24 septembre 2023

Histoires sans gloire... -- à la Tournelle

 
Histoires sans gloire et pratiquement sans péril pour 4 voix sur pente raide, par le collectif moitié-moitié.
 
Nous avons vu hier soir à la Tournelle, près de chez nous, un spectacle très curieux, difficile à résumer et très recommandable. Quatre chanteurs, deux hommes et deux femmes, soprano, alto, ténor, basse, font un récital de "chants de montagne", ce type de chanson à la poésie un peu fanée exaltant la beauté des sommets, les pâtres, leurs troupeaux, les chalets, ou la douceur de la rivière du Doubs. Du type, "là haut, sur la montaaaagne, l'était un vieux chalet". Tout ça, très suisse, très alpestre. Chant choral, montagne, etc. 

Sauf que. Mais.

Le récital déraille un peu, puis un peu plus. Dans le comique, dans le bizarre, dans l'inquiétant. Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, juste des choses qui se passent sur scène, des effets, des sentiments, des accumulations de voix, des scènes dialoguées... Les chanteurs deviennent comédiens, des situations absurdes apparaissent, on rit parfois, on est perplexe, on rit plus, on est de plus en plus perplexe... La mise en scène (et en lumières !) est habile, on est saisi, et à la fin, curieusement, on entend vraiment la montagne, là, dans notre petite salle de théâtre. La montagne, ses silences et ses peurs. On part des chansons, on arrive à Derborence.

Ce spectacle étonnant m'a vraiment intéressé et troublé, bien plus que des trucs bien plus prétentieux vus de biens plus grands théâtre. Je le recommande chaudement.





27 juillet 2023

Pirate Enlightment -- David Graeber


Une petite lecture de pirates (oui, ça continue), attrapée dans une librairie en Ecosse.

Cet essai de David Graeber parle de la "vraie" Libertalia, d'après le nom de l'Etat pirate du capitaine Misson, qui aurait existé à Madagascar.

La thèse de Graeber est la suivante : il aurait existé, dans le nord de Madagascar, au début du 18ème siècle, une sorte de confédération malgache anarchiste, la confédération Betsimisaraka, différente des groupements politiques du lieu et de l'époque, fondée par des locaux, hommes et femmes, et des descendants de pirates caraïbes établis dans le coin. Ainsi serait né un premier état égalitaire du 18ème siècle.

Les témoignages sur l'époque sont rares, l'archéologie ne dit pas grand-chose. Graeber se base sur son travail de terrain à Madagascar durant sa jeunesse et sur un étonnant manuscrit français datant du milieu du 18ème siècle décrivant l'histoire de la grande île. Bien sûr, rien ne prouve positivement la thèse de Graeber, mais rien ne l'infirme non plus et de nombreux éléments de récits et de preuves sont intéressant.

Le livre est surtout très stimulant dans sa démarche, incluant certes les Européens, mais aussi les locaux, les nombreuses couches de migrations sur la grande île (musulmans, juifs, différents groupes parlant swahili), développant le rôle et la place des femmes (et leur magie sexuelle/amoureuse). Ce monde malgache n'a pas attendu que les Européens le rencontrent pour exister, il n'était pas immobile quand les français ou les Anglais l'ont rencontré, c'est évident, mais ça fait du bien de se s'en rendre compte.
Graeber pense large, nous décentre et fait rêver.

Et oui, une forme de Libertalia a pu exister, faisant parler jusque dans les cours d'Europe.

29 juin 2023

La messe en ut de Mozart

 C'est très rarement que j'essaie de parler de musique sur ce blog. Ce support servant à partager ce que j'ai aimé et à garder quelques impressions d'oeuvres rencontrées, je vais essayer de mettre quelques mots sur notre sortie d'hier. Et comme c'est de la musique et que je ne suis pas musicien, ça risque d'être assez maladroit.


Trigger warning : sortie culturelle de bourgeois, public à cheveux blancs, musique classique.

