Le sujet, donc: lors d'un attentat au Metropolitan Museum of Art de New York, le jeune Théo perd sa maman très chérie et vole, presque par erreur, un tableau génial du 17ème siècle hollandais, le chardonneret. Le roman va nous raconter la vie de ce jeune homme, entre son deuil et le point aveugle de sa vie, sa possession secrète de ce tableau merveilleux, comme un pivot invisible et bouleversant.
A partir de ce très beau sujet, on va rencontrer des personnages marquants : l'étonnante famille Barbour de cinquième avenue, Pippa, la jeune fille blessée, Hobie l'antiquaire doux et talentueux et surtout Boris, jeune camarade de classe cosmopolite et meilleur ami dangereux du héros, le personnage qui, de loin, m'a tenu le plus accroché au récit.
Par moment, donc, ce roman est génial. Certains passages sont fascinants, la vie à Vegas, les digressions sur les restaurations de meuble, les moments avec la famille Barbour. D'autres, dont le tout début ou la toute fin, m'ont paru complètement ratés et j'ai volontiers sauté des pages. J'ai eu l'impression que certains passages du récit étaient inutiles et n'avaient été ajoutés que dans la volonté de boucler l'histoire, de lui donner une cohérence morale, et, peut-être, d'offrir au personnage principal, intéressant mais pas très sympathique, une chance de rédemption.
Ce n'est donc pas un roman parfait, loin de là. Tour de force dément par endroit, pensum par d'autres. J'ai par dessus tout apprécié le goût de l'autrice pour raconter quelque chose, certains aspects de notre monde (grands bourgeois, vieux meubles et goût pour les choses) à partir d'une matière résolument fictionnelle (puisque l'attentat fondateur du récit n'a jamais existé) qui nous donne à croire, dans le cours de ce récit, que tout est possible et que le romancier est bien seul maître à bord.
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