Bracken retourne à l'école où il enseignait le dessin. Il avait fui, mais on a besoin de lui. Elliot a disparu de sa petite chambre. Les indices sont épars, la tapisserie se décolle du mur, parfois les lignes qui dessinent les choses deviennent visibles... Et personne n'a organisé la kermesse, les enfants courent partout et jouent avec rien.
La quête n'a rien de régressif même si, on le voit avec Bracken, la régression en est un des dangers. Elle mènera aux plus grands étonnements par les voies les plus simples, à condition qu'on sache les voir, il est si facile de passer à côté.
Elliot participe de se chemin. On se perdra, on se cognera avec l'auteur contre les murs de l'indicible, de l'indéssinable. On jonglera, on se plantera parfois, mais les réussites justifieront tous les échecs. Et mon regard changera avec le sien.
Near a tree by a river
there's a hole in the ground
where an old man of Aran
goes around and around
Chaudement conseillé par vous, je me suis mis à lire ce texte. J'en suis aux deux tiers, mais je me mets à lire en diagonale depuis 20 pages, ça ne va pas du tout, je ne pense pas que je le terminerai...
RépondreSupprimerIl y a une bonne chose, et plusieurs qui ne vont pas. La bonne chose, à mon avis, est la première partie (100 pages en gros) en chambre close avec 5 personnages, une sorte de pièce de théâtre avançant à la vitesse de la dérive des continents, très très doucement, dans l'exploration (littéralement) d'un angle de la pièce, autour du Godot-Eliott. C'est singulier, cela fonctionne à peu près, il y a une musique, un rythme lent qui détonne.
Bien sûr, déjà dans ces 100 premières pages, il faut effacer du texte les "tortues", les micro dialogues incongrus qui s'incrustent dans la narration, la brisent, la gâchent. Mais hop, après un petit moment, on met la main dessus et on lit juste la prose, ça fonctionne bien. (Vraiment, ces paroles de tortues, n'y avait-il pas un éditeur pour lui dire de les supprimer?).
Ce qui ne fonctionne plus est quand le texte se dédouble, quand on a alternance de 2 temps narratifs, d'une part dans la cabane avec le morse, d'autre part dans l'école. Vraiment ce livre démontre que cette structure en double narration, très banale et aussi très bancale (et que ceux qui n'ont pas zappé les moments Yoda de l'Empire Contre-Attaque osent venir nous mentir en face). Je cherche vainement l'exemple d'un seul texte où cette double structure - le même personnage dans 2 temps, un chapitre sur deux - est une réussite. Un petit défi à vous lecteurs.
Pourquoi cette double narration à iso-narrateur (ou iso-personnage) signe-t-elle l'échec? Je pense que la raison est toute bête: parce qu'elle dit que les aleas vécus par le personnage dans l'une de ces narrations n'ont plus aucun suspense - on sait par la simple existence du deuxième temps qu'ils n'ont aucune conséquence. C'est ainsi que le lecteur perd tout intérêt pour le texte... Et que je me mets à lire en diagonale telle scène de tempête puisque ça finira sans mal et que la page tournée les vêtements du héros ne seront même plus mouillés.
A part cela, en effet, on voit bien que l'auteur n'a aucune idée de ce qu'il veut raconter, et ce n'est pas super grave. Les références à Mallarmé auraient pu être une catastrophe mais elles ne sont pas trop appuyées (n'y avait-il pas un éditeur pour lui dire que le sonnet en yx c'était sympa de le connaître par coeur pour épater les filles à la sortie d'Henri IV à 15 ans mais qu'on avait grandi depuis?).