Toujours en suivant la liste de la sélection de films 2023 de l'épatante @philopoulpe, nous avons regardé je verrai toujours vos visages. Ce film de fiction aux faux airs de documentaire raconte l'exercice de la justice restaurative, sur deux axes parallèles : la confrontation de Chloé avec son frère abuseur et la rencontre, en prison, dans un cercle de paroles, entre des victimes de vols avec violence et des auteurs de faits similaires.
23 juin 2024
Je verrai toujours vos visages - Jeanne Herry
17 juin 2024
Nope - Jordan Peele
On a regardé samedi soir en famille Nope, de Jordan Peele, sur conseil de la toujours avisée @philopoulpe.
Rosa a dit : je ne comprends pas pourquoi tu nous as dit que ça faisait peur. Ce n'était pas vraoment de la SF non plus (je ne suis pas d'accord). Cecci a dit que c'était très beau et bien filmé. Marguerite a adoré l'histoire mêlant horreur, SF et comédie sarcastique. Votre serviteur est fan.
Il y a des chevaux très beaux, une scène vraiment flippante avec un chimpanzé, d'excellents personnages tous plus ou moins barrés, particulièrement Em et OJ, mais en fait tous, plein de gags de visuels, des idées très drôles et une méta réflexion sur le cinéma et les cowboys et les films de monstres.
C'est super bien. Maintenant, on regarde quel autre film de Jordan Peele ?
13 juin 2024
Extra Life - à Vidy
Ces derniers temps, nos expériences à Vidy ont souvent été décevantes. On y a vu notre lot de trucs expérimentaux et exaspérants, mais nous restons curieux de découvrir des nouveautés.
11 mai 2024
Sherlock, saison 4 - certaines limites de la narration sérielle
Sabrina Calvo m'avait fait découvrir le Sherlock avec Benedict C. à peu près à sa sortie et j'avais adoré le concept, les acteurs, l'écriture, les répliques qui claquent et l'ambiance londonienne moderne. Cecci et moi avons regardé le premier épisode (à peu près notre préféré) au moins trois fois et on a regardé lé série avec les filles, les premières et deuxièmes saisons. Ces derniers jours j'ai regardé la saison 4.
07 mars 2024
Une soirée de délices et de divertissements Oscar Wilde - Pulloff
Le concept de cette pièce était le suivant : Oscar Wilde, exilé à Paris, distrait l'assistance avec une conférence sarcastique dans un cabaret miteux. Nous avions pas mal envie de voir Oscar Wilde faire des plaisanteries pour essayer de se payer son loyer ou son alcool.
La salle du Pulloff donnait assez bien cette ambiance de cabaret miteux. Pour le reste, rien n'allait dans cette pièce. Le texte, d'abord, manquant de souplesse et d'improvisation - enchaînant les aphorismes connus de Wilde, sans construire la moindre relation avec le public. Pour qui connaissait les répliques les plus connues du dandy, les entendre répéter tombait à plat. Et pour qui ne les connaissait pas, elles tombaient à plat aussi.
Ensuite l'acteur en faisait des tonnes avec un accent anglais forcé et des raclements de gorge exaspérant. Un jeu lourd avec des effets encore plus lourds. Le Wilde que j'aurais voulu voir aurait certainement eu plus de grâce. Ce soir là, nous avons vu le Oscar Wilde des recueils de citations, habillé d'une veste trop courte, en babouches, ça voulait peut-être être provocateur, c'était surtout embarrassant. On a commencé à regarder notre montre au bout de dix minutes et, un peu après la moitié, nous avons déserté.
J'aurais rêvé d'un spectacle de stand up avec un Wilde plus libre, plus provocateur et, en fait, plus marrant.
02 mars 2024
Anatomie d'une chute
On est allés voir la palme d'or hier soir avec Rosa. C'était très bien. Je ne vais pas raconter le pitch de ce film super primé et dans l'air du temps (ce n'est pas une spécialement une critique - juste un constat).
Quelques remarques en vrac :
C'est un film d'auteur (écrit et réalisé par...) dans la tradition française des films avec un n'auteur (autrice, ici, bien sûr).
J'ai trouvé la scène d'ouvertur très déplaisante à regarder et à suivre - à l'image du malaise du moment. Collection de gros plans, sur les visages, les verres, le chien, musique qui envahit tout. Une sorte de mise en image de l'entregistrement sur le téléphone de la thésarde. En y repensant, l'effet est très cool.
