tableaux déroulent un récit pas franchement agréable : un vieil homme, abandonné dans une maison de retraite par l'amour de sa vie, se rappelle des épisodes cruels de sa vie récente (avec les autres pensionnaires, tous des hommes, de son établissement) et d'autres, tout aussi cruels, de son enfance.
Puis le récit se délite, les relations entre les personnages s'épaississent, on part dans l'étrange, l'incongru, jusqu'à un délire jouissif et libérateur. Les dernières scènes, l'ascension finale, sont des merveilles.


J'admire le talent et la technique de ces quatre Flöz. Leur travail me rappelle celui des Artpenteurs, dans leurs pièces masquées (Tartuffe, Peer Gynt, Pinocchio...), ou celui de l'extraordinaire troupe du Piccolo Teatro di Milano pour la commedia dell'arte. Ils restent avant tout des clowns, reconstituant derrière leurs masques les éléments de notre comportement humain, créant des personnages caricaturaux et parfaitement vrais.
Le plus étonnant est de voir ces acteurs incroyablement physiques jouer des impotents : vieillards, enfants, et même un bébé, les connaisseurs (en bébés) apprécieront. Ils incarnent par des petits gestes, des choses minuscules, ce qui fait notre humanité.
Du grand art.





04 avril 2014

The Grand Budapest Hotel - Wes Anderson

Nous sommes donc allés voir notre premier film de Wes Anderson.

C'était très bien. Imaginatif, aigrelet, rythmé, barré, construit à étages comme une pâtisserie de chez Mendl mise en abyme. La classe, quoi.
J'ai toujours aimé Ralph Fiennes (qui jouait déjà dans un de mes films pas trop connus préférés) je l'ai trouvé très beau en M. Gustave, avec son improbable acolyte à moustache tracée au crayon. 






Air de panache ? Ils n'avaient que la demie-once.


02 avril 2014

Gatsby le magnifique - Francis Scott Fitzgerald

Ce roman fait partie des classiques que l'on pensait avoir lus mais en fait, non. Merci à Jean-Philippe Depotte et a ses excellentes petite vidéos Alchimie d'un roman (allez voir ici) qui m'a donné envie de visiter ce roman.  Ici, sa présentation de Gatsby.

Les années 20, les années folles. On ne sait pas trop qui est Gatsby, mais il donne des fêtes fantastiques dans sa propriété de West Egg, et on a beau être en pleine prohibition le champagne coule à flots. Drôle d'époque, drôle de temps : le fric, la modernité, le matérialisme, les gens changent, les riches sont de plus en plus riches, les truands deviennent respectables, les pauvres jouent aux riches... Fitzgerald évoque tout cela avec une grande classe, une grande légèreté, un sens du raccourci et de l'image qui fait mouche. Malgré le style parfois précieux, les tableaux baroques, il ne cesse de peindre un monde, notre monde, et ses drôles d'habitants, nos frères, souvent absurdes et pathétiques. Le roman est court, l'intrigue simple et serrée, une histoire d'amour à contretemps, de celles qui me rendent le plus triste. 
Un classique ? A raison. 

Dans ses bleus jardins des hommes et jeunes femmes passèrent et repassèrent comme des phalènes parmi les chuchotements le champagne et les étoiles. 

Et pour les meneurs de jeux curieux d'une certaine ambiance de New York dans les années 20... une excellente lecture.