15 août 2019

Maigret et le fantôme – Simenon

Je n'avais jamais lu de Maigret. Cecci, qui y cherchait des idées d'intrigues policières, avait attrapé celui-ci et n'avait pas été convaincue, notamment par tout ce qui touchait aux femmes, et par le côté bon bourgeois du personnage. Rien de tout ça n'est faux, mais j'ai aimé quand même.
Ma France des années 50, jusque maintenant, c'était plutôt les histoires de Nestor Burma (dont je reste un grand amateur). Passer du côté de Maigret, c'est passer du côté des flics et du parti de l'ordre. Maigret est un lent, un calme, une bête de labour. L'histoire se passe dans le Paris des concierges, des bières fraiches servies dans des brasseries, un monde où une jeune femme vivant par elle-même attire encore l'attention. Comme le murmure d'un monde que je n'ai qu'un tout petit peu connu, et qui me rappelle tendrement mon grand-père.
Dans cette histoire, un flic malchanceux se fait tirer dessus et un collectionneur de tableaux néerlandais aux moeurs assez libre fait le malin avec le commissaire Maigret. L'intrigue est assez intéressante, mais plus que tout j'ai aimé l'ambiance et le style de Simenon. J'en lirai d'autres, si l'occasion se présente.

14 août 2019

L'énigme des blancs-manteaux – J.B. Parot

Un jour, peut-être, je ferai jouer des scénarios sous l'ancien régime. Paris, 18ème siècle, des meurtres mystérieux, des intrigues, des bagarres, des bas-fonds jusqu'à la cour... Pourquoi ne pas lire les enquêtes de Nicolas Le Floch pour se documenter ?
Pour être honnête, ça se lit vite, c'est écrit honnêtement, l'univers et l'intrigue sont stimulants. Ce livre est un excellent sourcebook de jeu, contenant plein de détails qui font vrai pour pouvoir faire s'agiter des personnages dans ce petit monde si proche et si lointain, où on laisse de la viande à pourrir dans la cave pour qu'elle ait plus de goût, où on clopine dans des rues boueuses, où le préfet de police collectionne les perruques.
L'intrigue marche assez bien (et est sans doute jouable). 
Littérairement, on voit la doc apparaître à chaque coin de page. Les personnages sont tracés au tranchet, c'est un peu macho et un peu dégueu, pour le frisson. Rien de déshonorant, mais on est loin de l'inventivité langagière de Robert Merle dans les Fortune de France, il me semble (à relire un jour – j'ai lu ça avant le temps d'Internet, je peux avoir oublié).

13 août 2019

Harry Potter et la coupe de feu #2 – J.K. Rowling

Après un premier article où je faisais part de mes doutes éditoriaux sur ce roman de fantasy, je suis venu à bout du bouquin, après avoir abandonné l'exaspérante version audio avec Bernard Giraudeau,  que je trouve en fait vraiment très mauvaise. Ce quatrième épisode marque donc un tournant : le roman enfle et les enjeux aussi. Harry grandit et les méchants deviennent de plus en plus méchants, on quitte l'histoire enfantine puisqu'un personnage sympathique meurt.
La fin souffre comme celle des autres romans du syndrome de Scoubidou (mais c'est le directeur du parc d'attraction !), quand les masques tombent et que les gentils s'avèrent être des méchants et certains méchants des gentils.
J'ai eu toutefois l'impression de voir le train passer depuis le quai : toute cette agitation était amusante, mais réellement intéressante. Le petit monde des sorciers, trop incohérent et tournant trop sur lui-même, ne m'intéresse plus.

12 août 2019

Matrimonio all'italiana – Vittorio De Sica

Ce film est la version cinématographique de la pièce de théâtre Filumena Marturano, que vous avions vue du temps que ce blog était jeune.
Don Domenico est une bourgeois napolitain (et il est joué par Marcello Mastroianni), Filumena (Sophia Loren !) est une ancienne prostituée que Don Domi établit comme sa maîtresse sans jamais l'épouser (les convenances...). Comment, après vingt ans de ce régime, Filumena va s'arranger pour se faire épouser, c'est le sujet de l'histoire.
Ce film est une comédie avec des moments tristes, ou un drame social parfois très rigolo. On traverse vingt ans d'histoire de Naples. Les personnages braillent et crient et s'engueulent à qui mieux mieux. Mastroianni parle avec les mains, Sophia Loren jette des regards terribles sont ses longs cils. Elle est belle à se damner, don Domi est macho et stupide (mais on l'aime quand même et on comprend qu'elle l'aime). Et l'ensemble du film est formidable.

