J’avais demandé à l’ami LH quel était le meilleur recueil de nouvelles du monde (selon moi, Fictions, de Borges). Il ma répondu Nouvelles de Salinger.
On a ici neuf récits, tous mettant en scène des personnages américains (surtout de la classe moyenne) dans les années quarante et cinquante.
Un jeune couple en vacances en Floride. L’homme est allongé sur la plage, bavarde avec un enfant qui veut jouer avec lui pendant que sa femme, au téléphone, explique à sa mère que non, son mari n’est pas fou.
Une maison isolée à la campagne. Une femme rend visite à une copine d’université, elles boivent bien trop et parlent de leurs vies, de leurs mariages, des enfants.
Un enfant à l’intellect étrange (autiste, sans doute) insupporte ses parents lors d’une traversée en paquebot.
Des soldats, en Allemagne à la fin de la guerre, traumatisés par ce qu’ils ont vécu.
Un homme au lit avec sa maîtresse; le téléphone sonne, un vieux copain, ivre, cherche sa femme.
Deux jeunes femmes se disputent dans un taxi, l’une monte chez l’autre récupérer un peu d’argent et croise le frère de l’autre.
Un enfant se souvient des histoires que racontait l’animateur qui les emmenait faire du sport tous les après-midis, lui et ses copains du quartier.
Les domestiques de la maison parlent de l’enfant fugueur de leurs patrons.
Un soldat rencontre une jeune femme dans un salon de thé en Angleterre, durant la guerre.
Chacune de ces histoires est excellente. Dans chacune d’elle, Salinger nous donne un aperçu sur un petit morceau de vie d’un ou plusieurs personnages et le texte, toujours court et d’accès facile, nous laisse deviner tout le reste de la vie de ces gens, leur histoire, leurs fêlures (parfois mortelles). Ces textes me font pensé à ces feuilles de thé séchées sous la forme de petites boules qui, une fois dans l’eau chaude, se déploient toutes entières et reconstituent la figure végétale. Neuf nouvelles, neuf expériences, neuf vies. Un très grand recueil.
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