29 août 2019

Citoyens clandestins - DOA

J’avais déjà lu un roman de DOA, par la bande, celui qu’il a co-écrit avec Dominique Manotti. Citoyens Clandestins est un gros roman noir, mettant en scène dans la France de 2001 (celle d’un Internet sans Facebook, des téléphones portables sans écrans tactiles et de l’ambiance post 11 septembre) une apprentie journaliste, un agent arabe infiltré dans les « milieux islamistes », un super agent en roue libre travaillant de loin pour la DGSE et un paquet de policiers, musulmans radicalisés, etc, etc.
C’est bien arrangé, l’intrigue (centrée autour d’un attentat en France) fonctionne bien, la connaissance par l’auteur des mécanismes policiers et administratifs et journalistiques m’a bien plu. DOA est sérieux, n’en fait pas trop dans le sexe et la violence et le roman n’est pas trop pessimiste (si, si). C’est quand même une histoire de mecs qui en ont : je n’ai pas été très convaincu par la peinture des femmes.
Le plus intéressant de ce livre est révélé par son titre : ce qui intéresse DOA, au delà de son intrigue, c’est la peinture de la vie de gens qui, tout en vivant « parmi » nous sont en fait en parallèle de la société : wannabe terroristes, agent infiltré, agent secret. Le roman est aussi, assez curieusement, un roman de super héros (Lynx est une forme de surhomme avec identité secrète) et cet aspect l’a rendu touchant à mes yeux, par la construction assumée d’un fantasme au-dessus d’un récit réaliste.

27 août 2019

Twlight I – Catherine Hardwicke

J’ai regardé une heure de ce film adapté du fameux bestseller de Stephenie Meyer. Après, j’ai craqué. L’ensemble continuera donc à m’échapper, et ce n’est pas trop grave.

26 août 2019

Scènes du chapiteau 2019




Même si je n'en parle pas chaque année, le festival a toujours lieu, le dernier week-end des vacances scolaires (en Suisse). Trois jours de fête magique dans ce creux de verdure, avec les lampions, les constructions en bois, les enfants qui courent partout jusqu'à ce que la nuit devienne très noire, et les concerts et les spectacles. Les Scènes du chapiteau c'est notre festival, par ce qu'on y retrouve tous les copains du village, et des gens qui viennent de loin (amis, amis d'amis venus donner un coup de main pour assembler les structures temporaires) et d'encore plus loin (migrants en demande d'asile venus avec leur énergie et leur bonne humeur). C'est un moment tellement beau que si je voulais inventer une fête magique dans une histoire, je ne saurais que refléter ces mémoires là, c'est tellement beau que rien qu'à évoquer ce souvenir (c'était hier ! seulement hier !), j'ai envie de pleurer d'émotion.


Comme les enfants grandissent, on y reste plus longtemps. Du jeudi soir au dimanche, à la toute fin, pour les dernier applaudissements dans un très beau crépuscule d'été - troisième vague de chaleur sur l'Europe de l'année selon la NASA.
Un tout petit festival écolo, où l'on mange bien, où on boit local, où les musiciens viennent de tout près comme de plus loin. Cette année, j'ai pu écouter plus de concerts, voir plus de spectacles que d'habitude, et je vais tenter d'en dire ici quelques mots, pour un peu plus de souvenirs.



Jeudi soir, nous avons écouté Alfabeto Runico, formation italienne violon/voix plus deux contrebasses. Les chansons des Pouilles étaient réussies (avec de belles orchestrations), le reste marchait moins bien.


Vendredi après midi, un groupe sans nom nous a joué un répertoire sympathique à la Nick Cave. Dommage que le violon ait eu si peu de son.




Vendredi soir, Lada Obradovic Project, un ensemble jazz moderne autour de la batteuse serbe Lada Obradovic. Un moment exceptionnel ! Une musique de chocs, de ruptures, un écho de notre temps.

Samedi j'ai eu un aperçu d'à peu près tous les concerts, même si je n'ai pas pu les écouter tous en entier. Un des plaisirs de faire les présentation est de pouvoir échanger quelques mots avec tous les artistes.



On a commencé avec le Bric à brac orchestra : chansons à jeux de mots dans l'esprit de Boby Lapointe et instruments bricolés. De beaux moments de jeu et de poésie.


