24 avril 2009

Urhu - Les Norn à l'échandole


Une charrette à roues, posée sur scène. Un homme en salopette la démonte, pièce par pièce. Pour fabriquer... quelque chose. Tout en travaillant, il pense, il rêve, il est inspiré par trois femmes qui ne sont qu'un seul être. Qui rient, qui parlent, qui se moquent, de lui, d'elles-mêmes. Qui chantent. Dans la langue des rêves, celle qu'on ne comprend que quand on dort. L'homme dort-il ? Ou est-il éveillé ? Elles jouent, elles écoutent l'homme qui fait tinter ses outils, elles saisissent un gros tambour pour un détour mélancolique, les voix s'envolent ensemble puis se séparent. Elles ne sont qu'une et elles sont trois. Et tout s'en va.
Voici Uhru, le nouveau spectacle des Norn. Elles sont encore ce soir à l'échandole. Et ailleurs, plus tard, peut-être ?
Image (c) Norn

20 avril 2009

Tokyo Godfathers - Satoshi Kon

Alors certes, il y a Miyazaki. Mais au Japon, il y a aussi Satoshi Kon. Qui n'est pas manchot non plus.
On avait aimé Perfect Blue, Paprika... Sur le conseil du parrain d'Alma, nous avons regardé (en DVD) Tokyo Godfathers.
Sous ce titre anglais pas terrible se trouve un drôle de film, à la fois chronique réaliste, mélo, comédie outrancière... qui fait référence, je le dis sans en être sûr, à un certain cinéma américain.


Trois clochards (un poivrot, une drag-queen et une ado fugueuse) trouvent un bébé dans une poubelle... On peut imaginer ce qu'une comédie à la française en aurait fait (au secours!). C'est l'occasion pour ce film de raconter une histoire un peu déjantée, avec engeulades, coïncidences impossibles, commérages, courses poursuites, mafieux, soupes populaires... et le portrait, très réaliste, d'un japon qu'on voit peu. Derrière le sujet, un peu glauque, derrière la comédie, on verra de très belles images urbaines, des lumières extraordinaires. Un peu comme Kaurismaki Satoshi Kon sait enchanter la ville et ses paumés, et, sur ce point, le film est de toute beauté. (aucune des images que j'ai trouvées sur le net ne lui rend d'ailleurs vraiment hommage sur ce point)

Ponyo sur la falaise - Miyazaki

Je n'avais pas aimé la bande annonce : dessin naïf, sujet vraiment enfantin et déjà exploré par Disney... Mais j'avais tort. Au fond, c'est le billet d'Eolas qui m'a convaincu de faire quelque chose, tout mon possible, pour voir celui-ci sur grand écran.


Pour notre sortie cinéma annuelle (voir la précédente ici), nous n'avons donc pas pris de risques. C'est une chose triviale à dire, mais M. Miyazaki fait des films merveilleux, celui-ci comme les autres. Voici en vrac ce qu'on y trouvera :
  • un petit garçon et sa maman qui est une vraie maman (qui fait peur parfois)
  • un magicien dandy, cousin fatigué de celui du château ambulant
  • une magnifique scène wagnérienne
  • des messages échangés en morse
  • des poissons préhistoriques
  • une maison de retraite
  • un bateau jouet
  • une apocalypse
  • plein d'autre choses...
  • et une véritable petite fille, qui court sur les vagues

Voilà, j'ai été enchanté, c'est très beau, fait à la main, avec des dessins tout ronds et des grosses vagues avec des yeux. On le montrera à Alma quand elle aura l'âge de Sosuké (cinq ans).


P.S. : Le cinéma de Lausanne où nous étions avait projeté les bande annonces de tous les films d'animation à venir sur nos écrans (Fly me to the moon, Up, Coraline) et si certains peuvent paraître intéressants, la comparaison avec le film de Miyazaki est cruelle.

P.P. S : attention, petits spoilers...
Le film tient un ton très curieux, l'histoire est vue par les yeux d'un enfants mais effleure des sujets très graves, on y voit des grouillements de créatures un peu effrayantes, des tempêtes et des catastrophes naturelles... Mais les bateaux de réfugiés forment une parade colorée et les adultes sont tous responsables... 
Et, concernant la fin, personne ne met en doute l'amour de Sosuké, dieux et adultes font confiance au petit garçon pour tenir ses promesses.
Le film repose ainsi sur un équilibre très fin, très délicat, qui ajoute encore à son charme.