30 janvier 2023

La soirée -- le quatuor bocal, au Casino d'Orbe


L'écho du Bout-de-fa est le chœur d'hommes du village (fictif) de Bottoflens, dans le canton de Vaud (en Suisse, précision pour mes lecteurs et lectrices d'au-delà du Jura). C'est aujourd'hui la soirée célébrant le centième anniversaire de cette importante association locale, mais... drame.. entre les membres du chœur qui ont démissionné et ceux qui n'ont pas pu venir, ils ne sont plus que quatre à devoir animer la soirée.

La soirée est un spectacle musical qui se joue dans des grandes salles de village de la campagne vaudoise, exactement l'endroit où le centième anniversaire de l'écho, animé par le Quatuor Bocal : quatre chanteurs, qui se font pour l'occasion comédiens, danseurs, clowns... 

Le public, local, était mort de rire en découvrant la mise en scène de cette société locale, entre assemblées générales formelles et répétitions du mardi soir, relation de ces quatre types avec leurs épouses, sponsoring des entreprises du village, récit des concours de chant mythiques auxquels le chœur a participé au long de son histoire… J'avais moi même assez de références pour trouver tout cela super poilant.

D'autant que le spectacle, mêlant récit, scènes jouées, scènes burlesques et, bien sûr, chansons, a une écriture fine et ambitieuse. Les quatre zozos du quatuor bocal, sans donner l'air d'y toucher, montent un spectacle de salle polyvalente qui tient du théâtre et de la comédie musicale en plus du tour de chant. Ils incarnent tous les quatre des personnages émouvants, bien tenus, auxquels on s'attache au fur du déroulement désastreux de la soirée. La soirée fourmille d'astuces de mise en scène, de petites idées bien vues et de gags bien envoyés. L'exploit n'est pas mince, car sous ses dehors gaguesques, le récit mis en scène est en réalité une histoire triste et mélancolique : celle d'une sociabilité qui s'enfuit, de copains qui se disputent… C'est traité sans méchanceté ni nostalgie, en posant un regard moqueur tendre sur ces quatre types de la campagne vaudoise. La scène finale, montrant les quatre tenter de monter un chant "de la fête des vignerons" bien trop prétentieux, et trop compliqué pour eux, tout en s'engueulant, est un très beau moment mêlant comique et pathétique.

J'ai quelques (petites) réserves : je trouve le spectacle un peu trop long, les medley des chansons des années 70 et 80, même si souvent rigolos, cassent un peu le rythme. Et les gens riaient parfois tellement qu'on manquait des répliques (mais est-ce vraiment mauvais signe ?). Et j'ai chantonné toute la journée du lendemain leur reprise énorme de "I want to be in America" (de West Side Story).

Si vous voyez ce spectacle passer près de chez vous, ne le manquez pas !







27 janvier 2023

Un roman de pirates - Sylvain Pattieu


On l'aura compris, je fais jouer en ce moment des histoires de pirates, donc je lis des livres de bateaux, de Caraïbes, de civilisations précolombiennes.. et de pirates. Et j'ai découvert ce roman dans notre bibliothèque. Et que celui qui a soif, vienne... est sous-titré un roman de pirates. Il a été écrit par un universitaire français dans la quarantaine qui a voulu faire un roman contenant tout ce qu'il aimait dans les histoires de pirates. Comme Sylvain Pattieu a à peu près mon âge, ma CSP, mes références, il a mis dans le roman à peu près les mêmes trucs que je veux mettre dans mes histoires de pirates de JdR, et c'est bien pratique pour le MJ.

J'ai lu Rediker, et le capitaine Johnson-Defoe, et les passagers du vent, et lui aussi (et ça se voit). Il a lu d'autres trucs pour nourrir son roman et il a la gentillesse de faire une annexe bibliographique commentée, ce qui m'a fait bien plaisir parce que ça donne d'autres idées de découvertes.

Donc, si vous avez de lire un roman avec : des esclaves qui se révoltent, des femmes déportées d'Angleterre vers les Indes, des zinzins religieux de toutes sortes, de nobles pirates, des abordages, un gouverneur maléfique, un poil de vaudou, des momies indiennes dans des niches, des tortures et quantité de bagarre et de sexe, et aussi plein de personnages avec un design de PJs, ce roman devrait vous plaire.

