Ce court roman (dur à estimer quand on le lit dans iBooks) nous décrit deux frères et deux soeurs, à la libération, qui s'enferment dans une ferme isolée pour fuir le regard des autres et se protéger du monde. Les soeurs ont couché avec l'allemand, les frères n'ont pas été très nets non plus, ils ont peur, ils ont honte. Mais rapidement des rapports de force malsains vont se mettre en place, le refoulé va resurgir et l'enfermement tourner au cauchemar...
Je trouvais ce pitch assez casse-gueule et, de fait, l'auteur ne s'en sort pas tout à fait. Le roman relève de fait d'une sorte de série B, ou bien Z, avec une accumulation d'horreurs assez complaisante : mutilations, meurtres, viols... J'en ai été rapidement écoeuré, un peu comme quand je regarde un film de Haneke. So what ? Je n'ai plus le goût de telles abominations. Pour y échapper, il aurait fallu que les personnages fussent plus vrais, moins schématiques. On ne croit pas à ces campagnards, à ces fils de paysans riches qui paraissent ne vivre qu'entre eux, qui ne citent jamais aucun nom, jamais aucun lieu extérieur. Une fois enfermés, le monde extérieur semble disparaître de leurs préoccupations. Le personnage de Guillaume a des lectures qui ne l'habitent jamais. Ces gens ont des souvenirs qui ne sont que des monstruosités.
Le livre m'a fait penser à un fait divers relaté par Maître Mo, avocat (âmes sensibles s'abstenir. Sans blague. Ne lisez pas ça si la journée est triste, parce que c'est affreux et que c'est vrai). Même dans ce récit horrible on voit, à travers des personnages frustres et monstrueux, que les protagonistes sont des êtres humains. Le livre de Claude Ecken ne m'a pas convaincu de l'humanité de ses personnages et ils ont donc cessé assez vite de m'intéresser. Dommage, parce que la nouvelle Miroirs mutilés publiée par le même auteur dans Bifrost 58 est saisissante de sensibilité et d'intelligence. J'essaierai donc de lire Le monde, tous droits réservés.
Ouch ! Maitre Mô.
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