Puis j'ai eu quelques aperçus du spectacle Bivouac de la compagnie Matita, dans la forêt.


Nous avons ensuite enchaîné avec un très beau concert de l'ensemble Quatro Vozes autour des compositions d'Edgberto Gismonti, une musique sophistiquée, entre classique et jazz, construite autour de la guitare à six comme à dix cordes. Les musiciens avaient un jeu exceptionnel de précision.

J'ai aperçu des moments du spectacle Itinérances de la compagnie Muances, mêlant danse, violoncelle, jeu théâtral.


Du concert d'Alexandre Castillon et les bookmakers (accompagné à la viole de gambe) je n'ai entendu que la belle reprise de Brassens du rappel.


Au crépuscule, sur la petite scène bleue, a joué un très énergique trio blues venu de Montpellier, My Joséphine, autour de la chanteuse Bett Betty. Ca envoyait du bois !





Puis mon moment préféré du week-end, le concert de No mad ? Cabaret fantastique, interprétant leur spectacle Idomeni. Une magnifique présence scénique, de beaux textes, un univers puissant... Nous avons adoré.




Enfin, dans la nuit tombée, le bateau s'est élancé sur les musiques atmosphériques d'André Losa pour un moment de magie pure.




Avant que la nuit se conclue sur un énergique concert du Barcelona Gipsy BalKan orchestra.

Le dimanche est toujours une journée un peu étrange. L'été, les vacances, le festival se terminent. 


Nous avons eu la chance de re-voir les Colporteurs de rêves, un duo-trio entre cirque et chanson qui déploient une énergie de folie pour un spectacle très drôle, social et réflexif qui s'adresse à tous les âges.


Le festival s'est terminé avec un concert des Zézettes Swing (devenus Bleu Amarante), du néo-Swing 30s-50s plus vrai que vrai avec des compositions au discours écolo sur un ton léger, entre revival Django, triplettes de Belleville et petites touches de Louis Armstrong. Une belle conclusion pour un grande édition.

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Finding Neverland – Marc Forster

Vu peu de temps après Miss Potter, un autre biopic en costumes sur un créateur pour enfants des années 1900. Cette fois-ci, meet J.M. Barrie, joué par Johnny Depp (l’acteur favori de la population de moins de douze ans de notre foyer), avec Kate Winslet dans le rôle de Sylvia Llewelyn Davies.
C’est compassé comme il faut (moins que Miss Potter), victorien comme il faut et ça raconte une histoire d’amour sage comme l’époque pouvait en créer. Johnny s’en sort bien pour créer le personnage lunaire de J.M. Barrie. Kate Winslet est très bien aussi. Le film donne une idée de ce qu’a pu être la pièce de théâtre Peter Pan.
Le scénario est juste assez exaspérant dans sa tentative de montrer que toute l’histoire de Peter Pan s’explique par la vie et l’expérience personnelle de Barrie. Pour un film qui ne parle que d’imagination, être aussi faux sur l’acte de création est un peu lassant. Le film reste agréable à regarder toutefois.




25 août 2019

Le lièvre de Vatanen – Arto Paasalina

La lecture du cantique de l’apocalypse joyeuse, du même auteur, a été une de mes révélations littéraires de ces derniers mois. J’ai voulu découvrir le lièvre de Vatanen, roman plus ancien de quinze ans, qui a rendu célèbre Paasilinna.
Donc Vatanen est un journaliste désabusé. De retour d’un reportage ennuyeux, il percute un lièvre avec sa voiture. Et au lieu de repartir, décide de soigner puis d’apprivoiser la bête.
Le roman raconte ses aventures subséquentes, sur une mode ironique et grinçant, se confrontant au conformisme finlandais, sa découverte de la vie dans la nature, à construire des cabanes dans la forêt, lutter contre les incendies, convoyer du bétail… 
C’est drôle, enlevé, ça se lit bien. Formellement, le cantique de l’apocalypse joyeuse fonctionne de la même façon avec un récit plus cousu et construit. Le lièvre de Vatanen est plus une série de saynètes moins liées les uns aux autres. Le livre a du charme, mais il ne m’a pas autant enthousiasmé que le cantique.