En ce qui me concerne, en le lisant, j'ai ressenti un effet troublant. Si j'avais eu envie de raconter une histoire de pirates, j'aurais sans doute lu à peu près la même biblio et écrit un livre très similaire à celui-ci. Ca fait aussi qu'en lisant ce roman, j'ai eu le sentiment de comprendre exactement comment il était fait. Je voyais les poutres de soutènement, l'architecture, les câbles de transmission, les ficelles, les coups de peinture bien faits, les trucs mal goupillés. J'étais plus avec l'auteur en train de faire son truc, qu'avec les personnages. Envie de lui dire : "ton truc à la Emmanuel Carrère, où tu parles de ta famille, au milieu du roman, c'est un peu bof. Et l'élision des articles... vraiment ? Sympa, le personnage d'Arjen, vraiment flippant. Oh, là, tu fais des phrases et tu t'écoutes écrire. Intéressant, ta manière de mettre en scène les esclaves, et le fait de construire un roman a-historique, ça c'est très malin...". Drôle de feeling.

Que cela ne vous retienne pas de le lire : vous aurez une bonne dose de bateaux, de combats au sabre et de poudre !

23 janvier 2023

Le conte d'hiver -- au TKM

Le Conte d'hiver est une pièce de Shakespeare, tardive, qui m'a fait penser au Scapin de Molière en cela qu'elle mêle des thèmes familiers de l'auteur sans plus grand souci de réalisme d'intrigue (ni même de cohérence) mais qu'elle créé un pur objet de théâtre. 

Dans le premier acte, Leontes, roi de Bohème*, soupçonne sa femme de coucher avec son meilleur ami, le roi de Sicile. Il se monte toute une imagination d'insultes et de crimes contre lui, essaie de faire empoisonner son pote, fait enfermer sa femme. Tout le monde, même l'oracle d'Appolon, lui dit qu'il a tort, mais il s'obstine et fait toutes sortes d'horreurs. 

Et après ce début très sombre, on passe à une ambiance beaucoup plus comédie, avec le bébé abandonné de la reine recueillie par un paysan qui élève la jolie princesse, dont le prince de Sicile tombe amoureux. Déguisements, quiproquos, pastorale, danses, chansons, clowns, et à la fin tout le monde se retrouve et s'embrasse.

La mise en scène de l'agence de voyages imaginaires est d'après Shakespeare, ça veut dire qu'ils ont trituré le texte et l'objet de la pièce, ce qui peut présager du pire comme du meilleur. Là, on était du côté du meilleur.

La compagnie monte cette pièce depuis vingt ans (!!!). C'est drôle, chatoyant, musical, bourré d'idées. Les acteurs sont excellents, jouant chacun une poignée de rôles, passant de l'un à l'autre avec une perruque, une paire de lunettes... L'histoire et sa métahistoire sont présentes, on les voit se déguiser, se maquiller, bouger les décors, tout en restant dans le récit. On s'inquiète pour la reine Hermione, on rit de voir le fripon berner le berger, on a peur de la folie du roi…

J'ai aimé les costumes flashy, les grandes couronnes des rois, la musique sur scène jouée par les acteurs, le prince et la princesse déguisés à la fois ridicules et touchants, les chansons en italien de l'escroc, les personnages transformés en marionnettes à la fin quand on n'a plus trop le temps de raconter les retrouvailles, les maquettes de bateau, la mise en scène de l'ours.

C'est du théâtre comme j'adore : n'oubliant jamais qu'il est du théâtre, un moment de jeu et de joie, où on croit aux histoires sans oublier que ce sont des histoires. Où la magie est présente. Merci à l'agence de voyages imaginaires pour cette belle création et cette grâce !







Une petite vidéo de bande annonce, qui donne une idée de la mise en scène, mais juste une idée.



* Après m'être documenté sur la pièce, je me rends compte que la compagnie a inversé les deux royaumes.