L'image est souvent de type "télé", avec la crudité et le piqué des images TV contemporaines. Là aussi, c'est intéressant.
Le jeu sur la langue et les langues, la capacité de s'exprimer ou pas, est très fin.
Les scènes clé forcent à avoir une lecture genrée. Un spécialiste homme, une spécialiste femme. Une dispute avec un homme et une femme. Que lisez-vous ? Que voyez-vous ? Qu'entendez-vous ?
Plein de super actrices et acteurs, notamment dans les seconds rôles (L'avocate - maître Boudaoud, Marge, la thésarde, le procureur...).
Le chien joue très bien.
L'enfant aussi.
Maître Renzi (Swann Arlaud) est très, très beau. Vraiment très beau.
Rosa (16 ans) a aimé.
25 février 2024
Les Perses - au théâtre Beno Besson
Les Perses, pièce de Leili Yahr "d'après" Eschyle, est une proposition théâtrale risquée. On nous promet de la vidéo, des témoignages d'exilées iraniennes installées en Suisse, une exploration des origines de l'autrice, des chœurs en grec ancien et un référent "grande culture" en la personne d'Eschyle, avec le texte de sa pièce Les Perses, le plus ancien texte de théâtre connu, rien que ça. Avec ces ingrédients, on pourrait s'attendre à un mélange de culture pour bourgeois avec des morceaux de bonne conscience dedans, et on aurait bien tort.
Le spectacle est très intense et très beau et parvient à assembler avec élégance toutes les idées que j'ai évoquées ci-dessus. On avait vu l'an dernier la pièce "iranienne" précédente de la même compagnie, The Glass Room, dont j'avais déjà apprécié le mélange entre théâtre, témoignages et documentaire autour de la révolution islamique. Les Perses se veut moins documentaire et plus poétique. On y voit des extraits de témoignages face caméra (très bien filmés !) sur un écran géant de femmes iraniennes arrivées en Suisse entre les années 1970 et les années 2020. Un narrateur lit leur témoignages tout en donnant l'impression d'échanger avec les images à l'écran (pourquoi les faire lire par un homme au pupitre ? Est-ce une question de rythme ?). Puis l'écran de projection devient écran de théâtre : par un jeu de lumières, il découpe la scène en deux parties, laisse apparaître un beau trio de musiciens à l'arrière-scène, donne à voir les acteurs qui passent d'un côté ou de l'autre, dans un dispositif scénographique à la fois très simple, précis et élégant. Les témoignages des Persanes rythment le déroulé de la pièce d'Eschyle, dont la troupe fait une pièce musicale accompagnée de monologues plutôt que l'inverse.
Les Perses raconte la réception, à la cour de Suse, de la nouvelle de la défaite de Xerxès à Salamine. Rêve angoissé de la reine, arrivée du messager, récit du malheur, convocation du fantôme de Darius puis retour du roi épuisé... Grondement sourd de l'angoisse, arrivée du malheur, récit des mauvaises nouvelles... Il n'y a rien à faire d'autre qu'accomplir les rites et encaisser.
La mise en scène porte magnifiquement cet écho angoissé que les témoignages tissent avec la réalité iranienne contemporaine. Par une étrange inversion, Eschyle, qui inverse déjà le récit de la grandeur des Grecs en le présentant à travers l'angoisse d'une mère, Eschyle le Grec permet d'exprimer l'angoisse contemporaine de la société iranienne.
Le chœur du théâtre antique est bien présent sur scène, sous la forme de cinq femmes chantant en grec ancien, et cette partie est superbe. J'ai été transporté par les rythmes, par la musique (percussions, violoncelle et harpe), par le son étrange de cette langue dont je saisissais à la volée quelques mots. Le récit de la bataille de la Salamine par le messager terrifié est un grand moment de théâtre, à la fois épique et terrifiant, et j'ai eu le sentiment, par l'écho de la voix d'Eschyle - qui en a sans doute été témoin - d'être transporté là-bas.
J'ai été emmené. Dans le rêve de la reine Atossa, dans ce lent passage où ses servantes la revêtent d'or, dans ces moments où elle accomplit les rites de libation, dans l'invocation des ombres, l'écoute du messager ou le retour terrifié de Xerxès tirant le malheur du monde...
Ainsi Les Perses nous a reliés, à travers le temps et l'espace, à des lieux et des personnes lointaines. Parvenir à ouvrir le monde, à créer une empathie qui dépasse les distances, c'est une expérience rare et une grande réussite de cette pièce, et un grand pouvoir du théâtre.