24 août 2019

Maigret tend un piège – Simenon

Après une première découverte heureuse, un second Maigret (qui traînait dans ma pile). Un tueur de femmes sévit dans Paris en plein été. Dépassé, Maigret monte un plan compliqué pour l’attraper. Plus qu’un roman policier d’enquête, celui-ci tend vers le thriller. Un thriller parigot des années 50, entendons-nous bien, avec vieilles Peugeot, bières fraiches (encore) et butte Montmartre. Mais un thriller quand même. La psychanalyse du tueur en série (car c’en est un, même s’il n’est pas nommé ainsi) est assez légère et le roman s’intéresse plus à la psychologie morale du policier qu’à la question du mal, mais ça reste très agréable à lire.
Si un autre me tombe sous la main, je le lirai. 

23 août 2019

Serpico – Sidney Lumet

Deuxième (et dernière ?) étape de notre cycle Al Pacino.
Serpico est un flic d’origine italienne, honnête dans la police corrompue de New York dans les années 60. Un lanceur d’alertes à l’époque où le terme n’était pas encore consacré. Le personnage est réel, son histoire aussi. Le film en est l’hagiographie pesante et lourdement christique. J’ai aimé voir tous les costumes de Pacino et son évolution physique (je n’avais pas réalisé que ce type était tout petit !), ainsi que les décors crasseux de NYC de l’époque, servis par une image saturée aux noirs qui bavent. C’était quand même un peu long.





22 août 2019

Miss Potter – Chris Noonan

Biopic en costumes sur l'autrice Beatrix Potter, celle des petits livres pour enfants animaliers du début du siècle que vous avez peut-être eus entre les mains quand vous aviez moins de six ans (moi je les ai eus, mais je les avais déjà trouvés ringards). Fort heureusement, le film ne s'attarde pas là-dessus, mais plutôt sur la société victorienne qui ne permet pas à une fille de la bonne société à la fibre naturaliste et au célibat assumé de vivre comme elle veut.
La représentation de la société incroyablement guindée de cette époque est réussie et les sourires crispés de Renée Zellweger en originale complètement zinzin et la retenue et la moustache d'Ewan Mc Gregor m'ont bien convaincu. Le film est fait sans génie mais honnêtement, il nous a permis d'avoir de bonnes discussions avec les enfants.





21 août 2019

Mes voisins les Yamada – Takahata

Nous avons découvert en famille ce Takahata que je n'avais jamais vu, rebuté peut-être par le dessin "griffoné", qui a aussi surpris les enfants ("mais plus tard, ce sera bien dessiné ?").
Chronique humoristique d'une famille japonaise, avec le papa salaryman, la maman ménagère peu motivée, la grand-mère décidée à vivre longtemps, le fils sous pression scolaire et la fille aux yeux grand ouverts.
Le récit et les gags du quotidien dérapent dans la poésie, le rêve, la peinture, les haikus. C'est doux, drôle, juste, mélancolique. Les personnages sont des gens moyens et le film nous fait aimer les gens moyens. Comme souvent chez Takahata, la forme est incroyablement libre, fragile et enchanteresse.





20 août 2019

Deep Rising – Stephen Sommers

Une bande de mercenaires débarque en pleine nuit pour une opération mystérieuse à bord du plus grand navire de croisière du monde. Mais tempête, orage, tout se passe mal, tout le monde a disparu. Car, dommage, le navire a été attaqué par un gros monstre des familles.
J'avais vu ce film à la sortie, j'ai été curieux de le revoir d'autant que Stephen Sommers s'est fait ensuite un nom dans le gros film d'action qui tache second degré.

Ca se laisse regarder, le personnage de Joey (le geek prudent) m'a fait rire, mais l'ensemble est lourd, lourd, lourd. J'ai trouvé dommage que disparaisse si vite la fille chinoise (et sans émotions, alors que c'est la copine de Joey selon le script). A l'époque, l'escalade dans l'énorme et le n'importe quoi m'avait fait rire. Là, elle m'a lassé.
(et le "héros" a le charisme d'une huître, ça n'aide pas)





19 août 2019

La lettre volée – Edgar Poe

Relecture d'un classique, découvert vers l'âge de douze ans, je ne savais pas à l'époque que le traducteur était fameux. Je l'associe intérieurement aux disparus de Saint-Agil et aux histoires de Sans-Atout, toutes publiées chez Folio. Sans jamais l'avoir relu, je me souvenais très bien de l'endroit où se trouvait la lettre.
A la relecture de ces deux histoires traduites par Baudelaire, je trouve que si le type de récit est original (le récit de déduction), le style très lent, verbeux et pesant et les intrigues très très capillotractées, sans compter l'absence totale de charisme de Dupin, rendent ces textes tout à fait indigestes. Pourquoi faire lire cela à des enfants ?