ACT IV

SCENE I:

Enter Time, the Chorus

Time

I, that please some, try all, both joy and terror
Of good and bad, that makes and unfolds error,
Now take upon me, in the name of Time,
To use my wings. Impute it not a crime
To me or my swift passage, that I slide
O'er sixteen years and leave the growth untried
Of that wide gap, since it is in my power
To o'erthrow law and in one self-born hour
To plant and o'erwhelm custom. Let me pass
The same I am, ere ancient'st order was
Or what is now received


09 janvier 2023

Kunsthistorischesmuseum (Vienne)

Voici quelqiues souvenirs de notre visite au KHM de Vienne. Nous y étions déjà allés il y a quatre ans et je n'en avais pas gardé de souvenirs marquants. Cette année, Cecci et moi nous sommes concentrés d'abord sur l'aile contenant les peintures d'Europe du nord.
Voici quelques souvenirs de nos rencontres marquantes.


Tout d'abord, un marché aux poissons (Snyders & Van Dick) qui m'a fasciné par son délire de chairs et de bêtes (certaines vivantes) 


Je ne suis pas fan des chairs excessives de Rubens, mais j'ai appris à apprécier un peu plus sa peinture. Ici, une sainte famille, et aussi des bêtes, encore, autour des fleuves du Paradis. (ne laissez pas des Putti jouer avec un alligator)


Ze tableau montré sur les pubs pour vendre la visite au musée. Et oui, il est magnifique, avec la douceur du visage du modèle, les images dans l'image, les tissus, et cette lumière, et les carreaux au sol. Ce tableau est un monde délicat et merveilleux.


Mon autre tableau préféré de la visite, et le seul peint par une femme, Maria van Oosterwijck. Les natures mortes hollandaise du 17ème me touchent beaucoup, je volerais volontiers celui-ci pour me mettre chez moi. Un tableau plein de secrets.





Deux autoportraits de Rembrandt. Un peu comme des selfies d'influenceur. Sur l'un des portraits, R est plus jeune que moi de trois ans, sur l'autre juste un peu plus vieux.

 (un défi : essayer de voir tous les autoportraits de Rembrandt durant ma vie !)



Ruisdael, un peintre que j'aime aussi beaucoup, parce qu'il peint de très beaux arbres et parfois de petits personnages. L'image ci-dessous ne rend pas compte de l'aspect sombre et mélancolique du tableau (peut-être dû au vieillissement de l'image ?)

 


Judith et Holopherne, de ce vieux cabotin de Cranach - mais quelle force !

J'aime aussi ce portrait d'une jeune vénitienne vers 1505, par Dürer : une italienne élégante vue par un Allemand au trait fin.


 
Enfin, le KHM a plein de tableaux de Brueghel l'ancien. Le tableau qu'on voit dans Asterix chez les Belges (pas copié ici) et de magnifiques scènes d'armées et de montagnes...


Et enfin, la tour de Babel, qui inspire l'ingénieur en moi.


Puis, un petit tour dans la galerie des latins

Caravage, David et Goliath (quel style !)


Caravage, le couronnement d'épines. Harcèlement en meute autour d'un corps presque intact, cou offert au sacrifice.


Titien, Ecce homo (on dirait un peu une de ces mises en scène théâtrales du Tintoret)


Giorgione, trois philosophes. Pas mon Giorgione préféré (Giorgine est aussi un de mes peintres favoris de coeur), mais cool quand même.




Et de terrifiants portraits de gamines royales par Velasquez. Très dérangeants. Je crois que Velasquez est un continent que je n'ai pas encore abordé vraiment.







13 décembre 2022

Cold Island


Cold Island
est une série islandaise mettant en scène des enquêtes de police dans le pays des geysers. Elle a occupé nos soirées ces six derniers mois.

Les scénarios, de qualité, ont été écrits pour l'essentiel par Yrsa Sigurdadottir d'après ses propres romans, sauf pour la dernière saison, au ton très différent.

Le héros des trois première saisons est un vieux flic proche de la retraite, Erik Sigurdsson, ancien responsable de la sécurité du gouvernement, retourné à la police judiciaire pour ses dernières années de carrière. Son ancrage dans le pays et son goût pour les vieux bateaux en bois font partie du charme des récits.

L'héroïne des derniers récits est une jeune inspectrice chaotique et énergique, moins typique (elle est d'origine sud américaine du côté de sa maman).