Nous sommes allés hier soir à la cathédrale de Lausanne écouter la messe en ut de Mozart interprétée par l'ensemble vocal de Lausanne (EVL), avec l'orchestre de chambre de Lausanne (OCL) et quatre solistes (Berit Norbakken : soprano, Marianne Beate Kielland : mezzo-soprano, Thomas Walker : ténor, Tobias Berndt : basse) sous la direction de Daniel Reuss.
J'ai l'air de parler de tous ces gens-là comme si je les connaissais, mais à part l'OCL, que nous avons entendu en concert une douzaine de fois, tous ces noms me sont inconnus. Je les colle là pour mémoire, voir intro, et pour me souvenir au cas où on les recroiserait au détour d'un autre concert.

La messe en ut de Mozart, découverte sur la BO d'Amadeus, est une de mes pièces de musique classique préférée. J'en ai écouté plein de fois l'interprétation de Leonard Bernstein, ça me bouleverse à chaque fois (larmes aux yeux, frissons, etc.), alors que j'ai vu qu'on la jouait à côté de chez nous, j'ai dit on y va ? à Cecci et elle a dit go.

Tenez, voici le Kyrie, avec Natalie Dessay



Long story short : tout n'était pas parfait, mais c'était quand même très bien.

L'ensemble a commencé par interpréter le Psaume 42 de Mendelsson, pièce que je ne connaissais pas, qui a permis d'illustré la vivacité du choeur de l'EVL et la qualité de la soprano, notamment lors des moments d'échange avec le choeur.

Puis on est passé à la messe de Mozart, sur laquelle j'avais bien sûr de grosses attentes.
Je commence par ce que je n'ai pas aimé : l'orchestre écrasait un peu le choeur et passait parfois en force (sur le Mendelsson ça se voyait beaucoup, et un peu lors de certains passages de la messe, comme le Gloria). Par ailleurs, le ténor (pas dépourvu de souplesse vocale) avait un peu de mal à se faire entendre (dans le quoniam, par example).

Après, parmi ce que j'ai aimé : un très beau kyrie (bon, faut pas le louper, c'est au début. Mais il l'équilibre orchestre-choeur-solo fonctionnait très bien).
Les deux chanteuses (Berit Norbakken pour la voix de soprano et Marianne Kielland en mezzo soprano) étaient vraiment formidables de finesse et d'énergie joyeuse. J'ai trouvé le Laudamus Te, un échange entre la mezzo soprano et l'orchestre, très proche de l'opéra avec des effets proches par exemple des grands airs de la flûte enchantée.
Le chef ne manquait pas d'énergie mais est aussi parvenu à ménager de beaux moments de douceur et de finesse qui m'ont beaucoup ému. L'orchestre et le choeur étaient parfaitement en place, très pros.

Et surtout, écouter une pièce en concert est un moyen de redécouvrir la partition. Bernstein accentue le côté religieux et solennel de la messe en ut et fait sonner les vagues de violons et en orchestrant magnifiquement les différentes voix du choeur (tenez, je colle ici le Gloria - ça envoie du bois).



Hier soir, j'en ai entendu les moments de légèreté et de grâce et j'ai rêvé à Wolfgang voulant faire de l'épate (pour Constance ? Son papa ? Son ancien employeur ?) en voulant faire une musique à la fois inspirée, solennelle, puissante et pleine de joie de vivre, avec des chanteuses d'opéra faisant des vocalises charmantes et tellement belles.

Un des derniers mouvements est le Et Incarnatus Est, échange entre chanteuse solo, flûte, hautbois, basson et orchestre. Un moment magnifique qui m'a bouleversé. Je le réécouterai maintenant en pensant à ce moment précis où nous étions à la cathédrale, un soir d'été, passant pour un temps au-dessus des soucis du monde.









01 mai 2023

Donjons & Dragons - l'honneur des voleurs - Jonathan Goldstein



Voilà un film d'aventures de fantasy, avec une imagerie kitsch, des grosses bastons, des acteurs honnêtes mais pas fous, un scénario reposant sur des ressorts habituels, de l'humour, de la bagarre, de l'humour encore et encore de la bagarre, de la magie qui fait boum, des créatures insolites, etc... Et des personnages aux noms franchement bof (si, si, pensez-y. Xenk le paladin, vraiment ?). Ca devrait être nul. Regardez la bande annonce pour vous en convaincre, vous avez déjà vu ça un paquet de fois, oui, oui.




