Quand j'étais petit, je voulais ressembler à Arturo Pérez Reverte. Il est beau, il écrit des romans à la fois populaires et intelligents, il sait même jouer au wargame napoléonien (voir Club Dumas). J'ai toujours un vrai plaisir à lire ses livres, même quand ils sont ratés, car oui, même un type ultra cool comme APR foire des livres.
Le peintre de batailles en fait partie.
Faulques, un ancien reporter de guerre, s'est retiré dans une vieille tour pour peintre une fresque très personnelle sur la guerre. Il reçoit la visite d'un homme qu'il a photographié jadis et qui lui promet de le tuer, après avoir causé un peu.
Le roman, à travers une série de rencontre entre le tueur et Faulques, plonge dans le passé d'un homme qui a couvert des conflits affreux, dont la mémoire est pleine de cadavres, de meurtres, d'horreurs. Le dialogue avec le visiteur se peuple de réflexions sur la guerre, la photo, la peinture et - au final - le mal, dans une perspective très dure et très noire.
On trouve dans ce peintre de batailles un certain nombre de tropisme Revertiens : un héros qui a vu du monde, buriné et viril. Une très grande culture, ici picturale et historique, une femme aux yeux verts à la beauté impossible, sorte de fantôme insaisissable qui hante le héros (il y avait la même, je crois, dans Club Dumas. Et dans le cimetière des bateaux sans nom. Et dans la peau du tambour.) Malgré des évocations saisissantes (et parfois à vomir) de certaines scènes de guerre, malgré un certain talent à évoquer les images, le roman sombre dans un didactisme lourd et froid, qui m'a souvent donné envie de sauter des pages. On sent que l'auteur a effectué un travail sur sa propre mémoire, ses propres souvenirs de grand reporter, son passage du journalisme à l'art (l'écriture plutôt que la peinture) mais ce récit lent et pesant peine à intéresser. Mais je lirai d'autres livres d'Arturo, c'est sûr.
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