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17 juillet 2024

La grande fenêtre - Raymond Chandler

Un quatrième roman de Chandler/Marlowe et un très bon cru, avec une intrigue tordue autour d'une employeuse vraiment très déplaisante à la recherche d'une pièce d'or disparue. Ca part vite dans tous les sens, avec une galerie de minables et de lâches, pour certains très touchants. Le livre parle surtout de relations de pouvoir et permet à Marlowe de se montrer assez classe.

Jusque maintenant, ma découverte de ces romans (il n'y en a que sept en tout) est vraiment plaisante. Ils sont écrits avec style et une certaine poésie. Les histoires ne sont pas parfaites, il y a des clichés sexistes (et ici, antisémites), mais il y a aussi des atmosphères puissantes et curieusement émouvantes.


J'eus une drôle d'impression en voyant disparaître la maison. Un peu comme si, ayant écrit un poème, un très beau poème, je venais tout à coup de le perdre avec la certitude que je serais incapable de m'en souvenir un jour.


 

16 juillet 2024

Adieu ma jolie - Raymond Chandler

Un autre Chandler, un autre Marlowe.

Dans celui-ci, Marlowe se retrouve à rechercher Velma, l'ancienne copine d'un remarquable bandit tout juste sorti de prison. Il va y avoir des cadavres, il va se prendre des coups sur la tête, on va entendre parler d'un mystérieux collier de jade... Le récit est intéressant, mais prend des détours filandreux (le passage chez le médium, par ex., ou bien celui dans la clinique), exprès pour faire souffrir notre pauvre détective.

Il a aussi son lot de bonnes scènes, en commençant par celle d'ouverture, celle sur le bateau casino... et son lot de bons personnages : Mrs Grayle, Laird Brunette, Linday Marriott, Mrs Florian... et l'incroyable Moose Malloy, le braqueur.

Petite note marrante, je ne comprenais pas trop comment l'adapter en jdr, puis j'ai vu la super adaptation de 1975, film noir classieux avec Robert Mitchum en Marlowe âgé. Le scénario du film simplifie et rend plus fort celui du livre - à vrai dire, je le préfère. L'histoire est plus dynamique et plus compréhensible. 

Reste que c'est une histoire très bien, celle de Malloy recherchant Velma, une tragédie dès les premières lignes, avec Marlowe dans la ligne de tir.

D'expérience, il s'adapte très bien jdr. Le moment où les PJs comprennent les clefs de l'intrigue valent leur pesant de cacahouètes.


15 juillet 2024

La dame du lac - Raymond Chandler


Je vais faire ici quelques brèves chroniques des romans de Raymond Chandler impliquant Philip Marlowe.

Petit rappel : Chandler/Marlowe c'est l'archétype du "noir", imité partout, rarement égalé. Marlowe est stylé, sarcastique, a des punchlines qui tuent et enquête sur de sombres histoires, élégamment complexes.

Après le Grand Sommeil, voici la dame du lac (The lady in the lake, en VO) que j'ai lu deux fois dans les deux traductions différentes. La nouvelle traduction vaut le coup, à part le titre, perso je trouve que "la dame dans le lac", c'est un peu marrant, mais ça ne rend pas très bien.

Marlowe est engagé par Kingsley, patron d'une maison respectable pour enquêter sur la disparition de sa femme, volage et capricieuse. Il se retrouve à enquêter dans une station de montagnes, où il fait la connaissance de l'homme à tout faire de Kingsley, et de l'excellent sheriff Patton, super personnage. Et là, dans le lac, il trouve... Vous saurez bien quoi en lisant le livre.

C'est une histoire cool, avec de bons personnages, une intrigue très tordue, mais qui marche, des rebondissements et Marlowe bien désabusé qui tombe plus souvent qu'à son tour sur des cadavres. Et une nouvelle fois, il est question de contrôler la sexualité des femmes.

De manière amusante, j'ai une petite théorie perso sur la solution du mystère, je ne suis pas d'accord avec celle proposée par le détective qui est quand même assez misogyne, pauvres petits bonshommes torturés par des méchantes femelles... Il y a une autre explication qui marche bien, il faudrait que je ponde un essai dessus.

