Années 50, dans un manoir anglais. Un noble est assassiné juste avant la messe, durant un week-end passé par quelques membres éminents de la société londonienne. Lucy Kahn, née Eversley, assiste à tout cela avec candeur. Heureusement Scotland Yard arrive, sous la forme du compétent Carmichael et son adjoint, le sergent Royston, et à force d'interrogatoires subtils, d'enquêtes et de rebondissements, ils finiront par découvrir la vérité sur le meurtre.
Le cercle de Farthing a le goût des romans policiers anglais classiques, d'Agatha Christie à John Dickson Carr : meurtre compliqué, bonne société, policiers polis. C'est aussi confortable qu'une bonne tasse de thé accompagnée de scones, prise devant le feu un dimanche de novembre après avoir ramassé des feuilles mortes tout l'après-midi. Mais assez vite, et c'est là tout le talent du roman, le thé prend un goût amer. Le réalisme social n'est jamais très loin et surtout l'histoire se situe durant des années cinquante alternatives où le Royaume Uni n'a pas continué la guerre, ayant signé la paix avec l'Allemagne en 1941. L'Europe est toujours sous le joug nazi, les Juifs sont menacés même en Angleterre et justement la jeune Lucy a épousé un Juif... et une étoile jaune a été retrouvée sur le mort.
L'art de Jo Walton réside dans cette infusion dans une forme habituelle, élégante et confortable d'un trait de plus en plus fort de peur et d'amertume. Le Cercle de Farthing est une jolie réussite.
Aucune fanfare ni aucune grosse caisse ne peut transformer le God Save the King en bonne musique, mais les rares fois où on le joue dans sa totalité, ces deux vers seuls lui donnent un peu de vie.
A bas leur politique,
Déjouez leurs ruses de fripons !
En fait, j'ai toujours supposé que si l'on saute habituellement ce second couplet, c'est parce que les tories soupçonnent vaguement que ces vers parlent d'eux.
(George Orwell, cité en exergue)
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