On est allés le voir avec Marguerite, on a beaucoup rigolé et on en a beaucoup reparlé. Alors oui, partager un film au cinéma avec notre héritière, c'est déjà très précieux. Et ensuite, c'est assez difficile à expliquer, mais ce film est super.

Les lectrices et lecteurs de ce blog/carnet de notes culturel le savent depuis longtemps, le jeu de rôle est une des grandes affaires de ma vie. Et nous autres, les rôlistes, aimons en particulier certains films, qu'on qualifierait volontiers de "films de rôlistes" : qui mettent en scène une bande de personnages héroïques, un peu décalés parfois, qui échangent entre eux des blagues méta sur ce qui se passe et construisent des plans improbables qui parfois échouent - mettons Chevalier, ou les Goonies, ou Princess Bride, ou la série The Expanse... Je suis sûr que vous en trouverez plein d'autres dans vos mémoires.

D & D, l'HdV, a clairement la volonté de faire un film de rôlistes, c'est même un peu l'idée du truc. Les héros donnent l'impression d'avoir été créés par vos copains/copines du samedi soir dans un esprit de bon délire ensemble. L'histoire semble à la fois scriptée par le MJ et avoir des détours bricolés au fur et à mesure lors de ces moments d'impros où on rigole tous ensemble et/où une bonne idée a émergé. Disons que cette tablée de joueuses et joueurs a envie de faire de l'aventure, avec plein de bagarre et de décors insolites et grandioses, d'objets magiques spectaculaires, de monstres, de la romance (la scène entre Holga et son ex...) et que le MJ adore cabotiner en faisant le méchant. Durant la bagarre finale on croit entendre les joueurs crier autour de la table les actions de leurs persos pendant que le MJ lâche sur eux sort de niveau 7 sur sort de niveau 7.

Et tout ça crée un récit avec une grâce particulière. Au-delà des rebondissements réussis, du rythme énergique et des personnages bien campés par des acteurs qui font leur boulot (je n'aime pas Chris Pine, par exemple, mais son personnage marche très bien), D&D l'HdV est un film qui a su toucher le rôliste en moi et dire quelque chose de ce que j'aime quand nous nous racontons des histoires ensemble.

Après tout, le jeu de rôle est une des grandes affaires de ma vie.


Les trois mousquetaires - Martin Bourboulon

 Est-ce que j'aime les Trois mousquetaires ? Le roman, je veux dire. Oui, non, je ne sais pas. La première partie, l'histoire des ferrets, est assez rigolote. La deuxième partie, avec Constance, enlevée et Milady, méchante méchante, je suis moins preneur. Certaines scènes sont mythiques, d'autres tiennent moins la route, Dumas enchaîne traits de plume foudroyants et blasblas ennuyeux.

- Comment vous appelle-t-on, mon brave ? dit Athos.
- D’Artagnan, monsieur.
- Eh bien, Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, en avant ! cria Athos.
- Eh bien, voyons, messieurs, vous décidez-vous à vous décider ? cria pour la troisième fois Jussac.
- C’est fait, messieurs, dit Athos.
- Et quel parti prenez-vous ? demanda Jussac.
- Nous allons avoir l’honneur de vous charger, répondit Aramis en levant son chapeau d’une main et tirant son épée de l’autre.

(là, on est plutôt dans la première catégorie)







Cette millième adaptation en film à grand spectacle offre quelques trucs intéressants : le sourire et l'énergie de François Civil en d'Artagnan. Des chevaux magnifiques, des épées, de la bagarre, des châteaux et des extérieurs magnifiques, des intérieurs qui envoient, un Vincent Cassel qui plante un bel Athos (trop vieux, mais bon). Et j'ai adoré Louis XIII, à la fois beau, fragile et indécis, de loin le meilleur personnage du film, et le plus nuancé. Anne d'Autriche est très bien aussi.