On note que c'est le même couple d'acteurs que dans une journée particulière. Les voir dans deux registres si différents, sans que jamais un film en rappelle l'autre, montre l'étendue de leur talent.




 

11 août 2019

La disparue de Collinton Park – Minette Walters

Voici un roman récupéré dans une boîte à livres, qui a traîné deux ans dans ma pile à lire, que j'ai failli donner plus loin en avril dernier... avant de relire le texte du quatrième de couverture :
Brillant anthropologue spécialiste des erreurs judiciaires, Jonathan Hughes est confronté à une affaire complexe : il y a plus de trente ans, dans la petite ville de Bournemouth, dans le Dorset, un jeune marginal a été accusé du meurtre de sa grand-mère.
Incapable de prouver son innocence, le pauvre garçon a fini par se pendre dans sa cellule.
Épaulé par la conseillère municipale qui attire son attention sur cette affaire...
Or, full disclosure, il s'avère que les hasards de la vie m'ont amené à passer trois mois à Bournemouth au début de cette année et à m'intéresser aux particularités de l'histoire locale (c'est par exemple dans cette station balnéaire endormie et ennuyeuse qu'est mort JRR Tolkien, qui venait chaque année y passer ses vacances - aucun rapport avec le roman). Ca m'a donné envie de reprendre le livre.

La disparue... est un roman policier dont l'enquête est menée par des non-policiers, par curiosité, appât du gain (l'anthropologue veut, au début, en faire un bouquin) et sens de la justice. Les personnages en sont remarquablement bien écrits, très vivants, Jonathan l'immigré-qui-a-réussi et qui a peur dans l'Angleterre post-attentats à cause de son teint basané, et George, la conseillère municipale dépressive, engagée, drôle et mal dans sa peau. La manière dont les relations entre ces deux là s'établissent (sur de très mauvaises bases) est une très bonne scène d'introduction. L'enquête menée trente ans après les faits, le portrait social de la ville, de la police, les relations de familles tordues mises en avant... tout cela est très bien fait et on a là un roman assez remarquable, qui ne prétend pas être plus qu'il n'est, mais qui remplit très bien son contrat. Roman policier, roman social, de caractères. Plutôt pas mal.
Et si Minette Walters a écrit d'autres romans se passant dans le sud de l'Angleterre, je serai curieux de les lire.

10 août 2019

Les mille et une nuits - John Rawlins

Je ne sais pas ce que nous imaginions voir en empruntant ce film. Sans doute une sorte de Jason et les Argonautes avec des effets spéciaux de Harryhausen. Et bien ce n'est pas le cas.
Les mille et une nuits est un péplum oriental, sans magie ni rien, tourné dans les année 40 pour distraire les soldats. Il y a une danseuse "sexy", un calife en exil viril et un jeune acrobate indien pour la couleur locale. C'est du carton pâte tout le temps, la musique est très mauvaise et l'histoire tellement irrégulière qu'elle en devient drôle, malgré quelques idées amusantes. Ce film nous a permis d'expliquer aux enfants ce que c'était que le cinéma de distraction hollywoodien. On a ri, on s'est amusés en famille, mais vous pouvez ne pas le regarder, ça n'en vaut pas la peine, même si le technicolor en envoie plein les yeux.






 

09 août 2019

Avril et le monde truqué – Franck Ekinci et Christian Desmares

Dans une uchronie bizarroïde, le monde fonctionne au charbon de bois (et les forêts sont rasées), Napoléon III est toujours empereur (à moins que ce ne soit son fils, j'ai oublié) et les parents d'Avril, une jeune fille débrouillarde dotée d'un chat qui parle – pour une bonne raison, ont disparu.
Ce film d'animation français est très réussi. Design par Tardi, côté Adèle Blanc Sec plutôt que 1ère guerre mondiale, une histoire foldingue bien écrite et un chat qui parle sans donner envie de le flinguer.  C'est foufou, c'est drôle, le récit s'étend de 1870 à 1969, il y a des hommes-lézards et une maison qui marche qui fait clairement référence au méta-bunker de l'Incal, que demande le peuple ?
Celui-là aussi, les enfants l'ont aimé. On n'est pas chez Miyazaki ni chez Ghibli, mais ça reste de la bonne came.