06 septembre 2016

L'homme qui mit fin à l'histoire - Ken Liu

Dans ce très court roman, l'auteur sino-américain Ken Liu développe des idées très fortes autour d'une technique de voyage temporel destructrice, de notre perception de l'histoire, de la relation que nous entretenons avec elle.
Derrière l'artefact science-fictif, ce récit sous forme de documentaire tourne surtout autour des exactions encore trop méconnues de l'unité 731 de l'armée du Japon pendant la seconde guerre mondiale, qui n'ont rien à envier aux pires horreurs commises par les Nazis. 
Un défilé de douleurs et d'horreurs, des témoins désemparés, des peuples volontairement aveugles, une mémoire étouffée... Le texte a beau être court j'en suis ressorti lessivé et éprouvé. Les différentes sections du documentaire confrontent un homme emporté et indigné aux logiques contradictoires de ses adversaires. Le personnage principal est un double de l'auteur et la métaphore littéraire de sa machine est évidente. Pouvons-nous accepter d'entendre les voix des morts ? Que paierons-nous à faire retentir encore et encore les cris des victimes englouties ?
Le sujet est casse-gueule, et politique, et très chargé. Je ne suis pas ressorti très à l'aise de ma lecture, non seulement à cause des horreurs évoquées, mais aussi parce que quelque chose ne me paraît pas très assuré dans la position de l'écrivain par rapport à son sujet.
La force de ce livre réside dans sa concision et dans son évocation de la découverte par un homme des gouffres de l'Histoire et de sa sidération face à eux. Que faire ? Que dire ? Et, quand on est écrivain, quel livre écrire ?


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