Saison 1 : Les crocs du dragon
Une enquête du commissaire Erik Sigurdsson, sur fond de manipulations immobilières et de jeunes filles tombées dans la prostitution. L'enquête met en scène, comme à chaque fois, le manque de moyens complet de la police islandaise (peu de crimes = peu de policiers) ; Sigurdsson mène cette affaire accompagné des deux stagiaires de l'équipe, un grand sportif et une jeune inspectrice criminologue énergique, Lina, qui prendra plus d'importance dans la suite.

Saison 2 : ADN
Seconde enquête du commissaire Sigurdsson : récit haletant de meurtres et de vengeance médicale. Le dernier épisode, confrontant Sigurdsson et l'assassin, est d'une grande puissance.

Saison 3 : Les sept chevaux
De loin la saison la plus ambitieuse de la série, avec une capsule temporelle, un meurtre ancien, un juge disparu en mer et un envoûtant et mystérieux chef de famille d'une ville de pécheurs. Sigurdsson parviendra-t-il à résoudre l'affaire avant sa mise à la retraite ? Le récit a l'audace de quitter le cadre classique de l'enquête pour s'étendre sur plusieurs mois, voire plusieurs années, et se termine par un finale haletant.

spin-off : Beautiful beings 
Sous prétexte de présenter une enquête de jeunesse de Sirgurdsson, ce film raconte avec une beauté élégiaque le quotidien amer, et parfois magique, d'une bande de garçon des années 90.

La série n'était supposée durer que sur trois saisons, d'autant que le personnage principal finit par quitter le métier. Mais, devant le succès de ces récits mettant en scène ce fascinant pays, la production a relancé de nouvelles saisons, avec une nouvelle héroïne, plus jeune et plus chaotique, Lina Bjarnsdottir, collaboratrice de Sigurdsson dans les premières histoires.
Les nouveaux épisodes se teintent de fantastique et s'intéressent aussi aux relations sentimentales et sexuelles de l'héroïne, plus amusante que le tranquille Sigurdsson.

Saison 4 : la bouche de l'enfer
Un étudiant meurt étranglé, peut-être un accident lié à ses pratiques déviantes ? Le scénario, très habile, mêle vieux manuscrits médiévaux, société secrète étudiante et une mystérieuse famille allemande. On y découvre l'aspect magique de l'île des glaces... On notera la présence d'un acteur français dans le rôle du petit ami de Lina (la production de la série est majoritairement française)

Saison 5 : harcèlements
Le scénario se teinte de social pour cette seconde enquête de Lina Bjarnsdottir autour de la disparition d'une lycéenne. Le sujet des violences adolescentes est abordé avec tact.

Saison 6 : Cages
La saison finale prend une série de virages que les fans apprécieront, ou pas. Le côté fantastique est assumé, on quitte l'île glacée pour la France (production française !), pour une histoire alambiquée autour de disparition d'adolescents enfermés dans des cages et torturés. Le nouveau scénariste est français et si son histoire est palpitante, on se permettra de la trouver moins réaliste et moins ancrée socialement que les scénarios bien ficelés d'Yrsa Sigurdadottir. De même, les nouveaux acteurs sont majoritairement français, rejoints par quelques brillants seconds rôles anglais pour un récit situé dans les environs de Bordeaux.
Trois fois plus longues que les saisons précédentes, cette saison finale n'est pas avare de scènes spectaculaires : prises d'otage, poursuites, scènes d'assaut presque militaires sur fond de fantastique cosmique. Une sortie de True detective à la française. 
De manière étonnante, la transposition de l'énergique Lina Bjarnsdottir dans les paysages du bordelais fonctionne plutôt bien. Vue à travers les yeux de ses collègues gendarmes, enquêteurs, l'Islandaise devient une sorte d'elfe, ou de fée, ou de troll, bouleversant tout sur son passage.


Bon, bien sûr, cette série n'existe pas et l'image d'illustration a été générée par DALL-E. Merci à Cecci d'avoir adapté en scénarios les romans (réels) d'Yrsa Sigurdadottir. Les rôlistes reconnaîtront d'où venait la dernière saison. Et comme je l'avais découvert il y a quelques années, jouer des histoires policières, c'est formidable.
Encore des histoires dont on se souviendra.

07 décembre 2022

Festival de marionnettes de Neuchâtel

Un tout petit billet pour rappeler deux spectacles que nous avons vus au festival de marionnettes de Neuchâtel.