J'ai réussi à transposer cette histoire pour Cthulhu Confidential, en la déplaçant de L.A. à N.Y.C. (un peu d'adaptation, mais ce n'est pas dur). C'est un très bon roman, très savoureux, qui fera une bonne enquête tordue pour un PJ privé et son amie journaliste.




23 février 2024

Le grand sommeil #2 – Raymond Chandler

 

Tiens, je reblogue sur un roman que j'ai déjà chroniqué. Ca ne m'était jamais arrivé, mais il faut un début à tout.

Je l'ai relu pour voir si  on pouvait l'adapter en scénar de jdr 1-1. Je pense que oui, je dirai peut être quelque chose ici si je le fais jouer. L'intrigue est plutôt solide et les personnages bien écrits. 

La relecture, 7 ans après la lecture initiale m'a montré que: 1) à part la scène d'ouverture dans la serre, j'avais oublié beaucoup, ce qui est assez affolant concernant ma mémoire... 2) je n'avais pas compris certains thèmes/personnages. Je reviens là-dessus ci dessous, après la balise spoilers.

Cette relecture était vraiment cool. Le roman est vraiment très dense, pas évident à suivre si on ne fait pas attention. Je trouve la traduction de Vian un peu datée, elle fait naître parfois de drôles d'images. 

Pour ce qui est des personnages féminins, je les trouve cools tous les trois, mais il sont pas mal objectifiés par le regard de gros macho de Marlowe. 

SPOILERS, donc.

Ma relecture de l'histoire me fait me demander comment le tueur est entré dans la maison de Geiger pour faire son affaire à ce dernier. Il y a un jeu dans le récit autour de "qui a les clés". Le tueur pourrait être passé par la fenêtre, mais j'ai loupé l'information si c'est le cas.

Ou alors, comme je l'ai lu ailleurs, Owen pourrait être innocent et Geiger pourrait avoir été tué par Carmen. Dans ce cas, comment Brody récupère-t-il la photo ? En entrant dans la maison après ? Et Owen, son coup sur la tête ? Pas évident.

Je réalise aussi que deux des personnages, au moins, sont handicapés. Le général, évidemment : le motif principal des secrets maintenus par Vivian et de l'action de Marlowe sont de préserver ce vieil homme  invalide de la peine et de la douleur.

La deuxième est évidemment Carmen, qui souffre d'une forme d'épilepsie et qui est, au moins, neuro-atypique. C'est ce personnage sauvage, lâché dans la nature, qui est le moteur de tous les drames du récit.




08 février 2017

Le grand sommeil – Raymond Chandler

Philip Marlowe est un grand gaillard costaud, cynique et mariolle, détective privé à Los Angeles à la fin des années 30. Le général Sternwood, mourant l’embauche pour qu’il mette fin au chantage qu’un drôle de librairie exerce sur une de ses filles. Le général a deux filles, Carmen est une marie-couche-toi-là assez désaxée, Vivian a un tempérament de feu, un caractère de chien et une propension à jouer excessivement à la roulette et à épouser des gangsters.
Bref, c’est du roman noir caricatural. Pour une bonne raison: Chandler fait partie de ceux qui ont inventé le genre, celui du récit ou un costaud à chapeau de feutre et au grand coeur mène une enquête tordue, prend des coups, collectionne les cadavres, fréquente des femmes fatales. 
En vérité, le grand sommeil est un super bon roman. C’est dense comme un café noir, l’intrigue est tordue à souhait mais bien arrangée : c’est aussi un vrai polar, on a envie d’en savoir plus, tout le temps. Marlowe est un beau personnage entre cynisme et mélancolie. Et, pour ne rien gâcher, la version française est signée Boris Vian aka Vernon Sullivan, qui produira lui-même ses propres romans noirs, bien plus violents, quelques années plus tard.
Un autre point qui m’intéresse: les parentés de ton entre ce roman et les Nestor Burma de Léo Malet sont très nombreuses. Burma est vraiment la version française de Marlowe, écho plutôt que clone. Malet avait-il lu Chandler ? (le grand sommeil : 1939, mais la traduction est venue plus tard. 120 rue de la gare, première apparition de Nestor Burma: 1942. Qu’en dire ?) 
Ha, j'oubliais: cette lecture me vient aussi du blog vidéo de M. Depotte. Merci à lui !