Je voulais lire ce néo-classique depuis un moment. Le propos en est assez bien connu : dans un futur proche, la société des USA est emportée par une révolution néo-conservatrice (sur fond de la chute de la natalité), qui abolit la plupart des institutions et remet les femmes sous la coupe des hommes (plus le droit de travailler, ni de détenir de l'argent...). Les femmes fertiles étant "assignées" aux hommes de qualité qui, sans plaisir et dans des "Cérémonies" où l'épouse légitime est impliquée, doivent les féconder. Et si après deux trois séjours de quelques années chez ces commandeurs elles n'ont pas enfanté, ou bien n'ont enfanté que des monstres, on les envoie dans les colonies.
C'est un drôle de roman, qui dégage la même impression d'étouffement sans espoir que m'avait donné, en son temps, le 1984 d'Orwell. L'univers ne m'en semble pas vraiment cohérent ni logique, ou bien on aimerait en savoir plus, sur les Marthas, les econowives, etc. Il prend sa force si on le lit comme l'expression organisée d'un cauchemar. Et en fait, ça n'a pas réellement d'importance, parce que tout passe et tout tient par le point de vue de la narratrice anonyme, une bourgeoise blanche éduquée, qui a connu le temps d'avant et lit sa nouvelle situation à la lumière de ses souvenirs qui s'effacent. A travers les sujets abordés (l'enfantement, la sororité, la fragilité des droits féminins), le livre est une sorte de portrait d'une certaine situation féminine dans les années 1980 (période d'écriture du roman).
J'ai aimé la finesse des sentiments abordés, l'attention aux corps, aux regards, la description des mécanismes de domination et de la manière dont chacun finit par se coucher devant ce qui paraît inévitable.
La toute fin du roman, le chapitre additionnel, est très curieux, ajoutant une touche d'humour et de distance moqueuse à un roman par ailleurs horriblement sérieux.
Au fond, je n'ai pas vraiment aimé ce livre, même si j'en reconnais la qualité et la finesse d'écriture. Est-ce que parce que ses idées sont maintenant dans le discours public ? Est-ce à cause de cette ambiance hyper-oppressante ? Ou bien du côté conte philosophique du récit ? (le chapitre final, un peu trop malin, contribue à ce sentiment).
Je suis curieux de lire d'autres avis à son sujet.
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