Le premier : Sans arrêt, par Pierre Meunier et Marguerite Bordat.

Le rapport avec les marionnettes est un peu lointain. Disons que c'est un spectacle autour d'un objet : une tête, celle de Pierre Meunier, sculptée par Marguerite Bordat. Un homme âgé et beau parleur, qui fait des bons mots. Une femme, qui sculpte sa tête et cherche la vérité de l'autre. Ca pourrait être narcissique et bavard et pas du tout.

Je pense que chaque représentation est différente, suivant l'état de la tête. Que les dialogues sont improvisés. Et c'est complètement fascinant : je n'avais jamais vu ça. Une sculptrice à l'oeuvre, la tête et le modèle en même temps, la matière, plastique sous les mains... Ce spectacle ne ressemble à rien de connu. Nous avons beaucoup aimé.

La vidéo ci-dessous en donne une vague idée:



Le second : Babylon, du stuffed puppet theater.
Un groupe de réfugiés, sur une plage, voulant passer en Europe. Dieu, Jésus, le diable, l'ange Uriel et un mouton nommé Pimky. Et un chien.

L'histoire est d'un total mauvais goût (si si), le décor est moche, l'animateur est visible sur scène, avec son pantalon de treillis et ses lunettes noires. Et il a un talent dément pour faire vivre les créatures, au point que je me suis dit plusieurs fois : "tiens, c'est drôle, ses lèvres bougent quand les personnages parlent !" 
Un spectacle dérangeant qui m'a beaucoup plu aussi.

06 décembre 2022

Les passagers du vent -- François Bourgeon

Petite rétrospective les passagers du vent de François Bourgeon. Un classique de la bédé franco belge des années 80, époque "Vécu". Pour ceux qui n'auraient jamais lu cette série, les cinq premiers tomes sont des histoires de mer à la fin du 18ème siècle, de bateaux et de traite négrière, avec au centre une jeune femme intrépide, Isa, qui a quelques caractéristiques héroïques (elle tire super bien au fusil et n'a peur de rien, ou presque) et qui pour le reste se prend la société de l'époque dans la gueule.

J'aime croire aux univers des histoires que je lis, et c'est pour ça que j'aime la plupart des histoires de François Bourgeon. Il y a mille détails qui font vrai, le dessin est très précis, les lieux et les situations sont crédibles. De l'aventure ! Du grand voyage ! J'aime beaucoup.

Des années 80 et de la bédé "pour adultes" de l'époque, les albums gardent un traitement assez direct de la sexualité et un plaisir à dessiner de belles jeunes femmes surprises dans leur intimité. Une amie, il y a longtemps, surnommait Bourgeon "le roi du T-shirt mouillé" et ce n'est pas faux. Ca ne gâche pas l'histoire ni l'immersion, ni le fait que l'héroïne est un vrai personnage actif, mais je ne sais pas comment on relit cela dans les sensibilités actuelles.





Après, par souci de complétude, j'ai emprunté à la bibliothèque les deux tomes de "la suite", la petite fille Bois Caïman, qui raconte en flashback la fin de la vie d'Isa. J'avais oublié que je les avais déjà lus. J'avais oublié que j'en avais dit que le dessin était top, la doc, super, et l'histoire absente. Et bien je suis toujours d'accord avec le moi de 2010. C'est beau à regarder, on y croit, il y a toujours de belles femmes pas toujours très habillées (mais moins), et la meilleure partie de l'histoire aurait pu être racontée en dix planches par le Bourgeon des années 80, au lieu de 120 planches comme celui des années 2000.


Et, par souci de complétude complète, parce que je vais au bout des choses, j'ai lu Le sang des cerises (oh, ce titre...), qui se relie par un jeu d'hérédité à Isa des années 1780 et met en scène, à Paris en 1900, des souvenirs de la commune. Le dessin est toujours bien, les femmes toujours belles, la documentation écrase tout, le name dropping de personnages historiques est insupportable et l'envie d'avoir son étiquette "je suis de gauche, je parle de la Commune, mais sans en parler, mais en en parlant" est vraiment embarrassante. Ah oui, et il s'y passe encore moins de trucs que dans la petite fille...


Tiens, un jour, je publierai ici un billet sur la SF du même Bourgeon (spoiler: j'aime beaucoup aussi)