On l'a vu, je lis des Maigret de temps en temps. Mes parents et mes grands-parents lisaient ces romans de Simenon, que je me rappelle avoir aperçu en diverses éditions durant mon enfance. Et autant ils m'ont transmis le goût du detective novel (Sherlock Holmes, Agatha Christie ou John Dickson Carr, en allant jusqu'aux élucubrations rigolotes de Harry Dickson), autant je ne me rappelle pas avoir jamais eu envie de lire Maigret. Ca m'avait l'air gris et ennuyeux.
Depuis j'ai découvert la plume de Simenon et j'essaie de ne lire Maigret que dans des vieux poches trouvés en bouquiniste (car je suis snob, ou snop, c'est selon). Simenon a un talent dingue pour brosser des ambiances, des portraits, décrire des façon de vivre, des quotidiens pluvieux. Maigret au Picratt's se passe autour d'un tout petit cabaret de Pigalle où l'on ne boit que du champagne (200 références à la carte, cinq à la cave) et où on regarde une jolie fille se déshabiller tandis qu'un petit orchestre joue un jazz quelconque. Et la jolie fille meurt, étranglée, après avoir fait une déposition bizarre au commissariat, et Maigret parcourt le quartier de long en large jusqu'à coincer le tueur.
La vie du cabaret est très bien rendue, à la fois exigue, bourgeoise, tranquille, étrange. Les personnages sonnent justes et vrais et l'intrigue marche plutôt très bien, avec un beau suspense final. J'ai vraiment beaucoup aimé, et même admiré, et même envié ce grand savoir-faire d'écrivain. Au point, en arrivant ce matin à la gare de Lausanne, de me mettre à vouloir décrire les lieux de manière simenonesque.
Mais...
TW, viol, comme on dit.
Je sais que je lis ce livre en post metoo et que je suis un mâle blanc cisgenre hétéro déconstruit. Et ce roman pique les yeux. Si Maigret est un brave type et un bon bourgeois conservateur fidèle à sa femme, on voit un des personnages présenté comme plutôt sympathique violer tranquillement ses employées dans la cuisine (si, si) avec le commissaire, relax, qui fume sa pipe dans la pièce à côté.
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