05 août 2012

Les Chronolithes - Robert Charles Wilson

Voici quelques trucs pour reconnaître un roman de Robert Charles Wilson, si vous en croisez un dont on aurait arraché la couverture :
C'est très facile à lire : style clair, sans effets, un peu lisse, techniques de narrations efficaces sans être épileptiques. Le héros est un type moyen, sympa, un peu mou, genre classe moyenne américaine, père divorcé, problèmes familiaux. Et surtout, c'est là le truc crucial, le pitch est ENORME. Dans les  Chronolithes, un conquérant du futur, Kuin, envoie tous les quelques mois des obélisques de verre dans le passé pour annoncer ses victoires militaires qui auront lieu vingt ans plus tard, déprimant d'avance ses futurs ennemis et créant, en quelque sorte, une prophétie autoréalisatrice...
Sans être aussi fou et inventif que Spin, les Chronolithes est une grande réussite : cohérence du récit, des personnages, de l'intrigue. Suspense insoutenable qui donne envie de tourner les pages, sans abus de techniques de thriller. De plus le roman est assez court (300 pages), et on saura combien j'aime les auteurs qui arrivent à tout dire en peu de mots...
Mais la force de ce roman repose sur autre chose : d'abord, sur une amusante mise en abyme du rôle de l'écrivain qui construit son intrigue à l'envers et qui parcourt à sa façon les chaînes de causalité. Et surtout sur un sentiment assez fort chez moi, l'angoisse de l'avenir, l'impression de l'inéluctabilité de la catastrophe. Le livre vaut autant par son astucieux argument que par la peinture impressionniste et crédible de notre futur, cohérente d'un roman à l'autre de l'auteur.
En bref, une science-fiction très intelligente, facile à lire, par un auteur pas dépourvu d'ambition littéraire. Voilà qui me donne très envie de me tourner vers Blind lake...

9 commentaires:

  1. Hum... Il s'agit peut-être du texte le "moins pire" de Wilson, et qui constitue une sorte de piège: suffisamment intéressant pour donner envie d'en lire d'autres, mais qui pâlit, justement, à la lecture d'autres volumes, quand on comprend que les ressorts narratifs sont exactement les mêmes dans tous les textes, que l'auteur se répète jusqu'à l'ennui.

    Les Chronolites m'avait plu. Le point de vue 'd'investigateur amateur' fonctionnait, et on n'était pas trop irrité que le narrateur ne se mette du point de vue du quidam-observant-le-savant-faire-des-calculs-et-monter-des-expériences. Et le fait qu'il n'y ait aucune tentative de chercher une explication m'allait très bien: l'important n'est pas la conclusion mais le trajet.

    Tout ceci, ma foi, réussi, avec la toile de fond des USA contemporains un petit peu fades.

    Toutefois, si j'aurais pu conseiller ce texte quand je l'avais lu, j'ajouterais aujourd'hui "surtout ne perdez pas votre temps à en lire d'autres". Les autres volumes racontent exactement la même histoire (= un phénomène étrange mais pas immédiatement menaçant survient sur la planète), avec exactement le même point de vue narratif (= l'ami du génie / du président / du général) et exactement les mêmes ressorts dramatiques (quelques épisodes éparses quand le narrateur est témoin de ceci ou cela entrecoupé de scènes de la vie d'un trentenaire avec sa famille ou à son boulot).

    'Spin' est de ce point de vue particulièrement faible, car s'y ajoute la volonté de pouvoir faire une suite, au point que le délayage des 200 dernières pages est pénible. 'Le vaisseau des voyageurs' est exactement semblable aux Chronolites, mais en beaucoup plus faible, comme une oeuvre de jeunesse.

    On cesse ensuite de s'intéresser à l'auteur.

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  2. C'est impressionnant à quel point Wilson fait partie de mon quotidien de lecteur. J'en ai fini deux d'affilée, et m'apprête à me lancer dans son dernier. J'ai justement découvert cet auteur avec Les Chronolithes, et je suis très content d'avoir encore quelques romans de lui à découvrir. Comme quoi, la lecture, c'est vraiment un truc personnel.

    A.C.

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  3. @le lecteur : je suis d'accord avec ton sentiment sur la méthode de Wilson. Mais j'ai gardé un très bon souvenir de _Spin_, que j'ai trouvé bourré d'idées excitantes (et la fin, avec l'agneau sanglant... est particulièrement forte. La suite ne m'intéresse pas). _Les Chronolithes_ m'a semblé une répétition de ce dernier, en plus court, plus dense.
    _Julian_ est un roman "assez" différent, curieusement moins fort pour ce qui est de la SF, mais contenant une intéressante mise en abyme par l'auteur de son propre travail et de ce qu'il fait en science-fiction.

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  4. On partage en fait le même sentiment: le premier texte de Wilson surprend par ses idées, les suivants lassent par leur répétition. Et, comme moi, tu trouves les Chronolites plus dense que Spin.

    Si je préfère les Chronolites, c'est ainsi parce que je l'ai lu en premier. Encore que... le ressort narratif du génie incompris et asocial que le narrateur voit de loin en loin, ouh la la, ça m'a fait bailler...

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  5. Ma dernière remarque (sur le génie incompris etc.) portait sur Spin. Mais j'étais trop allusif pour que ce soit clair.

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  6. Rien à voir, mais chaque fois qu'on veut poster un commentaire, on doit passer par une étape "êtes-vous bien un humain", et recopier des lettres et chiffres notés flous en polices bizarres. Ce blog a-t-il été tant victime de spam que cette vérification est indispensable...?

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  7. J'ai désactivé l'étape pour vérifier que tu étais bien un humain. Ai-je raison ? L'avenir le dira :).

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  8. Ah. Enfin, je peux poster sur ce blog !
    --
    Une machine

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