Il y a aussi quelques spectaculaires ratages. Trop de coups de flingue. Le filtre marron-dégueu-crado sur l'image. Porthos, insignifiant. Aramas, répugnant. Richelieu (le grand méchant evil guy, quand même) complètement raté et pâlot - Eric Ruf et moi devons être incompatibles. Buckingham est raté aussi, mais je n'ai jamais aimé le personnage, ni ici, ni chez Dumas. Milady bof bof, sauf quand elle se déguise en duchesse blonde pour bluffer d'Artagnan.

Le scénario, à la fois fidèle et prenant des détours (les Protestants, ha ha ha) ne m'a pas gêné. 

Tout ça se laissait regarder sans déplaisir.



26 mars 2023

Pirates, encore (pot-pourri)

Je lis pas mal de trucs en ce moment et ce blog ne suit pas trop. Voici quelques autres lectures de pirates, pour futurs MJs de Pavillon Noir et autres amateurs de voile.

La république du crâne, Bruegas au scénario, Toulhoat au dessin




Cette bande dessinée est un peu le pendant du roman de Sylvain Patteau. On y trouve des pirates épris de liberté affrontant un méchant gouverneur, des esclaves noirs libérés, des chefs charismatiques, des aventures marines plutôt réalistes et une forme d'a-historisme. Honnêtement, c'est très bien fait et très sympa, mais je voyais vraiment les ficelles, comment c'était fait, ce que les auteurs voulaient dire. On est dans du récit de pirates début 21ème siècle, sous l'influence de Rediker. Un truc frappant : deux idées fortes du livre étaient présentes, telles quelles, dans ma campagne de jeu de rôle (avant que je le lise) : le capitaine charismatique mais pas marin, et la scène de l'apparition de la reine africaine. Le jeu de rôle étant un très bon moyen de capter l'air et les clichés du temps, j'en déduis que ce livre en fait autant.

Par ailleurs, le dessin est très cool, les bateaux sont bien dessinés (et c'est dur !) et il y a plusieurs belles scènes. Je recommande la lecture.

Barracuda T1 à 4, Dufaux et Jeremy



Une histoire shakespearienne sur une île de la Tortue fantasmatique et pas réaliste, avec troubles dans le genre, vieilles vengeances, diamant maudit. Dufaux est roué, il sait dérouler ses mécaniques narratives pleines de violence et de sexe, et l'ensemble n'est pas très intéressant. Je n'accroche pas du tout au dessin.

Raven T1, T2, Matthieu Lauffrey

J'y suis allé un peu à reculons (ce n'est pas très réaliste et il y a pas mal d'erreurs historiques), et en fait, on s'en fout. C'est un récit d'aventures très énergique, une sorte d'énorme film d'action de pirates avec un héros audacieux, fort à la bagarre, rusé et souvent un peu bête, une méchante dark classe et très méchante, un trésor, une île aux milles dangers, des canons qui font boum, etc. J'ai trouvé l'ensemble pas très fin, mais très fun - ambiance Ile aux pirates, si vous voulez. Et c'est de la bande dessinée qui envoie du bois, avec une mise en scène énergique, des couleurs qui claquent, des décors insolites et grandioses...

Histoire du sieur de Montauban, capitaine flibustier (par lui-même)

Ce petit bouquin est publié par les éditions Anacharsis, les mêmes qui ont publié Pitman. Montauban était un flibustier de la fin des années 1690, qui raconte de manière très brève une expédition ordinaire qui tourne au désastre avec un navire qui explose lors d'un combat. C'est un texte très court, accompagné du double de longueur en paratexte : présentation du contexte et histoire du texte. Avis aux rôlistes : il n'y a pas beaucoup à se mettre sous la dent - bien moins que chez Pitman. Avis aux amateurs d'histoire(s) : ça reste très intéressant. J'y ai appris des trucs sur le business plan de la flibuste, les relations pas jolie jolie avec le commerce triangulaire, le goût de l'époque pour les récits de flibuste, etc. Pour les curieux.