18 août 2019

La fille de d'Artagnan -- Bertrand Tavernier

Philippe Noiret en d'Artagnan, Sophie Marceau, film français en costumes... Quand Cecci a proposé qu'on regarde ce film avec les filles, je n'ai pas été très enthousiaste. Je l'avais déjà vu et n'en gardais pas un grand souvenir.
Ce qui est bien la preuve de ma mémoire défectueuse.

Oui, Sophie Marceau fait la pimbêche (ce qui va très bien dans ce film). Mais ça a du rythme, un humour permanent, des vieux mousquetaires incohérents avec Dumas mais dans l'exact esprit des personnages (entre héroïsme fatigué et dérision), un cardinal Mazarin qui voit des complots partout et en invente quand il ne les voit plus (à raison). Claude Rich en méchant très méchant et presque attendrissant. Les combats à l'épée "à la française" sont très bien, les chevaux aussi, les décors très bien choisis. Et le jeune Louis XIV en garçon au visage rond, sérieux, porté sur les femmes, est vraiment formid.
Bref, un très bon film. Bien meilleur par exemple que certains des classiques avec Jean Marais (plus féministe, moins raide et ennuyeux) ou que les reprises américaines des mêmes thèmes.

Ha, l'édit de Nantes. Ne jamais le révoquer. J'ai oublié de le lui dire. Bah, tant pis.









17 août 2019

La loterie — Shirley Jackson

Ce recueil de nouvelles m'est arrivé précédé d'une jolie réputation : enthousiasme de Nébal, enthousiasme de la libraire qui, au moment où je soulevais le bouquin, m'a dit combien elle l'avait aimé. Et le fait qu'un des prix littéraires les plus fameux aux USA est le Shirley Jackson award.
La loterie est le premier conte de ce livre, mettant en scène une communauté rurale aux Etats-Unis se rassemblant pour une fête dont on ne comprend que tardivement la nature. L'histoire est si noire qu'elle poussa, à parution, une quantité d'abonnés du New Yorker à se désabonner. Et oui, c'est un récit remarquable.
Le recueil contient une série de courts récits, caustiques, noirs, jouant sur la paranoïa et l'angoisse. Pas vraiment fantastiques, mais jamais très loin. Ils sont efficaces, écrits au cordeau, sans jamais un mot de trop, le mieux qu'on puisse faire dans le domaine de la nouvelle pour magazine (très proches, dans leur registre, de ces récits de Roald Dahl, ou bien de certaines nouvelles de Bradbury, par exemple).
Si l'ensemble des récits est réussi, deux autres textes sortent du lot pour moi : celui de la jeune fugueuse qui reprend contact avec ses parents des années après, et la plus longue nouvelle, celle du couple de vacanciers qui décide de rester une semaine de plus au bord du lac, dont la construction et le niveau d'angoisse m'ont fait penser à certaines ambiances de Stephen King.
Maintenant, au risque de décevoir ma libraire, je n'ai au final pas tellement aimé ce livre. Les textes sont tous techniquement très réussis, mais je les trouve datés. Intéressants en tant que témoins de leur époque et d'un certain goût littéraire, mais plus du tout au goût du jour, ou du moins plus à mon goût.



16 août 2019

Scarface — Brian de Palma

Celui-là, c'est un énorme classique.
Dans ce film, on trouve : une esthétique 80s flashy au possible (chemises à grands rabats et Cadillac aux sièges léopard), Al Pacino dans son meilleur rôle, des montagnes de coke, un type qui se fait découper à tronçonneuse, Michelle Pfeiffer qui me fait penser à une étrange créature insectoïde, des truands malins et des truands pas malins, des mitraillages, de la violence, et un personnage de gangster tellement horrible et réussi, Tony Montana, qu'il est devenu une référence pour les gangsters eux-mêmes.