Attention, la chronique qui suit référence un livre franchement différent de ce dont on parle d'habitude sur ce blog. Je l'ai lu par hasard parce qu'un proche m'a dit que c'était intéressant. Je n'ai pas regretté.
Le silence... n'est ni un roman, ni un journal, ni une chronique ethnographique, mais il tient un peu de tout cela. Son personnage est un lieu que ses habitants appellent "le Centre", et particulièrement une des divisions du Centre, l'unité Mozart.
Le silence... n'est ni un roman, ni un journal, ni une chronique ethnographique, mais il tient un peu de tout cela. Son personnage est un lieu que ses habitants appellent "le Centre", et particulièrement une des divisions du Centre, l'unité Mozart.
Nous sommes en France, de nos jours, le Centre accueille des enfants lourdement handicapés. Qui ne parleront jamais. Qui parfois ne marcheront jamais. Ne seront jamais propres. Ceux dont leurs parents ne peuvent plus s'occuper tant l'effort, incessant, est important. Et autour des enfants, une équipe d'adultes : le directeur, les infirmières, le médecin, les cadres, les assistant(e)s médico-psychologiques... Des gens plus ou moins doués, plus ou moins motivés, mal payés. Tous ces gens, enfants et adultes, nous les connaîtrons pas leurs prénoms.
On va vivre une petite année avec eux dans l'unité Mozart, des scènes de vies usuelles. Ménage, cuisine, visite des parents, ateliers d'éducation, discussions sur le budget, questionnement médicaux, disputes, tensions, moments de joie immense et d'immense détresse. Le Centre n'a rien de caricatural, ce n'est pas un lieu particulièrement mal tenu, ni un lieu expérimental, juste un lieu de vie.
Difficile avec tout cela de dire combien ce livre m'a bouleversé. Je ne sais pas quel est le métier de l'auteure : directrice, infirmière, A.M.P..., mais on sait, en le lisant, que chaque scène, chaque situation a été vécue sous une forme ou sous une autre. Le livre nous fait entrer et vivre dans le centre, alors on s'attache, on tremble, on pleure chaque défaite, on s'enthousiasme de chaque victoire, même minuscule. Certains moments sont magnifiques, une fête d'anniversaire, une pièce de théâtre, d'autre sont des tragédies immenses. Et à travers les souvenirs d'Odile, "l'ancienne", on aperçoit l'étonnante évolution de la considération et la prise en charge des enfants handicapés ces vingt et trente dernières années. Nos découvertes et nos ignorances.
Comme pour vous, peut-être, le handicap m'effraie. Le fait de devoir prendre soin de handicapés m'effraie aussi. Je n'aurais jamais eu envie d'entrer là, ni d'y rester. Ce livre m'a passionné et a fait changer mon regard, ils ne sont pas si nombreux à pouvoir en dire autant. Il n'est pas "bien écrit", même s'il est très bien composé, arrangé. Mais par la justesse de ses dialogues, de ces situation, de sa construction, il touche quelque chose de la vérité du monde, ce qui est, pour moi, le but de toute littérature.
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