Les aventures du capitaine Jack Aubrey, Patrick O'Brian



Selon moi, Master and Commander (le film avec Russel Crowe, Paul Bettany, par Peter Weir) est le meilleur film de bateaux à voile du monde. C'est adapté (assez fidèlement) d'une série de romans maritimes anglais très connus, les aventures de Jack Aubrey, qui se déroulent à l'époque des guerres napoléoniennes (les Français sont les méchants). J'ai lu les deux premiers, grâce à une réédition J'ai lu qui me lorgnait du coin de l'oeil chez Payot.
Le premier roman, Maître à bord, raconte comment le jeune lieutenant Aubrey se voit confier un petit sloop un peu lent, la Sophie, et un médecin-espion, le docteur Maturin. A bord de la Sophie, Aubrey accomplit des exploits en méditerranée occidentale. Le roman est formidable 450 pages d'aventures marines en mode réaliste, coups de canon, accidents de voilure, vie de l'équipage, etc, etc. Une mine d'infos marines, pour peu qu'on aime le vent et la voile, avec plein d'idées transposables pour des histoires de pirates.
Le deuxième roman, capitaine de vaisseau, est plus filandreux, avec Aubrey renvoyé à terre parce que la guerre est finie (elle va reprendre), histoires de coeur, de fric, intrigues politiques dans la navy, etc. Il y a heureusement des scènes de bateau, pas assez, et elles sont également formidables. La principale scène d'action arrive à la fin du roman et elle m'a laissé coi. 
J'ai acheté les romans 3 et 4 (le second volume - ce sont des livres contenant deux romans), je vous en dirai des nouvelles (Cecci a été étonnée de me voir avaler 1000 pages aussi vite)

Pavillon noir - le jeu de rôles - Renaud Maroy & al.



Ce jeu de rôles et ses suppléments propose de jouer des pirates de manière assez réaliste entre le 16ème et le début du 19ème siècle. Ma propre campagne est une reprise de la campagne des Cinq Soleils. Je n'ai pas grand-chose à dire sur le jeu lui-même, puisque les règles ne m'intéressent pas et qu'il en fourmille. Mais les suppléments (notamment sur la structure et le plan des bateaux), les notes historiques sur les armes, les canons, les techniques de combat naval, etc., sont très utiles à tout MJ voulant faire jouer à l'époque. J'aime particulièrement la tentative de catégoriser les types de bateaux (forcément incomplète, même à l'époque c'était le bazar...). La campagne des Cinq Soleils a pas mal de bonnes idées, des PNJs (et PJs) bien troussés, une insertion bien fiche dans la trame historique et une présentation super caffouillou où je ne retrouve jamais rien. J'aimerais bien que le tome 2 paraisse, sinon je vais devoir tout inventer.







06 mars 2023

Une vérité si délicate - John Le Carré

 

Je suis un vieux fan de John Le Carré et de ses romans d'espionnage bureaucratiques (les qualifier ainsi est bien mal leur rendre justice).

Celui-ci est un roman de sa seconde période, post guerre-froide, mettant en scène un politicien du New Labour, post Tony Blair, un fonctionnaire du Foreign Office naïf et un peu idiot, un jeune ambitieux et son mentor, qui a un petit quelque chose de George Smiley, with a twist.

C'est aussi une satire, une histoire pleine de plans tordus qui foirent et de gens qui essaient de dissimuler leurs erreurs, au prix parfois de la vie des autres. Pas un grand roman, mais très dense, passionnant, souvent drôle, souvent cruel. 

J'apprécie le fait que Le Carré aime ses personnages, même ceux dont il se moque. Il les traite avec une tendresse et une humanité qui me font plaisir.

Je rêve secrètement de pouvoir faire jouer un jour à "John Le Carré Role Playing Game", où les personnages (le personnage ?) serait un employé un Foreign Office, l'histoire se passerait dans une ambassade, sur plusieurs années, il faudrait aller dîner chez le concierge allemand, se rappeler dans quel placard le magnétophone est rangé, séduire la femme (mariée) de l'attaché culturel bulgare... Ce serait bien.