Le lecteur se souviendra peut-être que nous avions aimé Valse avec Bachir, film remarquable autant par son procédé (un documentaire en film d'animation) que par son discours sur la mémoire.
The Congress nous a laissés ébouriffés et un peu perdus. C'est un objet étrange, un film qui ne ressemble à rien d'autre, qui va là où personne ne va et où personne, peut-être, n'ira plus. Il faut accepter de perdre pied, de ne pas tout comprendre, de se laisser porter par l'étrange ambiance du film. Aller le voir sur grand écran, je crois, nous y a aidés.
Dans un futur très proche, l'actrice Robin Wright (vous savez, la blonde ingénue de Princess Bride) décide, pour rattraper une carrière foirée, d'abandonner les droits sur elle-même et sur son image à la société Miramount. Elle se fait scanner dans une étrange et belle machine et se retire dans une vie tranquille jusqu'à la fin de son contrat, 20 ans plus tard, le temps pour la Miramount de faire de son personnage animé l'héroïne de films de SF débiles.
Vingt ans après, elle se rend à un congrès de futurologie, où, pour entrer, il convient de consommer un psychotrope qui vous transforme en personnage de dessin animé. Et la belle et étrange Robin de dessin animé d'errer dans un univers étrange, plastique, réagissant aux pulsions de l'imagination…
Ce film est bancal, biscornu, certaines scènes sont de trop (celles avec le médecin d'Aaron), certaines explications sont bien lourdes et plombent le récit. Mais on y trouve Harvey Keitel en agent amoureux et manipulateur. Mais surtout l'ambiance, la matière des rêves, les planeurs, les cerfs-volants, le clone de Sean Penn en animateur, l'histoire d'amour, les errances, les images et sont uniques et étrangement cohérentes. Robin Wright glisse à travers tout cela, femme de quarante ans/personnage animé/clocharde post apocalyptique. Je ne comprends pas ce qu'Ari Folman tente de nous dire sur les rêves, l'animation, le cinéma. Je ne comprends pas comment on a pu être assez fou pour lui donner de l'argent pour faire un film pareil, mais je suis très heureux, en vérité, qu'il ait été fait. Les films sont rares, qui nous montrent la plasticité du monde, le lien tordu entre nos rêves, nos fantasmes et cette chose bizarre qu'on persiste à appeler réalité.
Tiens, on l'a aussi vu il y a quelques jours. Le grand écran est en effet indispensable.
RépondreSupprimerFilm étrange, avec de nombreux grands moments. Tout le personnage de Robin Wright, le monologue en plan fixe de son impressario et celui en regard du patron de Miramount. La grande scène dans la machine à flash [une machine qui existe en vrai, ai-je lu].
Et cette seconde partie en dessin animée, où chaque image est surchargée, saturée de couleurs et de figures, souvent illisible. On ne comprend pas spécialement ce que le réalisateur veut dire, ni s'il a quoi que ce soit à dire, en fait. A posteriori, on se rend compte qu'il suit l'intrigue du livre de Stanislas Lem, que peut-être il s'est enfermé dedans.
Le tout est bancal tout en ayant nombre de grands moments. Comme vous, je ne sais trop qu'en penser - mais je suis content de l'avoir vu.
(Et puis j'ai découvert que Robin Wright a vraiment joué dans Princess Bride).
Si tout va bien (mais est-ce que tout va vraiment bien dans ce monde de brute ?), je vais le voir le 4 septembre. Ton article (ainsi que le commentaire précédent) donne vraiment envie. J'avais aussi entendu le réalisateur lui-même parler dans l'émission de France Inter, "Pendant les travaux, le cinéma reste ouvert", et sa vision du cinéma, de genre mais pas que, m'avait beaucoup interessé. Et c'est vrai que "Valse avec Bachir" était un film formidable. Vivement le 4 septembre, donc.
RépondreSupprimerA.C.
Je connais bien le film, et votre article est un des plus justes que j'ai pu lire. Bravo!
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